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MEMOIRES
DE LA
SOCIETE ACADEMIQUE
DE MAINE ET LOIRE
PREMIER VOLVNE. ~ N« I
1)
ANGERS
IMPRIMEHIE DE COSNIER ET LACHESE
Chaussde-Saint- Pierre, 13
1857
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SOCIfiTE ACADEMIOUE
DE MAINE ET LOIRE
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SOCIETE ACADEMIQllE
DE MAINE ET LOIRE
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PREMIER VOLUME
ANGERS
IMPRIWERIE DE COSNIER ET LACHESE
Chaussee-Saliit- Pierre , 13
1857
LETTRE-CIRCULAIRE
expos3Dt les bases
DE LA CREATION D'^1 m\M ACADElOll
m
DEPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE.
Monsieur,
Angers, eu egard au chiffre de sa population, est sans
doute celle des villas de France qui possede le plus grand
nombre de Societes scientifiques. Elle en compte six
en effet, qui sont : les Societes d'Agriculture, Sciences
et Arts, Grammaticale et Litieraire, Industrielle, Lin-
neenne, Medicale et Veterinaire.
Ce fractionnenient des forces inlellectuelles du pays
est regrettable sous plus d'un rapport.
11 pent en rcsulter, soit un esprit de corps exclusil'
qui cree des rivalites souvent steriles et des antago-
nismes toujours facheux, soit tout au moins des scis-
sions individuelles et des isolenicnts dans les labeurs
6
de I'esprit, lorsque parfois le progres ne peut elre ob-
tenu et certains buls siirementet promplement atteints,
que par une etroite mise en commun des efforts et.
(les talents.
Les intelligences, meme celles qui par leur nature
sonl le plus portees vers les specialites, onl toujours
quelque peu a profiter dans le contact des etudes qui,
en embrassant la diversile des connaissances humaines,
elargissent les champs de la pensee et reculent ses
horizons. Rapprocher ces connaissances dans les tra-
vaux auxquels elles peuvent donner lieu et dans leurs
applications variees, ce n'est d'ailleurs qu'achever de
developper en la fecondant, I'idee philosophique qui a
voulu les rapprocher deja dans I'enseignemenl supe-
rieur et les Facultes.
II est d'autres points de vue encore sous lesquels
les avantages de I'unite ne sont pas moins conside-
rables.
Ainsi, par exemple, la position financiere, qui,
maintes fois dans les Societes actuelles, a presenle d'in-
surmontables obstacles a d'u tiles projets, ne pourrait
que s'ameliorer par la simplification et la reduction
des depenses qui leur sont communes, et par la reu-
nion dans une seule caisse des ressources maintenant
disseminees.
Les rapports obliges que tout corps savant doit avoir
avec les difterentes administrations , lorsqu'il n'existe-
rail qu'une Societe unique, gagneraient aussi notable-
ment en facilite et en autorite.
Enfm, la Societe nouvelle, par sa composition et la
condensation de toutes les forces vives du pays, exer-
cerait sur les progres dans Ics sciences, les arts et
rindustrie, une action tout autrement intense et ener-
gique que ne pent I'etre la somme des influences par-
tielles des Socictes existantes.
Ces considerations, autour desquelles pourraienl sc
grouper beaucoup d'aulres que nous sommes forces
de negliger ici, ont prcWalu deja dans plusieurs grandes
villes on Ton a compris tons les avantages d'une con-
centration dans un raeme foyer de toutes les lumieres
dont pent s'eclairer I'esprit humain.
C'est ainsi que pres de nous, a Nantes, s'est operee
une fusion semblable sous le nom de Societe academi-
que de la Loire- In ferierire, association qui dans cette
vie nouvelle et multiple, a acquis des proportions et
une valeur scientifique qu'elaient loin de presager
I'obscurite, Taffaissement et I'abandon oil languissaient
les Societes qui en sonl devenues les elements.
Plus recemmenl la meme transformation s'est ope-
ree dans les Societes rivales des villes de Saint-Etienne
el de la Rochelle et avec un egal bonheur dans les
consequences.
Ce que nous venons d'exposer n'est du reste, en ce
qui concerne I'Anjou, qu'un echo affaibli des opinions,
des regrets et des voiux qui, mainles Ibis, se sont
produits autour de nous.
Le projet d'une fusion si desirable n'a en effet rien
de nouveau, ni d'imprevu. En plusieurs occasions il
s'est fait jour meme au sein des Societes existantes,
mais jusqu'ici des questions de preseance loujours de-
licales, certains attachements et certains respects pour
un passe qui, pour chacunc d'elles, n'a etc ni sans uti-
8
lite, ni sans relentlssemenl, ef, oserons-nous le dire,
l)eut-elrc aussi robligadon el rincertitude a la fois,
dans une fusion operee de Societe a Societe, de pou-
voir constater et concilier convenablement la recon-
naissance et I'estime acquises a leurs fondateurs, onl
presente des difllcuUes que les plus convaincus n'ont
pas du oser affronter.
Cependant lorsque les exemples salutaires s'accu-
mulent, le moment nous a semble venu de prendre un
parti supreme pour retremper et rajeunir dans un
pacte commun des forces precieuses dont il serait a
craindre que la vitalite vint a s'eteindre dans I'indiffe-
rence et le vide qui tendent a se faire autour d'elles.
Nous nous sommes done resolus a adresser un appel
aux hommes de bonne volonte, quels qu'ils soient et
d'ou ilsviennent, aux amis duprogres dans les sciences,
les lettres, les arts et I'induslrie, pour les convier a
fonder dans nos murs une vaste association sous le
nom de Societe academiqiie de Maine el Loire, dans la-
quelle toutes les capacitesen toutes choses trouveraient
place et oh, a un moment donne, pourraient venir
s'absorber les Societes actuelles.
Nous avons du, en ce qui les regarde, esperer qu'en
adoptant cette marche, la fusion si ardemment souhai-
tee serait plus facilement acceptee, et que, portee sur
un terrain neutre, elle ne souleverait aucune des sus-
ceptibilites irritantes qui I'ont retardee et qui pour-
raient renaitre, s'il s'agissait encore de la reunion
directe d'une de ces Societes, a telle autre, sa vieille
emule.
II nous reste maintenant a indiquer les bases sur
9
lesquelles nous vous proposerions d'asseoir la Socieic
nouvelle et qui seraieni les suivantes :
La Society fondee sous le litre de Soci^lc ncademiquc de
Maine et Loire coinprendrait I'universalite des connaissances
humaines.
Pour faciliter ses etudes et ses travaux, elle serait divisee
en cinq classes ou commissions ayaiit chacune un bureau par-
liculier :
i" Celle ie ragriculture, comprenant I'liorticullure et ses
divisions, la zootechnie et I'art veterinaire (1); elle pourra
avoir pour section un cornice horticole ;
'i" Celle des sciences physiques et naturelles et d'acclima-
tation ;
3» Celle de I'industrie ou technologie et du commerce;
4° Celle des sciences historiques, d'archeologie et de geo-
graphic, des belles-lettres et des beaux-arts;
5" Celle de medecine, pharmacie et hygiene publique.
Le bureau de chaque classe, elu par la classe, serait com-
pose d'un president, un vice-president, un secretaire, un vice-
secretaire. Total, 4 membres.
Le bureau de la Societe serait compose comme suit :
Des Presidents honoraires;
1 President titulaire;
\ Directeur-administrateur ;
5 Vice-Presidents (ce soiit les presidents des classes);
\ Secretaire-general ;
5 Secretaires - particuliers ( ce sont les secretaires des
classes) ;
(1) Sur la (ioinande de MM. les docteurs en medecine qui ont pris
part a la discussion du reglcment, I'art vdt^rinaire a i\6 r^uni a la cin-
quicme section.
10
1 Arcliiviste-general ;
I Tresorier-general ;
Total, 15 membres titulaires dont 5 seulemenl elus direc-
tement ;
Enfin 1 Secretaire-bibliothecaire-caissier recevant un trai-
tement.
Chaque mois les differentes classes auraient une seance et
la Societe une seance generale, celle-ci fi la fin du mois.
II y aurait chaque annee une seance generale de rentree.
Certaines classes auraient des membres adjoints qui ne
prendraient pas part aux seances generales.
Les membres titulaires de la Societe residant dans les cliefs-
lieux d'arrondissement du departement, pourront se consti-
tuer en sections locales, prenant le nom de I'arrondissement
et embrassant les memes sujets d'etude que la Societe-mere;
ces sections pourraient tenir des seances parliculieres et le
resultat de leurs travaux prendre place dans les publications
de la Societe academique.
La retribution pour les titulaires serait provisoirement fixee
a 10 fr. et a moitie de cette somme pour les adjoints.
La Societe aurait des correspondants, lesquels en payant la
demi-cotisation auraient droit aux publications.
Un salon serait ouvert pour les membres desireux de lire
les publications periodiques adressees a la Societe et de
consulter sa bibliothcque.
En cas d'adhesion en corps de I'une des Societes existantes,
elle se confondrait dans la Sociele academique avec I'apport
sans distinction de son personnel en membres titulaires,
adjoints et correspondants, son mobilier, son actil' et son
passif.
Telles doivent elre, croyons-nous, les bases fonda-
inentales de la nouvelle association: nous avons ose
it
esperer, Monsieur, que vous pourrlez y donner vofre
approbation el alors nous vous prierions de nous laire
parvenir par ecril ou de vivc voix voire adhesion.
Nous adressons cette circulaire: 1" a Ions les mem-
bres des Societes existantes; 2° a t.outes les personnes
elrangeres a ces Socieles que nous avons pu supposer
disposees a se reunir h nous.
Nous devons dire qu'avant d'agir, nous avons cru
devoir nous assurer des sympathies que cette ceuvre
tout angevine pouvait rencontrer dans les hautes re-
gions ou notre Sociele tient a honneur de demander
ses presidents honoraires, et qu'aussitot sa constitu-
tion, il sera fait les demarches necessaires pour qu'elle
soil reconnue comme etablissement d'utilite publique.
Nous ajouterons, avant de clore cet expose, que
nous ne nous considererons comme autorises a agir
que lorsque nous aurons reuni plus de 60 adhesions,
et que, ce chiffre alteint, nous nous empresserons de
convoquer les adherents, afin de proceder a la redac-
tion du statut definilif, et d'adresser ensuile une invi-
tation specials aux Societes anciennes pour ks inviter
a se joindre a nous.
Veuillez, Monsieur, agreer etc.
Ont donne leur adhesion a ki presente circulaire apres lec-
ture :
MM. Adville, bibliothecaire en chef de la ville.
Beraud *, conseiller a la Cour imperiale, secretaire-
general de la Sociele imperiale d'agricullure d' Angers.
Bigot *, docteur-medecin, professeur de i'Ecole de me-
decine d'Angers, etc.
12
MM- BoREAU , directeur du Jardin botanique d' Angers et du
Musee d'histoire nalurelle, professeur de I'Ecole d'en-
seignement superieur.
Blavier *, ingenieur des mines.
Dauban, directeur des Musees de peinture et sculpture,
professeur de I'Ecole municipale des beaux-arts et de
TEcole d'enseignement superieur.
Daviers, docteur-medecin, professeur de I'Ecole de me-
decine d'Angers.
GiDEL, professeur de rhelorique au Lycoe, et des belles-
lettres a I'Ecole superieure.
MouRiN , professeur d'histoire au Lycee et a I'Ecale su-
perieure.
Port, eleve de I'Ecole des chartes et archiviste de la
Prefecture.
Planchenault ^, president du tribunal de 1" instance,
ancien president de laSociete imperiale d'agriculture,
membre du conseil municipal, etc.
PoiTOU, conseiller a la Cour imperiale d'Angers.
Thouvenel, president de la Societe grammaticale et lit-
teraire.
VoisiN ^, receveur-general des finances.
P. S. Ci-joint est un modele qu'il suflira de signer et d'a-
dresser franco a M. Beraud, conseiller, rue Saint-Gilles, a
Angers, charge par les fondateurs de recevoir les adhesions.
Des que la Societe sera constituee, une invitation sera
adressee a chacune des Societes existantes et un delai fixe
pour attendre qu'il y soit repondu, a I'expiration duquel il
sera procedo a 1' election des membres du bureau general et
des bureaux particuliers.
REGLEMENT
DE
LA SOCIETY ACADMQUE DE MAINE ET LOIRE
(adopte en assemblee generale le 28 Janvier 18S7).
Art. 1«\ La Society Academique, dont les assemblees se
tiennent a Angers, est etablie pour le departement de Maine
et Loire.
Art. 2. Elle se compose de membres titulaires, de corres-
pondants residant hors du departement, et de membres ho-
noraires. Le nombre des membres bonoraires ne pourra
depasser la moitie du nombre des titulaires. Celui des autres
membres est illimite.
Art. 3. La Societe Academique embrasse I'universalite des
connaissances humaines, en s'abstenant toulefois des consi-
derations politiques et religieuses.
Art. 4. Elle se divise en cinq sections, ou classes perma-
nentes, ayant cbacune un bureau particulier.
1" Agriculture, comprenant la zootechnie, Thorticullure et
ses divisions. — L'borticullure pourra former un Cornice par-
ticulier.
2" Sciences physiques et naturelles.
3" Industrie, ou technologie, commerce et statistique.
4" Belles-lettres, beaux-arts, sciences bistoriques, archio-
loeie et geographie.
u
5° Medecine, pharmacie, hygiene publique, art v^terinaire.
Chaque section elit un bureau, compose d'un President, uii
Vice-President, un Secretaire et un vice-Secretaire.
Art. 5. Le bureau de la Soci(5te Academique est compose
com me suit :
Des Presidents honoraires.
Un President titulaire.
Un Directeur-administraleur, pouvant presider la Sociele
en I'absence du President.
Un Secretaire general.
Un Archiviste.
Un Tresorier.
L'un des cinq Presidents des sections, remplit les fonclions
de vice-President dans les seances generales.
L'un des cinq Secretaires des sections, remplit les fonc-
lions de vice-Secretaire dans les seances generales.
Enfin, il y a un Secretaire-bibliothecaire-caissier, recevant
uii traitement, et qui n'est pas soumis a I'election.
Art. G. Les fonctions du President general de la Societe,
consistent a regler et a mainlenir I'ordre dans les seances, et
a communiquer a la Societe le resultat de ses relations avec
les correspondants et les divers corps savants.
Art. 7. Le Directeur-administrateur est plus specialement
charge d'entretenir et de stimuler ces relations, en meme
temps que de tout ce qui concerne I'administration generate
et des interets materiels de la Societe.
Art. 8. Les membres du bureau se constituent, toutes les
fois que cela est necessaire, en conseil d'administration, ou
en comite de redaction, qui regie I'ordre et le clioix a faire
pour les publications de la Societe (1).
(1) II eiitrait dans Fesprit tie la commission de redaction du Regle-
raent, ainsi que cela ressort des termes de la circulaire, que les bureaux
des sections se joignissent au bureau de la Soci^tiJ pour cnnstiluer le
t5
Art. 9. Le conseil d'administratioii represenle la Sociele,
lorsqu'elle n'est pas ivunie en asseniblce gcnerale ; il demeure
charge de tous les details de la geslioa, de la correspoiidance,
des convocations et de la presentation des comptes. Chacune
de ses atlribulions est r^parlie entre les membres qui le
composent, d'apres la designation speciale de leurs fonctions.
Art. 40. Les paiements a faire par le Tresorier , sonl or-
donnances par le President ou par le Direcleur-administrateur.
Art. 11. Tous les membres du bureau sont nomnies pour
un an, au scrutin secret et par bulletins individuels, a la plu-
ralite relative. lis sont reeligibles, a I'exception du President,
qui ne peut etre elu deux annees de suite.
Art. 12. Certaines sections de la Societe pourront avoir
des membres adjoinls qui ne paient que la moitie de la coti-
salion, mais ne peuvent prendre part aux seances generales.
La section des sciences physiques et naturelles admettra des
adjoinls-coUecleurs, qui ne seronl souniis a aucune cotisalioii.
Art. 13. Chaque annee, apres le renouvellement du bureau,
les membres qui voudronl cooperer plus etroitement aux Ira-
vaux d'une ou de plusieurs sections, se feront inscrire au
Secretariat, comme litulaires desdiles sections.
Art. 14. Les membres tilulaires d'une section et ses mem-
bres adjoints prendront seuls part a I'election du bureau de la
section, et y pourront lire des travaux et voter. Les membres
du bureau general, qui seraient presents, auront la faculle de
prendre part aux discussions, mais les autres membres de la
Societe n'y pourront assister qu'en qualite d'audileurs.
Art. 15. La section des sciences medicales n'aura pour
litulaires que ceux des membres de la Sociele ayant le titre
de docleur-medecin, oflicier de sanlc, pliarmacien, veteri-
conseil d'adminislration et If coniitt! de rt'daclion C'est par oubh que
Tartii'le 8 ne le inentionne pas pxphciteinenl ( Note ile la (•(utiiiiissioii,
Adv Ber. Hor Tliiniv .
16
naire, et des autres membres qu'elle jugera convenable d'ap-
peler dans son sein. Elle seule ddcidera la question de I'ad-
mission a ses seances, soil absolue, soil conditionnelle des
autres membres de la Societe en quality d'auditeurs.
Art. 16. Les membres titulaires, residant dans les chefs-^
lieux d'arrondissements du departement, pourront se consti-
luer en sections locales, prenant le nom de I'arrondissement
et embrassant les memes sujets que la Societe-mere. Ces
sections pourront tenir des seances particulieres, et le resultat
de leurs travaux sera adresse a la Societe academique qui
pourra les inserer dans ses publications.
Art. n. Tout candidal au titre de membre titulaire devra
etre presente, par deux membres residants de la Society, au
conseil d'administration qui statuera sur son admission et la
soumettra au vote de la Societe en seance generale.
Art. 18. Chaque membre entrant souscrit pour une cotisa-
lion annuelle de dix francs. Cette somme est due pour I'annee
couranle, a partir du 1" Janvier, quelle que soit la date de
I'admission, ou celle de la demission qui pourrait etre donnee.
Art. 19. Un droit de diplome de dix francs pourra etre
exige de tous les membres titulaires qui seront admis a partir
de I'annee 1858.
Art. 20. Tout droit quelconque aux collections ou au mo-
bilier de la Societe, cesse immediatement soit par la demis-
sion, soit par le deces d'un membre, sans que ses heritiers
puissent exercer aucune revendication contre la Societe.
Art. 21 . La Societe aura chaque mois une seance generale :
elle pourra en outre 6tre convoquee extraordinairement par
le conseil d'administration, quand il le jugera necessaire. Elle
pourra avoir une seance publique chaque annee.
Art. 22. Les diverses sections auront une seance chaque
mois, et pourront aussi etre convoquees extraordinairement.
Art. 23. La Societe ne pent voter en seance generale une
17
(lepense au-dessus de cent francs, si la lettre de convocation
n'en a pas fait mention.
Art. 24. Toute proposition presentee k la Societe, ne pent
I'elreque par ecrit et conforinenienta I'ordre prescrit ci-apres
pour les lectures.
Art. 25. Tout membre qui se proposera de lire un travail,
soil a la seance generale ou publique, soit devant I'une des
sections, devra se faire inscrire au Secretariat, au moins cinq
jours auparavant.
Art. 26. Apres chaque lecture faite en seance generale, le
Bureau proposera au vote de I'assemblee, soit le depot aux
archives, soit le renvoi au comile de redaction. 11 pourra
aussi demander le renvoi a Texamen d'une section, et dans
ce cas, la section devra faire son rapport a la seance suivante,
et Tasseinblee votera de suite sur les conclusions de ce rap-
port.
Art. 27. Les sections pourront dans leurs seances particu-
lieres elaborer des travaux ou entendre des lectures, dont elles
voleront, soit le depot aux archives, soit le renvoi a la pro-
chaine seance generale, oii il sera statue par russemblee sur
leur destination.
Art. 28. Les archives de chaque section recevront un clas-
sement particulier , mais ne seront pas separees de celles de
la Societe. Les ouvrages imprinies qui leur seront adresses
seront deposes dans la bibliothefiue generale. Les livres de
cetle bihiiolheque seront mis a la disposition des membres
(|ui voudront les consulter, par les soins du bibliothecaire,
mais ilsne pourront pas tHre emportes au dehors.
Art. 29. Les travaux de la Societe seront publies sous le
titre de : Memoires de la Socii'l^ academique de Maine et
Loire; ils lormeront chaque annee un ou |»lusieurs volumes,
selon I'abondance des sujets.
Art. 30. Tout membre titulaire ayant satisfail aux pres-
2
18
criplions de I'arlicle 18, ref-oit gratuilemenl les publications
edil6es par la Sociele.
Art. 31. Les membres correspondanls qui desireraient re-
cevoirces publications, paieront la moitie de la colisation. Le
conseil d'adminislralion pourra neanmoins les adresser sans
retribution aux niembres honoraires et correspondants qui
conimuniqueront a la Societe des travaux inedits ou imprirnes
d'une importance reconnue, ou qui lui auronl rendu des ser-
vices.
Le present reglement a ete adopte a I'unanimite par la
commission d'organisation de la Societe academique de Maine
et Loire, le 22 Janvier 1857.
Adville, Beraud, Boreau, Port, Thouvenel.
La Societe academique ayant rouni 80 adhesions, s'est
constiluee dans sa seance de ce jour, et a adopte ;i Tunani-
mite le present reglement.
Angers, 28 Janvier 1857.
Les membres de la Commission d 'organisation ,
Adville , Beraud , Boreal' , Port , Thouvenel.
Le Maire d'Angers, olTicier de la Legion-d'Honneur, depute
au Corps Legislatif,
Donne sa pleine et entiere adhesion a la fusion de toutes
les Societes savantes de la ville en une seule, sous le litre de
Societe academique de Maine et Loire.
II donne son approbation complete au present projet de
reglement.
A I'Hotel de la ville d'Anf/ers, kZI Janvier 1857.
Er. Duboys, maire.
Par decision du G fevrier 1857, le present reglement a ete
approuve par M. le Prefet de Maine et Loire.
COMPTE- RENDU
des sdances des 9 fdvricr et %l mars INSf.
Le lundi 9 fevrier 1857, la Sociele Academiquc s'esl
reunie pour entendre la lecture fles lettrcs dpslinees
aux Societes d' Agriculture, Sciences et Arts, Indus-
trielle, deMedecine, Linneenne, Grammalicale el Lille-
raire d' Angers, alin d'inviter ces corps savants a vcnir
se reunir a la Sociele Academique. La redaction de ces
leltres est approuvee par la Sociele qui decide qu'elle
ne se conslitueradefinitivementqu'au mois demars, afm
de laisser le temps aux Societes convoquees, de deli-
berer sur cet important sujel, et de les meltre a meme
en cas d'adhesion, de prendre part aux elections des
bureaux. La Sociele aulorise, en outre, la commission
d'organisation a accepter, en son nom, les adhesions
qui pourraient etre donnees par les diverses Socieles,
avec les clauses el reserves que celles-ci pouriaienl
presenter, en tanl que ces clauses el reserves ne se-
raient pas en opposition avec le reglemenl de la So-
ciele Academique, lei qu'il vient d'etre approuve par
Tautorile.
Le 21 mars 1857, la Sociele Academique s'est reunie
dans une des salles de la Preleclure. Horn mage est tail
20
i la Societe, de la part de M. Alfred Riche, docleur
es-sciences de la Faculte de Paris, d'une dissertation
qui a pour titre : Recherches sur le timgslene el ses com-
poses. La Societe vote des remercimenls a M. Riche, et
sur la proposition d'un membre qui rappelle la haute
importance scienlifique de ce travail, elle decerne k
I'auteur le litre de membre correspondant.
M. Beraud, en sa qualite de president de la commis-
sion d'organisation, lit un expose de la situation, dans
lequel il rend compte des demarches tentees aupres des
autres corps savants, pour arriver a une fusion ; il fait
connaitre les reponses qu'il a regues de trois de ces
corps, et proclame la reunion accomplie par la Societe
Grammalicale etLitteraire, qui, la premiere, avec le plus
honorable empressement, a voulu s'associer a la grande
pensee qui a donne naissance a la Societe Academique.
La Societe, apres avoir ecoute cette lecture avec une
religieuse attention et avec les marques les plus pro-
noncees d'interet et de sympathie, s'empresse de voter
I'impression de cet important document, sur la propo-
sition qui en est faite par I'un de ses membres.
On procede a la nomination des membres du bureau
general qui a lieu par bulletins individuels. II est en-
suite donne lecture des listes des membres appeles a
composer les diverses sections , puis Ton procede
successivement a I'election des bureaux de chacune de
ces sections. Malgre le grand nombre de votans, ces
diverses nominations ont eu lieu a une majorite tres
considerable, qui lemoigne hautemenl de I'esprit de
bonne entente et de conciliation qui unit lous les
membres de la Societe Academique.
SEANCE UU il MARS 1857,
presidee par M. le conseilier Beraud, president dt; la commissiou
d'oraanisatiou.
KXPOSE PAR M. BKRAUD,
AU NOM DE LADITE COMMISSION.
Messieurs ,
Au moment ou votre commission d'orgaiiisation vient
deposer ses pouvoirs, elle croit devoir vous rendre
compte do qu'elle a fait pour executer le mandat de
haute confiance dont vous aviez bien vouhi I'inveslir.
A votre reunion precedente, nous avions en efi'et ete
charges par vous de represcnior la Societe academique
pour traiter vis-a-vis des aulres Societes la question
de leur fusion generale ou partielle.
A cette occasion, nous eumes I'honneur de vous sou-
meltre les lettres destinees a chacunc d'elles, et vous
en approuvatcs sans restriction les termes et I'esprit.
Elles avaient ete redigees dans le but surtout de
i'aire scntir que vous vous eliez efTorces de concilier
aulanl que possible avec une I'orme nouvellc, d'an-
ciennes habitudes et d'anciennes afl'ections dans les
choses et les personnes, et de sauvegarder loules les
institutions accessoires dont I'experience avait consacre
I'utilite.
De ce nombre etaient, pour la Societe d'agriculture:
la commission archeologique, b; cornice borlicole, le
jardin fruitier, le cours de taille, etc.
Pour la Societe industrielle: certains comices can-
lonaux, les expositions industrielles, les concours d'a-
nimaux, etc.
On s'etait d'ailleurs cfforce dans ces lettres de deve-
lopper celte pensee, que tout ce qui se faisait separe-
ment de bon et d'ulile, pourrait s'operer apres la fu-
sion comme par le passe, et dans des conditions plus
favorables encore a raison de la puissance en quelque
sorte irresistible, qu'acquerraienl par leur concours
siniultane, les forces intellectuelles maintenant disse-
minees.
Du resle, Messieurs, comme I'esprit de conciliation
doit avoir ses limites, meme dans une ceuvre d'edifi-
cation, vous nous aviez sagement trace celles qu'il ne
nous elait pas permis d'outrepasser. C'etait le respect
el par consequent I'acceptation actuellc du regleinent,
loi fondamentale de votre institution, dans lequel vous
aviez la conviction d'avoir resume toutes les conditions
de votre existence et celles qui pouvaient donner a
votre action pour le bien, I'expansion la plus facile, la
plus large et la plus efTicace.
Les dispositions de voire reglement, n'avaient d'ail-
leurs rien fl'insolile. En pareillc rnatiere, c'eul ele iin
lort que de vouloir innover: on einprunto el on coor-
donne. Voire reglement ne devait etre, et n'est en rea-
lile, qn'une sorle de condensation de tout ce que
rex|)erience des veterans des Socieles savantes, leur
avail demontre comme utile et pratique dans les re-
glements des Societcs d'agriculture et induslrielled'An-
gers, el dans celui de la Societe academique de la
Loire-Inferieure, nee elle-meme d'une fusion analogue
de toutes les Socieles nantaises.
Aussi, Messieurs, devons-nous le dire, il n'a ele I'ob-
jet d'aucune critique qui se soil netlement Ibrmulee.
II n'est qu'un seul point sur lequel il a ele fail une ob-
servation que je crois devoir reproduire.
Elle concernait les assemblees generales que de
mennieUes on eut voulu voir trimeslrklles.
Mais en cela, nous avons du d'abord faire remar-
quer que le reglement ne fail que rappeler ce qui se
pratique dans les deux seules Socieles d'Angers qui
aient des sections, et que plus les sections possedeni
un personnel nombreux et sont organisees de maniere
a pouvoir vivre isolemenl, comme le seront les volres,
plus il devien,t indispensable, par des seances gene-
rales qui resument el relient leurs travaux, de main-
lenir I'unile, la cohesion sociale.
A quoi nous ajoulerons: 1o Que comme c'est la So-
ciete entiere devant laquelle doivent etre portces les
demandcs adressees par les administrations supcrieures
ou locales, il importe beaucoup pour une plus prompte
expedition des affaires que cbaque mois la Societe-Mere
se retrouve a son posle ;
24
2" Que I'impression ne pouvanl elre votee que par
la Sociele-mere, des seances Irimestrielles occasion-
neraienlde trop longs elregrettablesdelais,pour la pu-
blication des memoires ;
30 Enfin, que si le President, qui n'est nomme que
pour un an, n'apparaissait ainsi annuellemenl que
quatre fois dans I'exercice de ses fonctions, elles devien-
draienlpurement nominales et s'nnnihileraientau profit
de celles du directeur qui fonctionnerait seul pen-
dant ces interregnes , ce que vous n'avez pu vouloir.
Au surplus. Messieurs, I'admission en principe de
I'acceptation actuelle du reglement, comme condition
de I'adhesion, etait justifiee par la nature meme des
negociations a suivre. Comment eut-il ete possible
d'admettre sa discussion successive vis-a-vis des autres
Societes? Est-ce que la condition poseepar I'une, n'eut
pas pu devenir le sujet d'une exigence opposee de la
part de celle qui lui eut succede, de telle sorte que
chaque accession nouvelle, remettant en question la
convention de la veille, vous vous fussiez ainsi con-
damnes a traverser un provisoire mobile et incertain
jusqu'au moment ou la fusion lotale eut ete consommee.
Quant a la possibilite, a I'opportunite d'une revision
ulterieure a un moment donne, elle devait etre et etait
en effet comprise et admise de tous les bons esprils,
et de votre commision comme de vous-memes. Aussi,
M. le Prefet, tout en approuvant vos staluts, avec la
prevoyance pleine de prudence sagace et d'equile pra-
tique' qui caracterise tous les actes de son administra-
tion, avait-il prevu et indique lui-meme I'eventualile
d'une revision, pour le cas oil loutes les Societes exis-
25
tantes viendraient a sc fusionner; disposition cininem-
ment et doublernent ralionnelle, puisqu'a ce momcnl
seulement le remaniement peut acquerir un caractere
definitif, ct que rinlervenlion alors considerable d'ele-
raenls nouveaux, peut former une majorite egalemenl
nouvelle pour I'appreciation des prescriptions regle-
mentaires.
Je crois devoir, Messieurs, vous donner lecture de ce
document important, d'autant qu'il a ete diversemenl
inlerprete au-dehors. (Lecture est donnee de la lettre
de M. le Prefet.)
II resulte de cet expose, Messieurs, qu'une ligne de
conduite nous etait tracec, et que nous avons dii la
suivre sans nous en ecarte.r.
Nous aliens voir bientoi quels resultats nous avons
pu ainsi atteindre ; mais nous ne pouvons auparavant
passer sous silence certaines objections qui nous ont
ete failes et qui touchent je dirais presque au cote
moral de I'affaire.
On a en divers lieux formule ainsi une sorte de
reproche et de fm de non recevoir qu'on ne craignail
pas de vous opposer. Quelles que puissent etre, disait-
on, les esperances d'avenir que presente la composi-
tion de son nombreux |)ersonnel, la Socicte acade-
mique, ne faisant neanmoius comme etre moral et
collectif que de naitre a la vie, et n'ayant pas de position
deja faite et justifiee par des travaux qui lui soient
propres, on a lieu, au moins, de s'etonner de la voir
se poser avec la pretention d'absorber en elle des So-
cietes qui ont une existence consacree par de longs et
d'uliles travaux, et il peut paraitre quelque pen outre-
26
cuidant el superbe de sa part, de lui voir imposer a ces
autres Socieles un delai pour la reponse qu'elle en
sollicile.
Mais a cela, Messieurs, nous avons du repondre que
le projel de fusion n'avail Hen de nouveau; qu'il avail
a plusieurs epoques preoccupe los bons esprils dans
nos administrations locales, comme dans les Societes
elles-memes ; que des 1836 el 1837, il avail ele agile
el meme impose a ces Societes au sein du Conseil Mu-
nicipal, ado|)te alors par la Societe industrielle, et
presenle par elle a la Societe d'agricullure, qui ne I'a-
vail refuse que parce que plus de la moitie de ses
membres ne lenaient alors leurs droits poliliques que
du litre dont on la sollicitail de se depouiller; que
c'est par suite de Tirapossibilile constatee par d'autres
lentatives plus recenles, d'operer une fusion dirccte des
Socieles cntre elles, que vous, hommes de progresdans
les bonnes choses, et de la plus large conciliation dans
les personnes, vous vous etiez reunis dans I'espoir que
cette fusion si desiree s'opererail plus I'acilemenl sur
un terrain neulre et en convianl les Socieles anciennes
a s'unir sous un nom commun, et de maniere que la
Societe qu'il designerait, ne put etre consideree comme
la conlinualion d'aucune des anciennes par preference
aux autres ;
Que c'esl dans cet esprit que la Societe academique
s'elail conslituee, et qu'elle avail lenu en meme temps
a ne pas s'organiser par la nomination de ses divers
bureaux, par la formation de ses sections el par I'inau-
guralion de ses Iravaux scienlifiques, avanl d'avoir mis
les autres Socieles en demeure , ou si ce mot a pu,
27
dit-on, choquer ijuelques-uns, en position de se juindrc
a elle pour cooperer, el exaclemenl au meine litre,
c'est-a-dire, comme cofondatricc, permetlez-uKji ce mot,
a la creation d'une Socicte dile acAulemiqne;
Que lui vouloir reprocher de ne pas clre aulremenl
conslituee et organisee, et de n'avoir pas doja vecu de
sa vie propre, c'est done vouloir meconnaitre I'abne-
gation de grande convenance qu'elle a mise a s'elTacer
autant que possible pour laisser une plus large part
d'iniliativc aux autres Socieles, dont ello tcnait a s'as-
surer la cooperation des le debut de I'oeuvre nou-
velle ;
Que si elle a fixe un delai pour altendre les adhe-
sions, c'est qu'elle ne pouvait sans danger pro-
longer indefiniment ce provisoire qu'elle avail bien
voulii s'iniposer, cetle suspension de son action vitale ;
Que sans doute le terme expire, elle recevra avec le
meme empressement les adhesions des Societes deve-
nues alors ses soeurs, mais que celles-ci doivont com-
prendre que leur position ne sera plus la meme, d'a-
bord parce que leur accession tardive n'aura plus le
meme caractere de spontaneite, d'abnegalion et d'in-
depcndance ; en second lieu, parce qu'elies ne pour-
raient plus alors se poser comme Ibndalrices ct sans
distinction entr'elles de premiere, ni de derniere, de
la Societe academique, mais qu'elies viendraienl alors,
ofTrir le sacrifice de leur ancienne individualite a une
Societe ayant deja une existence dislincte , et ainsi
s'absorbor en elle.
Telles sonl les considerations par lesquelles. Mes-
sieurs, nous avons cru devoir, vis-a-vis de diverscs
28
personnes et en divers lieux que je crois convenable de
ne pas autrement preciser, justifier la ligne de con-
duile que vous vous etiez tracee de vous-meraes vis-a-
vis des autres Societes.
Voyons mainlenant comment vos ouvertures ont ete
reQues.
La Societe grammaticale et liUeraire a repondu la
premiere par une deliberation dont la mesure par-
laite, la reserve pleine de convenance et I'esprit de
confiance loute fralernelle, ne pourraient surprendre
que ceux qui n'onl pas ete a meme d'apprecier les
liommes honorables qu'elle a eus pour interpretes.
Exirait de la let/re contenant copie do la deliberation de la
Socidle gmmmalicale et litteraire.
La Societe grain maticale et litteraire, sur Ic rapport de la commis-
sion qu'elle a nommee a ce sujet et apres en avoir d^libir^ (dans sa
seance dii 5 mars) ,
Consid^rant qu'll est en effet de sens droit et natural que Ton at-
fende de la fusion des Societes, des avanlages beaucoup plus grands et
plus 61eves que ceux qu'on retire d'etforts tentes isoleraent et sans
unite d'action ;
Considerant encore que pour arriver a une fusion, il faut necessaire-
ment que chaquc Societe fasse ses concessions et se place sous I'em-
pire d'un droit cominun, sauf a soumettre en temps opportun a la de-
cision de la majorite, les reclamations qu'elle croirait devoir faire ;
Donne sa complete adhesion a la Societe academique, qui n'est pas
apres tout une Societe nouvelle, niais bien la reunion des autres,
Et declare par cette presente reponse, s'associer an reglement adopte
et presenle par la Society academique, et entendu naturellcmont scion
I'expose des motifs qui a precede la promulgation de ce reglement.
En outre, la Societe grammaticale et litteraire, informe la Societe
academique, qu'au re^u de la reponse a la presente declaration, elle
29
remettra aux mains de I'aulorit^, les litres qui I'ont constitiiee l^galc-
iiient et suivanl lesqucls c!lc existc oncoro aujouni'liiii.
La Societe grarniiialicale adresse a laSociiHc acaiieiiiiquu rexpression
de ses sentiments de confratcrnilo et de devoiiement.
(Stiivent les signatures des memhres de la cdinniission el du Presi-
dent de la Societe, Thouvenel).
Par suite de celte adhesion generale et des adhe-
sions personnelles, Messieurs les membres de la Societe
grammaticale et lilteraire ont ete inscrits sur la liste
generale de la Societe acadeinique; mais pour que la
dissolution de celte Societe puisse s'operer reguliere-
ment, il est necessaire que dans la presenle seance
vous declariez que la fusion entre elle el la Societe aca-
deinique est des ce moment consommee.
Nous prions done ceux d'entre vous, Messieurs, qui
acceptent celte fusion muluelle, de vouloir bien lever
la main.
(Le vole a lieu. Le bureau declare que la fusion est
acceptee et consommee.)
Poursuivons :
La Societe de medecine, donl vous eles heureux de
compter deja parrai vous une parlie notable des mem-
bres les plus dislingues, a adople le principe de la fu-
sion el s'est montree desireuse de se reunir a nous,
voyanl dans les conditions parliculieres qui lui sonl
menagees pour s'organiser, les gages d'une indepen-
dance que rendent indispensable la nature de ses tra-
vaux el la composition de son personnel. Mais elle a
paru preoccupee de celte pensee que de cette situation
excepiionnelle meme il rcsullerail une sorle d'isole-
ment rojalif, qui, au cas oi'i les autres sections nr' se-
30
raient pas organisees ou ne fonclionneraient pas, la
[)lacerail a I'etat d'une Sociele rivale, ou plutol paral-
lele, accolee en quelque sorle avec la Sociele acade-
mique, et sans que celte existence a deux, diit sembler
avoir une suffisanle raison d'etre.
Telle est du moins I'interpretation que nous a paru
comporter la lettre de I'honorable president de cette
Societe, dont je vais vous donner lecture.
Ainsi, Messieurs, si nous avons bien compris le motif
qui a engage la Societe de medecine a differer, nous
devons avoir tout espoir de la voir bicnlot occuper la
place que vous lui avez reservee au milieu de vous,
maintenant que grace au chiffre de vos societaires vos
sections vont etre organisees sur une echelle assez grande
pour egaler et surpasser meme en nombre cerlaines
Societes. Elle Irouvera d'ailleurs dans vos seances ge-
nerales I'immense avantage de donner a ceux de ses
travaux qui en sont susceptibles, une publicite de bon
aloi, qui serait trop utile a tons pour qu'clle veuille se
refuser ce moyen de se meltre en communication di-
recte et frequente avec I'elite de la cite.
Nous avons rencontre dans la Societe industrielle des
hommes animes au meme degre que nous tous de I'es-
pril de conciliation et de progres; mais il faut bien le
dire, plus les services que cette Societe a rendus a nos
contrees dans I'industrie et Tagricullure sont reels et
evidents, plus les meilleurs esprits ont pu se laisser
aller facilement a la crainle que ces services vins-
sent h perdre quelque chose de leur importance par
un changemcnt de position. Peut-etre aussi que quel-
ques industriels ont du craindre que dans un milieu
34
nouveau les habitudes conlraclees, les relations eta-
blies entre les personnes pussent avoir a souffrir. lis
n'onl peul-etre pas compris assez que lorsque la So-
ciete induslrielle a depuis longlemps devie du principe
unique de sa fondalion pourenibrasser tout un ensem-
ble d'objets divers, ils Irouveraienl au contraire dans
la fusion une occasion toute naturelle de pouvoir for-
mer, sous la forme de section ou commission, une ve-
ritable Societe, specialement induslrielle, dont Faeces
aurait meme pu, comme votre commission d'organisa-
lion I'avait pense, etre exclusivement reserve aux theo-
liciens et aux praticiens industriels, et qui aurait eu
ainsi pour eux une homogeneite preferable certaine-
raenl au pele-mele des autres Societes, tandis que les
seances generales les eussent pu mettre cbaque mois
en contact avec le reste de I'association.
Celte position tout exceptionnelle qui leur eut ete
ainsi faite, olfre des avanlages tellement evidents pour
le travail et I'elude, que nous ne pouvons douter que
mieux eclaires sur les grands intcrets qu'ils represen-
tenf, ils ne pourront nianquer aun-moment quelconquc
de provoquer la Societe a laquelle ils appartiennent a
accueillir une fusion sur les bases que nous indiquons.
Toujours est-il, Messieurs, que si la Societe indus-
lrielle nous a refuse son adhesion acluelle, ellc a nean-
moins declare, par deux voles successifs et a une enorme
rnajorite, qu'elle admettail en principe la reunion en
une seule de loules les Societes angevines. - II n'esl
peut-etre pas sans interet d'observer que nous comp-
tons dcjn parmi nous plus de Irente mcinbres (]ui ap-
partiennent a celte Sociele.
32
Quant h la Sociele d'agriculture, elle n'a pas pris en-
core de decision. A la seance de fevrier, elle a renvoye
a celle de mars pour nommer une commission , la-
quelle doit faire son rapport en avril. Se croira-t-elle
alors en mesure de se prononcer? Nous I'ignorons.
Reste done, Messieurs, la Societe linneenne, a qui
nous avons du adresser la communicalion que vous lui
aviez destinee et a laquelle elle n'a repondu d'aucune
maniere. Nous ignorons done meme si cette Sociele a
ete appelee a en deliberer.
Ainsi, Messieurs, en resume : deux Societes n'ont pas
donne encore de reponse; une troisieme a reconnu
avec empressement le principe de fusion, qu'il y a
vingt ans elle eut I'lionneur de proclamer la premiere;
une qualrieme n'a fail que differer le moment de son
adhesion ; une cinquieme s'est immediatement fusionnee
avec vous.
Les choses dussent-elles rester indefiniment dans cet
etat, toujours est-il qu'un resullal considerable est dcja
obtenu, c'est que I'apparilion de la Societe academique
n'a pas augmente le nombre des corps savants exis-
tants et que Ton ne pent plus lui objecter, comme on
prelendait le faire d'abord, que contrairement a ses
idees de concentration, au lieu de reduire elle est venue
sans necessite multiplier les etres. Seulement, Mes-
sieurs, il y aura cette consideration importante a ajou-
ler, c'est qu'en place d'une Societe speciale, composee
de 30 membres, qui va s'eteindre, vous vous trouvez
avoir fondc une Societe en quelque sorte encyclope-
dique , oil toutes les forces vivos du pays ont des re-
presentants eminenls, Societe qui des ee moment atteint
33
le chiffre de 122 inembres, et parrni lesquels, choso
remarquable, il en est plus de 80 apparlenanl k la ma-
gislrature, a I'administration, au haul commerce, a la
grande propriele, au corps enseignant dans tous ses
degres et dans toutes ses branches, qui ne faisaient
pas parlie des Societes anciennes, el qui vont ainsi ap-
porler aux etudes locales un contingent aussi puissant
qu'inaltendu d'honorabilite, de bon vouloir, de lu-
mieres
Ces resultats, Messieurs, sont immenses et significa-
tifs, surtout si Ton considere que I'idee fondatrice n'a
eu pour auxiliaire que la verite presentee a tous sans
passion, sans pression d'aucune espece sur les volon-
tes, puis, abandonnee en quelque sorte a elle-meme
pour I'aire son cheinin dans le monde des idees.
Cerlcs c'est le plus magnifique eloge que Ton puisse
faire des principes sur lesquels repose la creation de
voire Societe, mais c'est encore un plus rare molif
d'eloge peut-elre pour un departement, ou, en quel-
ques semaines a peine, une oeuvre aussi grandiose de
conciliation et de progres a pu trouver, pour se faire
adopter, tant d'hommes eclaires el genereux ! Honneur
done, Messieurs, honneur a vous tous, qui eliez si di-
gnes de vous trouver ici rassembles dans une memo el
noble pensee !
Nous allons. Messieurs, proceder mainlenanl a notre
organisation en suivant Tordre du jour, mais nous
croyons encore devoir repcler en voire nom, en lermi-
nant eel expose, que bien que definilivemenl conslilues
vous n'en accueiilerez pas moins el avec le meme em-
3
u
pressemenl les Socieles qui pourraienl plus lard r6-
pondre a I'appel que vous leur aviez adresse, et ajou-
ter que les sections que vous allez former seront tou-
jours la comme des cadres prepares pour recevoir leurs
specialites et dont il en est meme deux dont vous re-
tarderezl'organisation, celles de Medecine et d'Agricul-
ture, jusqu'a ce que les deux Societes qui represen-
tent ces deux grands embranchements des sciences
appliquees aient fait connailre leur dernier mot.
Dans quelques jours done vos travaux commenceront,
et viendront prouver que si vous faisant solliciteurs au
nomdubien general, on apu vous voir tendant une main
amie et quasi suppliante aux Societes qui ne voulaient
pas voir encore en vous une emule, ce n'etait pas comme
on aurait voulu le faire entendre, que vous jugeassiez
que leur appui vous fCit necessaire pour soulenir vos
pas a I'entree d'une carriere dont vous aviez d'avance
et sans en etre effrayes mesure toule I'etendue et les
difficultes, mais bien et uniquement parce que les sa-
chant animees au meme degre que vous du desir d'etre
utiles a nos contrees, vous pensiez que ce but comraun
serait plus siirement atleint en mettant aussi en com-
mun tous les efforts individuels.
L'ordre du jour, Messieurs, indique d'abord la no-
mination du bureau general. D'apres le reglement, on
doit voter separement et je dois avoir I'honneur de
vous prevenir que la simple majorite decide de I'elec-
lion.
La necessite de nous constituer dans le plus bref
delai, et le temps que vont demander tant de votes se-
35
pares, nous engage, Messieurs, a supplier les persunnes
(}ui seront elues a accepter les fonctions qui leur se-
ront dcvolues. Ce sera une preuve de zele pour I'oeu-
vre commune dont chacun dcvra leur ctre recounais-
sant, el ce ne sera d'ailleurs qu'un fardeau passager,
puisque leurs fonctions peuvent iinir avec I'annee.
LISTE
DES
Menibrcs foiidnlcurs de la Sociele academique
DE MAINE ET LOIRE.
Messieurs,
Adville, hibliolhecaire en chef de la ville d' Angers.
Barasse, imprimeur-libraire, rue Saint-Laud.
Barre-Bertery, ancien notaire, cour Saint-Laud.
Baumann, professeur de musique, rue Saint-Aubin.
Bedie, professeur de langues etrangeres, place du Rallienient.
Bellier, conseiller a la Cour imperiale, rue Menage.
Beraud -^ , conseiller a la Cour imperiale, rue Saint-Gilles.
Berger (Adrien) ^, secretaire-general de la Prefecture , rue
Desjardins.
Berger-Lointier, membre du Conseil general, boulevard des
Lices, 18.
Bernier, instituteur communal a Champigne.
Besnard (F.), negociant, pres le Mail.
Bibari), architecte, place du Ralliement.
37
Messieurs ,
BiGORiE (de) i'ff, premier avocat-general a la Cour imperiale,
rue des Lices.
Bigot (Elie), baiiquier, rue des Cordeliers.
Bigot (Th.) *, docteur-inedecin , professeur a I'Ecole di*
niedecine. place Falloux.
BiLLOi), docteur-medecin, directeur de I'Asile des alienes de
Sainte-Gemmes.
Blavier i(, ingenieur des mines, rue Ilannelou.
BoNNiN, doreur, place Neuve.
BoREAU, directeur du jardin botanique, professeur a rEcole
superieure.
BoiCHE, professeur de mathematiques au Lycee et ;i I'Ecole
superieure, rue des Bas-Chemius.
BouMiER, verificateur des poids et mesures a Segre.
BouRciER (Caraille) it, conseiller a la Cour imperiale, rue
Desjardins.
BouTROUE, architecte de la ville d' Angers, rue Desjardins.
Cadeau, professeur a I'Ecole normale.
Castonnet, docteur-medecin, professeur a rEcole de mede-
cine, rue Haute-Saint-Marlin.
Champneuf, chirurgien-major en retraite, prop, a Vernanles.
Charon, greflier de la justice de paix du premier arrondisse-
ment, rue de la Madeleine, 41 .
Chauvin, professeur de mathematiques a I'Ecole des arts,
rue Saint-Jacques.
Chemellier (de), pere, proprietaire, boulevard de la Mairie.
Chesneau, proprietaire, naturaliste amateur, place Lesviere.
CiiEux (Jules), avocat, rue Chapcronniere.
Chevalier, professeur a I'Ecole normale.
Chevre-Boughet, proprietaire, ancien adjoint au maire, rue
de la Croix-Blancbe.
CosNiER (Leon), imprimeur-libraire, Chaussde Saint-Pierre.
CouLON, chef d'instilulion a Saumur.
38
Messieurs ,
Coi;RTiLLEnaineiS;,conseilleralaCourimperiale,rue duLycee.
CiiBAiN, avocat, docteur en droit, rue Boisnet, 30.
CuNE, professeur au Lycee, rue Basse-du-Mail.
Dauban, pere ^, directeur honoraire des Ecoles d'arts et
metiers, rue Faubourg Bressigny.
Dauban, fils, directeur du Musee de peinlure, professeur aux
Ecoles municipale et superieure.
Daviebs, docteur-medecin, professeur a I'Ecole de medecine,
rue Saint-Jacques.
Deschamps, chanoine lionoraire, aumonier du Lycee.
De Smyttere, docteur-medecin de 1' Asile des alienes de Sainte-
Gemmes.
Desprez, professeur au Lycee, rue de la Madeleine.
DoLBEAU, professeur au Lycee.
Di'LOS, professeur a I'Ecole des arts et a I'Ecole superieure.
Dlmont, docteur-medecin, professeur a I'Ecole de medecine,
place Saint-Maurice.
DuRAND, professeur au Lycee.
Feille, docteur-medecin, rue Beclard.
Foi'RNiER, licencie en droit et docteur en medecine, rue
Hardouin.
Gaucher, professeur au Lycee et a I'Ecole superieure, rue
Menage.
Gautier, professeur au Lycee.
Genevier, pharmacien a Mortagne-sur-Sevre.
Gidel, professeur de logique (actuellement a Nantes).
Giraud-Lesodrd, proprietaire agronome, rue d'Orleans.
GouiN, avocat et juge suppleant a Bauge.
GouiN (Eugene), docteur-medecin a Noyant-Bauge.
Gripon, professeur des sciences physiques au Lyc^e et a
I'Ecole superieure, chemin de Saint-Leonard.
Grosbois ^, conseiller a la Cour imperiale, rue de la Pre-
fecture.
39
Messieurs ,
Cruder, homme de leltres, employe a la Prefecture, rue
Saumuroise.
GuicHARD, ilocteur-medecin, professeur a I'Ecole de mMe-
cine, rue Faubourg Bressigny.
GuiTTON jeune, avocat, rue Milton.
GuzzY, professeur au Lycee.
Hauion *, chef de bataillon en retraite, rue de la Madeleine.
Hehbel, proprietaire, place du Lycee.
HiLAiRE, docteur-medecin, rue Saint-Aubin.
HuNAULT DE LA Pelterie, docteur en medecine, rue St.-Julien.
Janin *, capitaine en retraite, prepose en chef de I'octroi,
montee Saint-Maurice.
Janin lils, etudiant en medecine.
JoLY i^, architecte, inspecteur des monuments historiques, a
Saumur.
JoussELiN (de), proprictaire-agronome a Saint-Georges-sur-
Loire.
JuBiEN, avocat, place du Ralliement.
Lachese (Paul), imprimeur, chaussee Saint-Pierre.
Laine-Laroche, manufacturier, rue Saumuroise, 54.
La Perraudiere (Henri de), botaniste, rue du Cornet, 24.
La Revelliere (Yictor), ancien depute, au Fleche, commune
d'Avriile.
Las Cases (c"^ Barth^lemy de), membre du conseil general,
proprietaire des mines de la Pree, pres Chalonnes.
Lecerf, imprimeur, place Saint-Marlin.
Lecomte du Parc (I'abbe).
Ledantec, conducteur de 1" classe des Ponts-et-Chaussees,
rue Saumuroise, 40.
Leger, directeur d'assurance, boulevard de laMairie, 15.
Lens (de), inspecteur de I'academic, rue Haute-du-Figuier, 8.
LiiUMEAi', instiluteur communal a Trelazc.
Masieht, conseillcr de Prefecture, place Lesviore.
40
Messieurs ,
Mayet, controleur de la garantie, rue de I'Academie.
MiCHEUN, docteur-medecin, place Saint-Maurice,
MiEULLE (Anatole de), directeur de la banque de France a
Angers.
MiRAULT * , docteur-medecin, professeur a I'Ecole de mede-
ciiie, rue Saint-Evroult.
MonoRET, proprietaire, rue Saint-Georges.
MouRiN, professeur au Lycee et a I'Ecole superieure, rue
faubourg Bressigny.
Ollivier (Charles-Serene), pharmacien de !''<' classe, fau-
bourg Bressigny.
Oriolle fils, manufacturier, rue Beaurepaire.
Orlowski , ingenieur civil, prcparateur de chimie a I'Ecole
superieure, rue Painpare.
OuvRARD de Beauvau, docteur-medecin, professefir a I'Ecole
de medecine, rue Saint-Jacques.
Pagnien, libraire, rue Saint-Serge.
Pallut, professeur au Lycee.
PiNOT, secretaire au bureau de I'Academie, faubourg Bres-
signy, 15.
Planchenault*, president du Tribunal de l"""" instance, con-
seiller municipal, boulevard du Jardin des Plantes.
Planchenault fds, avocat, docteur en droit.
Place, professeur au Lycee.
PoiTOU, conseiller a la Cour Imperiale, rue de la Prefecture.
Port, arcbiviste de la Prefecture.
Prevost (Emile), avocat, rue de I'Hopital.
Provost jeune, botaniste, rue Baudriere.
Raynaly, entrepreneur, rue Boisnet.
Richard (Max), manufacturier, rue Saumuroise, 54 .
Riche (Alfred), docteur es-sciences, a Paris.
RiDARD, docteur-medecin, rue de la Prefecture.
Robert (Gamille).
41
Messieurs ,
Rondeau, negociant, place de rAcademie.
Rousseau fils, proprielaire, a Saint-Georges-le-Toureil.
Sailland, negociant, rue Grainetiere.
Sailland fils.
Simon, controleur a la banque (actuellement a Avignon).
Talbot, avocat general a la Cour imperiale, rue Saint-Julien.
Thouet, docteur-medecin, place Saint-Martin.
Thouvenel, professeur, ex-president de la Societe gramniati-
cale, rue Grainetiere.
Trottier (Emile), negociant, rue des Champs Saint-Martin.
Trottier (Henri), negociant, place du Ralliement.
TuRQUET, conseiller a la Cour imperiale, rue Hardouin.
Valienne, inspecteur des Ecoles primaires, k Segrc.
Vergne, inspecteur des postes, rue Saint-Denis.
VoisiN 'ff, receveur general des finances.
N, B. Plusieurs adhesions dont les signatures sont trop peu lisibles
pour qu'on n'ait pas eu a craindre d'erreur, n'ont pas it& comprises
dans cette liste. Les adherents dont le noin n'y figure pas sont invites
a renouveler leur adhesion.
BUREAU DE LA SOCIETE. — MM.
President, comte de Las Cases *.
Directeur-adminislrafeur, Planchenault *.
Seer Hair e-g6neral, Beraid -^.
Archivisle, Herbel.
Trisorier, Janin *.
42
SECTIONS.
I" SECTION. — Agriculture.
N'a pas constitue son Bureau.
11^ SECTION. — Sciences physiques et naturelles.
Bureau. — MM.
President, Boreau.
Vice-President, docteur Daviers.
Secretaire, Gripon.
Vice-Secretaire, Orlowski.
Membres de la Seetion, MM.
Adville, Beraud, Berger-Lointier, docteur Bigot, docteur Billod,
Blavier, Bouche,Cadeau, docteur Castonnet, docteur Champ-
iieuf, Charon, Chauvin, Chesneau, Dauban pere, docteur
de Smyttere, Dulos, docteur Dumont, docteur Feille,
docteur Fournier, Gaultier, Genevier, docteur Gouin, doc-
teur Guicliard, docteur Hilaire, docteur Hunault, Janin
pere, Janin fils, Joly, de Jousselin, de La I'erraudiere,
La Bevelliere, comte de Las Cases, Ledantec, de Lens,
docteur Mirault, docteur Michelin, Ollivier (Ch.-Ser.), doc-
teur Ouvrard, Provost jeune, docteur Ridard, docteur
Thouet, ThouveneL
Membres adjoints coUcctenrs, MM.
Deloche, preparateur au cabinet d'histoire naturelle, Tou-
piolle, naluraliste.
43
III*^ SECTION. — Industrie ou technologie , commerce
ET STATISTIQUE.
Bureau. — iMM.
President, Voisin *.
Vice-President, Laine-Laroche.
SecrHaire, Chevre.
Vice- Secretaire, Chauvin.
Membres de la Section, MIM.
Barasse, Barre-Bertery, Besnard, Bibard, Bonniii, Blavier,
Bouclie, Boumier, Boulroiie, Clieux, Cosiiier, Daubaii pere^
Dulos, Genevier, Gripon, Guitlon jeune, Janin pere, Joly,
de Jousselin, Lachese (Paul), Lecerf, Ledantec, Mayet, de
Mieulle, Mordret, Ollivier, OrioUe fils, Orlowski, Pagnien,
Provost jeune, Raynaly, Richard (Max), Rondeau, Sailland
pere, TroUier (Emile), Trotlier (Henri), Vergne.
IV* SECTION. — Belles-lettres, beaux-arts, sciences
HISTORIQUES, ARCIIEOLOGIE ET GEOGRAPHIE.
Burcitu. — 9IM<
President, de Lens.
Vice-President, Poitou.
Secretaire, Mourin.
Vice-Secretaiir, Thouvenel.
Nota. Tons les membres de la Soci^tt'' poiirront prendre part aiix
Iravnux de cette section.
44
Y« SECTION. — Medecine, pharmacie, hygiene publique,
ART VETERiNAiRE (voir I'art. 15 du Reglement).
N'a pas constitu^ son Bureau.
OBSERVATION.
La Society Acad^mique de Maine et Loire ^labore en ce moment de
nombreux travaux se rattachant a THistoire, a la Lilterature, a I'ln-
dustrie des ardoisieres, a la Toxicologie et aux diverses branches des
sciences naUirelles. D'iniportants Memoires sur la Botanique, notam-
ment une Revue monograpliique des Rubus de TOuest, seront succes-
sivement presentes par MM. Boreau, Genevier, de La Perraudiere, etc.
Les Memoires de la Societe Acadeniique offriront done, soil par la na-
ture des travaux publies, soil par leur variete , un int^ret justifi^
d'avance par les connaissances speciales et par la position qu'occupent
dans les lettres, les sciences, ou I'enseignement, le plus grand nombre
de ses membres.
La Soci(5te Academique offre Tecbange de ses Memoires centre les
publications des divers corps savants auxquels elle adresse ce premier
num^ro contenant les prolegomenes de ses actes.
PHYSIOLOGIE DE LA PAROLE.
11 est des questions qui toujours los nicmes reslent
pourlant toujours nou voiles : ce sont celles qui, par
lour nature, piquant vivemont notre curiosito, ou sai-
sissant (ilroitement nos besoins, offront sans cosse a
Tobservation do nouveaux points de vue, et a la dis-
cussion un champ fccond en nouvolles applications.
Ce n'ost plus alors la s(Muction du style et rarlificc
du discours qui donnent ou rcndent a la question son
attrail, c'est le fond ai^nie et la valour dcs iddcs qui
rdveillenl et entrainent I'atlention.
Renconlrer ces questions, c'est retrouver un vieil
ami, donl I'ame toujours jeune explore avec nous
sans cti'ort Tinepuisable carriere do rexpiirienco.
Cost tanlot la philosophic chercheuso et pratique
de Montaigne, ou la finesse et tout a la fois la profon-
dcur d'observation do Molioro et La Fontaine, tantdt
la grandeur d'ame de Corncillo et Bossuet, ou bien
la candour si touchante do Racine et Ft^nelon. C'est
une autre fois la verve pindariquo du chantro natio-
nal, ou bien les accords bibliques do Lamennais
Pour aujourd'hui, permellez-moi, Messieurs, d'ar-
r6ter un instant voire bienvoillance sur Porigino do
4
/*6
la parolo, les condilions dii lungago et leur influence
sur la perfecUbilite do riiomme et le progres dos con-
naissances.
A cet L^gard, et pour ne parler que d'autcurs fran-
(jais, 11 pouirait senibler un momoni qu'apres Volney,
Dupont de Nennours, Deslull-Tracy , Cabanis, Gall,
Cuvier et plus recemment Toussenel, Michclel, il ne
resle plus mcme a glaner; niais ces ponseursserieux,
COS ecrivains elegants, loin d'avoir epuis6 riieritage
qu'il nous ont legue, font plutot feconde, ct les der-
niers explorateurs pen vent trouver encore assez belle
moisson.
Rappelons d'abord, cornme fait, que la parole est la
inise en signes, ou I'expression de la pcnsde, an
moyen des sons varies de I'organe vocal, el que le
langage est la parole elle-menio consideree comme as-
sujeltie a des regies el a des lois conventionnelles,
d^pendantes des lieux, des lemps et des moeurs. Cost
sous CO point de vue qu'il convienl de dire qn'on pent
refrouver riiisloire morale el plnlosophique d'uii peo-
ple dans Fhistoire de sa languo ; car si, connne dit
BufTon, le style, c'est Thomrne ; la languo, c'est la
nation.
Tons les animaux ne sont pas doues d'une faculty
vocale, du moins apparente pour riiommc : les insec-
tes, les poissons, les reptiles ne proferent ni cris, ni
sons modules, perceptibles pour nous.
D'autre part, certaines especes d'animaux ont une
telle delicatesse de sens qu'ellc echappe a I'observa-
tion la plus perspicace et la plus soutenue. Qui done
a jamais mesuri^ retendue el la surete du regard de
I'aigle et de riiiiondelle, la finesse de I'odorat da
M
T;liion, la snsceptihilile de Tonie du dial et dii lievre,
la leiiuito el pourlaul la dcxlerilc dcs orgauesde I'a-
b(.'il!o ol de raraignee ?
ToujoLirs est-il que de tons les aaimaiix qui expri-
raent Icurs seiilimenls et leurs passions par des crls
ot des arliculalions, riiomnie est le soul qui soil doue
de la faculle de niellre en signes convenlionncis ces
seulimenls et ces [)ens(5es, et par consequent de for-
mer des idees abslraites. Et c'est precis^ment la le
caraclere essenliel el dislinelif de la parole; comme
c"est aussi chez riioinnie la cause occasionnelle de
Teducabilileet de la perl'eclibilit(!\ qui n'exislent point
ei ne peuvent point exisler chez la bele.
Ce qui n'implique en rien pour elle la negation de
I'anie el par consequent de la pens^e, mais ce qui la
rt^duil an seul inslinct.
Qui ne se rappclle a ce sujet I'exemple de son Mon-
taigne?
« Par ainsin, disait-il, le regnard, de quoy se ser-
vent les habitants de la Thrace, quand ils veulent en-
Ireprendre de passer par-dcssus la glace de quelque
riviere gelee, el le laschent devant eulx pour cet efFecl;
quand nous le verrions an bord de Teau approcher son
aurcille bien [)rez de la glace, pour sentir s'il orra,
«!une longue ou d'une voysinc; distance, bruire I'eau,
courant au-dessoubs, et, selon qu'il Ireuve par la qu'il
y a plus on moins d'espesseur en la glace, se reculer
ou s'advancer ; n'aurions-nous pas raison de iuger
qu'il Iny passe par la lesle ce mesme discours (pTil
lerait en la noslre, et que c'esl une raliocinaliou el
consequence lir(5e du sens naturel : « Cequi faict brui(;l
+> se rcnnie ; ce qui se rennie, n'est pas gele ; ce qui
48
« n'est pas geld, est liquide ; el ce qui est liquide plie
» soubs lefaix?» Car d'allribuer cela seulement a
line vivacile du sens do roiiie, sans discours el sans
consequence, c'esl une chimere, el ne peull entrer en
nostre imagination. De mesme fault-il eslinier de tanl
de sortes de ruses et d'invenlions, de quoy Ics besles se
couvrenl des enlreprinses que nous faisons sur elles. »
SaiiS doule, il ya des liommes plus capables el plus
instruits les uns que les aulres : le philosophe qui a
decouverl les lois do la pesanleur el decompose la lu-
miere, 6lait dou6 d'uno faculle comparative autre-
ment puissante quo celle du savant modcrne qui
vienl do nous expliquer comment nous pourrions
elre coudoyds impun^meul par une coniete, tandis
que nous avons a rcdouler l'an(5anlissemenl subit du
soleil.
Aussi Newton aurait-il pu dire, en parlanl de lui :
Pendant que la pluparl des intelligences peuvent a
peine envisager simultanement quelques id^es, pour
ddlerminer les rapports qui existent outre elles, moi,
je puis, sous mon regard, on tenir dix en pr(5sence.
Comme Racine, dans un autre ordre d'id(5es, disait de
lui-meme, avec une admirable candour : Ce qui me
distingue dePradon, c'esl que je sais (icrire.
II y a des nations plus ou moins civiliseos : les Ila-
licns du Nord comprennenl mieux ce qu'on doit en-
tendre par droits el devoirs que les habitants de la
Grece acluelle. Cependanl les araignoes a Turin ne
tissent pas leur toile avec plus d'arl qu'a Albinos, et
les abeilles de M. de Boauvoys ne font pas leur miel
autrement que celles de Virgile.
Pourquoi cola ? voila tout noire theme.
■ill
Mais avaiit de passer oulre, comme les inols n'ont
pas de valeur par eux-mcmes, et qu'ils ne signifient
que ce qu'on est convenu de leiir faire signifier ; qu'il
nous soil permis de prc^ciser d'abord ce qu'on enlend
par idees abslrailes; car c'csl en negligeant de s'en-
lendre aussi rigoureusement que possible sur le sens
et la signification des mots, et en leur abandonnanl
une valeur par trop elastique que I'ons'cngage et que
Ton se perd souvenl dans des discussions intermi-
nables.
La raison pour laquelle vous ne pouvez pas vous
entendre, disait Royer-Collard, a Tancienne Chambre
des deputes, est bien rnoins que vous diff(5riez sur le
fond des questions, qu'en ce que vous ne parlez pas
la nieme langue. Le ton lui-menie, I'accent, la nuance
la plus d(51icate et la plus fugitive denaturent et reu-
versent le sens du mot. Combien de fois non, n'a-t-il
pas voulu dire oui?
11 n'est pas besoin pour donner un exemple remar-
quable de Tabus des mots de raviver la bizarre querelle
des rcalisles el des nominaux, dont, pour le dire en pas-
sant, noti'e professeur d'hisloire aux cours supdrieurs
d'Angers a tracd recemment de main d(! maitre une
esquisse, qu'on pent ne pas connaitre sans doute, mais
qu'assurement on ne pent pas oublier quand on I'a
entendue ; il nous sutlira de rappeler a propos des idees
abstrailes et des idees genc^rales , qui font en ce mo-
ment I'objet de notre entrelien, que c'est au in' siecle
de I'ere chrdtienne que parait s'etre elevee vivement
la question de savoir si ellcs onl des objet r(5els, ou s]
<'lles no sont que de simples ddnominalions.
Porphire, dans son introduction aux categories, di-
5&
dare qu'il s'abstiendrade prononcer sur les queslions
suivanles : les genres el les especes exislent-ils rdel-
lement dans la nature , ou bien ne sonl-ils que des
eoncopUdns de Tesprit humain, etc.? L'opinion qui
semble avoir prevalu dans les siecles suivants , dit
Gcnly, est que les universaux n'exislent ni avant les
cboses, ni apres les choses ; c'esl-a-dire que les idees
universelles n'onl pas , comme Tenseignaient Platon
et Arislole, une existence distincle et S(*par6e des ob-
jets individuels, et qu'ainsi elles n'ont pu exister avant
eux; qu'elles ne sont pas cependant comme le vou-
laient les stoiciens , de pures conceptions de I'esprit,
de simples r(5suUats de la comparaison des individus ;.
mais que cos formes sont de loule elernite inherentes
a la nature des choses. — Au onzleme siecle, Rosce-
lin, Abeiiard, et un pen plus tard Ramus, en adop-
tant a col egard la doctrine de Zihion , renouvelerenS
la dispute, et donnerent naissance aux deux secies
des nominalislos et des rt^'alistes. La premiere fut con-
damnee et bienlot oubliee , soil parce qa'elle donnait
de mauvaises raisons de sa doctrine, par exemple, qu'il
no faut pas multiplier lesetres sans n<5cessit(5....; soil
par qnelqiie cause morale ou politique, qu'il est diffi-
cile aujourdhui de determiner.' — Au treizieme siecle,
Thomas d'Aquin s'accordait avec Jean Scot pour re-
jeler la doctrine des nominaux comme dangereuse
dans scs consequences, lorsque Giiillaume Occam,
disciple de Scot, rciveilla la querelle assoupie el donna
poiu' defensour a la secle des nominaux Louis de Ba-
viere, landis qu'iillericurcment Louis XI, en France,
proscrivait cetle doclrino el proiegeait les realisles.
— Enlrc les n'-aJisles et les nominaux existent les
51
concepliialislos, sorlo d'eclecliques ou cspece de nonii-
naux qui veulenl que les universaux soient des dtiiio-
ininalions donnees a des groupes d'idecs qui sont
communes a d'aulrcs. C'esl du moins ce qu'exposo
Bruck dans son hisloire de la philosophic. On doit
ranger dans celle derniere classe les philoiogues Dii-
marsais, Reid, Condillac.
Assez, assez, me direz-vous; je m'arrfite, en cfTi;!.
Get exemple suITil pour moulrer dans quelles pere-
grinations avenlurcuses s'enlacenl parfois les meil-
leurs esprils, quand ils ndgligenl la premiere loi de
la dialecUque, cclle de convenir nelloment de la valeur
des niols.
Je sais bien qii'il s'eleve ici une difTjculle : a qui
apparlient le droll de delerminer celte valeur des
mots? Esl-ce aux diclionnaires comme nous les pos-
sedons? est-ce au premier rcdacleur venu? est-ce a
moi de dire : lei mot signifie ceei ou cela? Assurement
non. II n'appartient qu'au peuple, aux grands ecri-
vains, aux bommes de genie, dil Lemare, de cr(!'er les
mots et d'cn consacrcr les litres de nationalite par
I'emploi n^pele qu'ils en font dans leurs Iravaux el
dans leurs ouvrages. Un mot n'esl frangais et n'a telle
ou telle valeur qu'a ces conditions. II n'y a que les es-
prils mc^'diocres qui cherchent a faire ployer ces lois
sous leur vanile.
C'esl en consequence de ce principe que nous di-
rons apres Locke, J. -J. Rousseau, la Romiguiere,
qu'on appelle idces abslraites par opposition a iddes
concretes, celles donl les objels n'onl d'exislence que
dans I'esprit , el donl on ne pent en consequence
rnonlrcr ces objels en dehors de nous.
m
Ces id(5es se torment en effet par abstraction ; mais
toute abstraction suppose necessairement I'emploi de
signes conventionnels.
Nous allons reconnaitre que les signes convention-
nels de nos id^es ne sent autre chose que les dl^ments
d'une langue, et que la valeur el les progres d'une
science, quelle qu'elle soil, tiennent au m(5rite de sa
langue.
En quoi consistent done, en effet, les services que
Monge a rendus a la gdomc^trie descriptive, si ce n'est
dans le perfectionnement de la langue inventt^c par
Viete, pour appliquer I'algebre a la gdomdtrie?
N'est-ce pas en dotant la chimie d'une langue que
Lavoisier a presque cr6d cette science?
Pourquoi I'anatomie a-t-ello 6\e\6 Bichat sur un
piddestal, si ce n'est pour honorer a jamais sa melbode
ou langue analytique?
El que nianque-t-il a ceux qui s'en vonl colporlant
naivement que la botanique n'est qu'une science de
mots — comme s'il pouvait y avoir une langue sans
mots — si ce n'esl de savoir metlre les iddes sous les
mots et de compvendre la langue?
Mais rcvenons a la formation des iclees abslrailes, el
sans remonter prc^cisement a la creation du monde,
disons pourtant que les premiers honmies , n(5s de la
lerre, comme nous voyons encore aujourd'hui d'au-
Ires animaux en sorlir, pai* la volonte mysl(^rieuse de
Dieu, qui enveloppe d'un voile impenetrable toutes
les causes premieres, onl dft, presses el contraints par
leurs besoins, leurs plaisirs el leurs douleurs, proK'rer
des cris et des articulations determines invincible-
mcnl par lour organisation. El c'eslici le lieu de fair©
53
observer que la valeur phonique de ces sons inarlicu-
Ids ou arliculds a dil elre h Torigine, comme clle Test
encore aujourd'hui, ddpendante du sol, du climat, do
la temperature, parce que les organes, instruments do
ces sons, en dependent ndcessairement, el tout aussi
materiellement que la saveur du raisin depend, a Fon-
tainebleau, a Malaga ou a Corinlhc, du lieu oil nail et
vil ce vdgdlal, ou que la couleur de rhommc a Slo-
kolm , a Paris ou au Cap en Afrique , ddpend du mi-
lieu dans lequel il se ddveloppe.
De la Torigine constante el ineffagable des accents,
des patois et, par suite, des idiomes; de la Timpossi-
bilitd d'une langue orale universelle.
Mais, bientot, les hommes se reunissant out inslinc-
tivement montre I'objet de leur emotion , en memo
temps qu'ils profdraient iju rri, un son ou une articu-
lation, qui devenait ainsi, par une convenlion naliirelle,
le signe de cet objet.
Par cxemple , qu'a la vue de ce que nous appelons
aujourd'hui soleil, et en montrant cet astre, un homnie,
en presence d'un autre homme, ait profdrd un son
quelconque : o, ol, sol ; I'un de ces sons , sol:, si vous
voulez, sera devenu le signe conventiotinel du soleil, et
quand le soleil, par suite du mouvement nature! de la
terre, aura disparu sous Thorizon, ce mot sol aura did
I)ropre a rappeler Tidde du soleil pendant son absence.
Qu'a Taspect de ce que nous appelons aujourd'hui
bceuf, et en montrant cet animal, un homme ait pro-
noncd Ic son bous, bos, ou tout autre, ce son sera de-
venu le signe convenlionnel tie I'animal donl il s'agil, el
aura did propre a en rappeler I'idde [)cndanl son ah-
souce.
54
Que saisi da besoin de manger, riiommo, egalc-
ment environnd de ses semblables, ait manifesld ce
besoin par unc mime parliculicre, el prononce en nieme
temps un son, ou une articulation , celle articulation
sera devenue propre a signifier la faim, alors m6me
qu'elle n'etait plus eprouvde.
Ainsi se seront formds les premiers mots 6videm-
mcnl signes conventionnels des \66es, soil d'6tres phy-
siques, soil d'etres m(5taphysiques, qu'il ne faut. bien
entendu, confondre en rien avec les idees abslrailes.
On con(;oit par analogic que les id(^'es de manieres
d'etre, auront et6 formees par les niemcs moyens.
Or, I'csprit humain ne peut avoir ou former d'an-
Ires id(5es que celles des filres et des manieres d'etre.
Nous n'avons jusquici paric que de la mise en
signes convenlionnels des idees meres ou gen(5ratrices,
c'est-a-dire des idees individuelles.
Voyons conmient a Taide de signes toujours conven-
tionnels,on a pu s'dlever aux idees de genres, d'especes,
enfiin aux idees abslrailes ou archc^types de toute na-
ture.
Supposons qu'a la vue de plusieurs liommes, un
autre liomme, pour distinguer ceux-la les uns des au-
Ires, et les rappeler individuellement a la mdmoire.
pendant Icur absence, ait donne a chacun d'eux un
nom propre : Paul, Jean, Tom. Ces noms, signes ar-
bitraires d'individus, auront designd par le mot Paul
im individu grand, par cxemple, mince, cheveux
blonds, voix douce, gesles timides, etc.; par Jean, un
individu, je suppose, petit, gros, cheveux noirs, voix
S'orle, niouvcmenls frequents, etc.
Mais si riiommedout nous parlous veut desigui'rlo
55
groiipe, rensemble de ces individus par un scul mol ,
il fora , comme on dit , ahslraclion des parlicularilc^s
individuclles de la laille, de la couleur des yeux, do la
qiaalil^ de la voix, de la nature de lapanlominie, ponr
ne tcnir comple que de la g(5n(^ralilc' d'une laille quel-
(.'onque, d'une couleur quelconque de chevoux, etc..
et il emploiera I'cxpression generique hommc, qui est
ainsi formde par abstraction , a Taide do mots on
signes conventionnels, rnais qui u"a pas de type hors de
I'esprit.
En effel, homme nVxisle point dans la nature , on
n"en pent pas montrer Tobjet; la denomination homme
cxprime un ensemble de qualil(^sou de nianieros d'6lre
communes a Paul , Jean , Tom , a tons les hommes,
mais n'en designe aucun en parliculier. Quand je
nomnie homme, je ne fais pa-; plus penser a Jean qu'a
[*aul; j"enonce seulemcnl uue idee abstraitc on ge-
nerate,
Pcrmeltez-moi , Messieurs, en tcrminanl , de pren-
dre encore un second et dernier exemple pour rendn;
plus applicable co point de doctrine.
Si de ridee or, je fais abstraction des idees Jamie
elincolant, dissolnbilite dans Tacide nitro-nnn'iati(pie
on clilorhydrique, comme on dit aujoiud'bui, qui lui
apparliennent, je forme Tidee metal, ])lus abstraitc
que I'idde or. Si de I'idee metal je retrancbe l(;s idees
fusibilite, ductilile, qui en font parlic, je forme lidee
mineral, plus abstraitc que lidee metal. Si de Tidee
mineral, j'ole les idees lerraneite , inorganisme , qui
la constituent, je forme \"u]<!;c corps, plus abstraitc que
l"ide(! mineral. Si de Fidee corps j'cnleve les idees.
uu»l)i!ite, figure, qui lui soul necessaires, je former
56
I'idee malierc, plus abslraile encore que Vidie corps.
Enfln, si de I'id^e matiere, je fais abstraction des idt^es
etendue, solidity qui lui apparlienncntje forme I'idee
substance, plus abstraile que VidiSe matiere.
D'ou Ton voil que plus on fait d'abstractions, plus
on generalise, moins il reste d'id(5es simples dansl'en-
semble des id(^es que I'espril conserve; en sorte que
plus la compr(5hension diminue, plus I'extension aug-
menle. De la le principe que la comprehension d'une
idee est en raison inverse de son extension.
En resume , Messieurs , nous avons etabli ce quon
entend par la parole et le langage; par id^es indivi-
diielles et idees abslraites ; nous avons fait voir qu'on
ne peut former d'id^es abslraites qu'a I'aide de signes
convenlinnnels ; qu'une langue n'est qu'une combinai-
son d'iddes abslraites , et qu'une science, se ramenant
a ime langue, trouve son merite dans celui memo de
la langue qui lui serl d'inlerprete.
Enfin, nous avons montrd comment I'homme, jouis-
sant seul de la faculty d'employer des signes conven-
lionnels pour former et combiner les iddes abslraites,
c'est-a-dire pour cr^er et perfeclionner les langues et
par consequent les sciences, est seul educable et per-
fectible ; tandis que la b6le , privee de ces ressources,
est eternellement renfermee dans le cercle infranchis-
sable de ses instincts.
C'est tout ce que nous pouvions nous proposer d'in-
diquer dans un intervalle de temps si court pour nous,
niais devenu par noire inhabileie, sans doule, un pen
long pour vous.
II. TlIOUVEINEL.
RECHERCIIES
SUR LES CAUSES ACCIDENTELLES DE LA MORTALITE DES
ARBRES DES PROMENADES PUBLIQUES , ET PARTICULIE-
REMENT DE CEUX A RACINES TRACANTES TELS QUE LES
ORMES, ET DES MOYENS RATIONNELS ET PRATIQUES DE
COMBATTRE CES CAUSES.
On s'(5lonne, on s'inquiete desvides de plus en plus
freqiienls qui se font parnii Ics ormes des boulevards
do Test de la ville et qui semblent menacer d'une des-
truction prochaine et complete ces allees ombreuses
qui, a parlir du premier Empire, sont venues suc-
ocssivement se subslituer a la ccinture de noircs mu-
raillcs el de giganlosques foss(5s donl la cite angevine
avail (jte emmailloUee dans son berceau feodal. On so
demande comment il pent so I'aire qu'en quelques
anndes nous en ayons vu un si grand nombre dispa-
raitre par un deperissement prdmature et lorsqu'a
peine ils alteignaient un age, qui dans nos campagnos
est pour cux cehii de la jeunesse et de la vigueur.
Cliaeun s'enquiert des causes de cetle sorle d'epid«5-
mie veg^'lale; chacnn propose sa solution ou ses
58
doules el Ton fiiiit g(!'n(halenienl par accuser qui le-
go:;, qui le scohjte, lorsquft selon nous ils en seraienl
plutot les l(5moins inoffensifs quo les auleurs ou les
complices.
Quant au gaz d'abord, il suffit, pour le nneltre hors
de cause, d'ouvrir les recueils des Soci(5t(^s savanles
du dernier si^clc , ou des premieres anndes du notre.
On reconnait alors que bien longlemps avant que la
chimie motierue fut venue I'appliquer a I'dclairage,
deja el dans beaucoup de villes importanles de France
et de Holiande, oil par Texlension de la {lopulalion,
les promenades elaient le plus fr(^quent6es , on signalait
Tespece de maladie de langueur qui sevissait des lors
sur les ormes, en meme temps que la presence du
scolyte et des aulres insectes xylophagcs qui s'alla-
quent a eel arbre.
Ddja aussi Ton avail cherch(5 les moyens de preve-
nir I'invasion de la maladie, el celle de Tinsecte qu'on
n'en s(5parait pas, et Ton conseillait entre autres le
badigeonnage a la chaux vivo du tronc et des grosses
branches que nous avons pu voir essayer infruclueu-
senient ici.
L'application de ce proc*5d6 donna memo lieu jadis
a une singuliere mdprise de la part d'un savant pbilo-
logue qui duns un voyage d'outre Rhin, ayant remar-
que que les Ironcs de tons les arbres de la promenade
de Harlem (ilaient peints ou badigeonn<iS, clioqud do
celle parure insolile dont il ne se fit pas expliquer le
motif, en prit occasion de reprocher au peuple hol-
landais ne sur le sol arlificiel par lui (emerge , de
siibir a ce point les influences de son origine, qu'i!
<H(ul incessammenl porle a subsliluer les boaulcs
59
arbilrairos el faclices aux bcaul(!'S reelles et natives de
la nakire. Tant il est vrai que I'osprit g(?ndralisalciir si
puissant ft perspicace qu'il puisse etro, poul parfoisse
laisscr enlrainer a d'elranges inductions lorsqu'il n('.-
giige I'citude des fails en apparence Ics plus spt?-
cieux !
Cctle anecdote qui remonte a 1834 conflrmerait aii
besoin que le depdrissement des ormes sur cerlaincs
pronnenades publiques elles ravages du scolyle dtaient
des fails acquis avant que le gaz fCit venu prendre pos-
session du sol de nos villes, el qu'il serail fond(j a rd-
pondre a ces accusateurs comnie I'agneau de la
fable :
Comment Teuss^-je fait , si je n'etais pas ne ?
Si le gaz pent d'ailleurs produire sur la vdgdtalion
des effets malfaisants par son absorption dans la terre,
au moins esl-il certain, que, dans les sols argileux et
compactes, sa sphere d'action devrait 6lre fort res-
ireinte, s'dtendre pen au-dela des fuiles, et quo celles-
ci dtant pen frdquentes, son influence delclere ne
pourrait autant multiplier ses ravages. Comment ex-
pliquerait-on aussi que les arbres alleinls fusscnt tout
aussi bien ceux qui sont dloignes des tuyaux de con-
duite que ceux qui les cotoyent? Et que, dans la ligno
qui les suit, il n'existe pas plus d'arbrcs attaquds que
dans les autres ?
Tout ne se rdunil-il done pas pour prouver que le
gaz est innocent des nonibreux inel'aits ((u'on lui at-
Iribuc, et qu'il faul cherchcr uiie autre cause au de-
peuplemcnl de nos boulevards.
60
Colle cause la trouvera-t-oa mieux dans la preseiioe
du scolylo? C'esl ce qu'il nous I'aul mainlenanl exa-
miner.
El d'abord, si nous suivons le d^vcloppement de
r6tal maladif auquel nos ormes succombenl plus ou
moins promptement, nous les voyons languir, sou-
vent plusieurs ann^es, avant que la criblure de leur
dcorce revele Tapparilion de I'insecle; nous remar-
querons en outre que cet (5tat de langueur est toujours
et n(5cessairement accompagne d'une diminution no-
table dans la production de la seve, et que par conse-
quent, c'est seulenient lorsque son appauvrissement,
ou uno suspension plus ou moins complete de sa cir-
lalion s'cst manifestee, que le scolyte vient a faire son
apparition. Et si en effet celaest, c'est qu'il n'en pent
6tre autrement, car Tinsecte et sa larve sont destines
a respirer lair en nature par des trach<5es et manquent
d'un appareil brancbial propre a degager I'oxygene du
liquide ambiant. lis seraient done frapp6s d'asphyxie
dans un milieu oil ils seraient baign(5s par I'affluence
de la s6ve, accident d'autant plus imminent que I'e-
poque de la ponte, de I'^closion de la larve et de ses
metamorphoses coincide avec celle oil la seve est dans
sa p(5riode d'aclivil6 et d'abondance.
Si le scolyte pent done ainsi s'etablir an printemps
meme sous I'ecorce, c'est que par une cause quelcon-
que, soit naturelle comme la vieillesse, soit acciden-
telle, la seve se trouve alors appauvrie et I'arbre a peu
pres d(ija frappe de mort; sa presence est done conse-
cutive et non deierminante de I'^tat morbide, et s'il
intervient, c'est parce qu'il doit accomplir a son heure^
tmc fjeuvre de disorganisation que la nature lui a
61
confl('e, ainsi qu'w pliisiours aulrcs cspecos de sa fa-
rnille,a chacune d(!squelles cllo a r(5parli sa U\cl)esp(5-
ciale. Le scolyte de Torme par exomple n'est pas lo
tn6mo que celui dos branches dii pin el do I'l^corce dii
frene. Chacnne de ces trois especes Iravaille a sa ma-
ni6re, dispose differemment le dessin de ses galeries
sous coilicales, ou s'atlache a des parlies differenles
des arbres. Ainsi le scolyte dusapin atlaque surloul les
branches inferienres de eel arbre , el sans nul
(ioule, par la raison que rallongement de la lige en a
relire la seve, aussi Linnee qui le croyait du resle
i'auleur rneme de la deslruclion de ces branches, I'ap-
pelail-il le jardinier de la nature. Celle diff(^rence
dans les Iravaux de ces divers insecles est bien connue
des enlomologisles qui ne fonl pas seulemenl de la
science de cabinel, el bur examen qui suffil pour dd-
lerminer I'cspece qui les produil, a suffi aussi en cer-
taines circonslances, pour induire de celle-ci I'esp^ce
do I'arbre sur I'aubier duquel ces lypographes 6m6-
riles out grave la Irace de leur passage.
Toules ces especes xylopliages onl rcQU rimporlanle
mission de baler I'inslanl oil cerlains debris v(5gd:aux
doivenl renlrer dans la masse de eel humus qu'Hum-
phry Davy appelail le labor atoire commun, d'oii la vie
v6g6tale vienl exlraire des elemenls pour t'ornuM' de
nouvellcs coinbinaisons organiques, qui servironl k
I'alimenlalion des animaux, lesquels, a leur lour, les
rcverscronl encore sous diverses formes dans le reser-
voir genciral. C'esl loujours le cycle sans fin, le serpent
symbolique, se mordant la queue, el formanl eel an-
neau vivanl el mysl(irieux qui repr(i&enle Idlcrnite
des el6mcnls de la vie des 6lres lout aussi bien que
*
rtHernile prise dans lui sons plus abslrail et plus
g(5ndral.
Ainsi done n'accusons plus ddsormais ces pauvres
insecles qui n'en peuvent nnais, agents obscurs et pas-
sifs, mais ouvriers infaligables de Toeuvre sans cesse
renaissanlc que leur a imposee lY'ternelle sagesse, qui,
dans la reaction des elres organises les uns sur les au-
tres, dans cc balancement indc^flni des formes et des
forces vilales, oil I'equilibre se fait toujours dans un
temps donn^, se montre surtout soucieuse d'assurer
ia perp^luil^ de Tespece, mais non pas d'en vouloir
jamais sacrifier aucune au profit d'une autre.
Mais sorlons des genc^ralites pour ciler des fails d'un
enseignemeni supc^rieur a celui de la logique la plus
specieuse, et qui out loule I'aulorite des experiences
directes, bien que nos observations, quoique compa-
ratives, n'aientete que le r^sultal d'accidents.
Je poss6dais deux ornies Ages de 70 a 80 ans. Ȥga-
lenient vigoureux , planles aux deux c6les d'un(!
barriere, el dislants de "2 metres d'un foss6 a demi-
combl6, en partie rempli d'eau pendant six mois el
dans lequel I'un d'eux, celui du nord, avail t^tendu ses
racines qui le franchissaient meme pour alter Irouver
au-dela une pelouse fraiche.
Ayantpar suite d'un nivellement abaissd le sol d'un
demi-melre , je laissai au pied de chaque arbre un
banc degazoncirculaire pour prot(5ger les racines su-
perflcieltes. Toulefois I'orme du nord, le plus vigou-
reux des deux, eut Irois grosses racines de 25 a 40
centimetres de diamelre coupt'es a 80 centimetres de
longueur. It perdit en outre loutes celles qui garnis
saienl le fossel' et celles qui le d^passaienl ; eel arbre
63
i-oiil eiil done a soiitTiir. Aiissi, d6s le prinlomps qui
siiivil, il nes(^ fciiilla que lenlemenl; plusiours do ses
liaulos branches ne poussercnl nienie pas.
L'annee siiivanlo, eel (5lal de laiigiiour eonlinua el
ec fill alors que le scolyle Hi son apparilion. line parlie
de Tecoree dii Irone, celle de deux grosses branches
perpcndifMilaires lomberenl en lambeaux vers I'au-
lonmtj. II n'y cut a persisler dans I'ecorce du Ironc
que Irois lani^res elroiles, correspondant aux bifur-
cations des grosses racines amput(5es el qui elaient
alinienlees par les racines pivotanles ou inferieures
resides inlactes. Ainsi reduite, la seve put suffire a
Tentretien de ces trois lanieres el s'y concenlrer de
telle sorle que le scolyle n'y put pentHrer.
Cependanl, le fosse qui avail cH(^ creusc se Irouvant
conslamrnenl rempli d'eau , porta une nourriturc!
uouvelle aux racines profondes de I'arbre qui piirent
se ddvelopper et reparer les perles qu'il avail soutler-
tes dans son chevelu. La s6ve recouvra son abun-
dance , les lanieres furent bienlol insutlisantes a la
contenir, un immense travail de bourgeonnenieiit
d'(5corce se manifesta aulour de loules les parlies dd-
nud(5es el, a peine eul-il commence, que le scolyl(i
disparut de loules les parlies de I'arbre devant les
progres que faisait la seve.
J'ajouterai comme complement de cetle observa-
tion que I'autre ormeau, bien que situe a 6 metres
seulement de I'arbre malade, riiais qui n'avait pas
subi d'amputalion, ful respe(;te par les scolytes.
Ainsi done, lorsque ce n'esl pas la vieillesse qui ap-
pelle le scolyle, ce doit etre une cause qui am^ne une
perlurbalionet une diminution dans la produclion de
la s6ve.
Oil trouvera-l-on celle cause pour los oruiesdc nos
boulevards ? c'esl ce qu'il s'agil de rccliercher , en
les suivanl dans loule la pt^riodo do leur develop-
pement.
Nos arbres avaient dl^ plantes a Torigine dans les
meilleures condilions ; dans une lerre meuble el
neuve;dans unsol qui resia longlemps pen fr<5quent(^
el accessible a la penetration des eaux pluviales. On
avail meine disposed entr'eux des cuvettes oil I'eau
sejournait pour bumecter les raciiies. Dans les pre-
mieres ann6es et jusque vers 1830, leurs progres fu-
rentrapides; niais successivemenl les cuvelles furenl
comblees, los alldcs macadamis^cs, ^goul^es , les
eaux riveraines dtHournees, et il se fit un temps d'arret
dans leur essor, etat qui s'aggrava par une opt^ralion
desastreuse, lY'lagage d'une partie des grosses bran-
cbes, don I les plaies au bout de 27 ans ne sont pas
encore fermdes dans la plupart de ces arbres.
Enfin, une circulation chaque jour plus active est
venue op(5rer sous le pietinement de la foule un tasse-
ment ind^fini du sol, dont la surface a acquis toiite
rimperm6abilit6 d'une couche de b(5lon , si bien que,
maintenant a aucuno t^poque de Tann^e, les racines
n'y peuvent puiser ni humidit(^, ni nourriture.
Aquoi il convient d'ajouter que cette absence d'hu-
rnidiie autour des racines pendant la periode de la
v^gt^tation , ne pent etre en partie compenste par
I'absorption des vapours bumidcs au moyen des feuil
les, puisque celles-ci sont alors babiluellement cou-
vertes de poussiere qui boucbe leurs pores.
Tel est done. Ton n'en pent douter, I'ensemble des
causes Ires-simples, Ires-vulgaires, mais continues el
r)5
t^nergiqiies, qui out occasiomid le dt^perissemetil dcs
ormes des boulevards et appele par suilo la presence
du scolyle.
Elles so resolvcnl en definilivc, comme on Ic voit ■
en iin senl point: privalion do riumiidile siitfisanto
pour cnlreteiiir norrnalcmenl la seve, ce fluide vital
du v(^g6lal.
L'oxistence do qneUpies arbrosvigoureuxne prouve
rien d'ailleurs conlre ce que nous avangons, car on
pent remarqner que ceux-la sonl giin^ralement plan-
les dans la partiedu boulevard do I'Est ou se trouvail
Tancicn foss(^ de ville, et an devant de cours el do
jardins oil leurs racines tragantes ont pu aller cher-
cher rhuniidile que leur refusail le sol merne des
alldes.
Avoir signale I'origine du mal, n'est-ce pas en avoir
indique le remede?
Que fail rhorliculteur dont la planle ddperil? II
ameublit le sol a sa surface pour y faire pi'nelrer I'air
qui apporte aux racines son contingent d'azote , (it ii
Tarrose.
Qu"a-t-on fait a Bordeaux oil , de temps a autre , il
pleul plus ou moins? On a h\n6 les arbres des Quin-
conces et on les a ainsi arrach(5s a une morl i>n-
minenle.
Que fait-on en d'autres villesoii il pleul moins sou
veni? On irrigue les promenades.
Pourquoi ne pas user ici des deux moyeus?
(luenMor d'abord pour briser dans une cerlainezone
la couche suporficielle an pied des arbres , puis leur
donner largement cetle eau bienfaisante , vdhicule
obligd des agents nourriciers , et qui , avcc I'air , la
0(3
chalour, la liiniieie, roleolricili', est uiie dos conditions
de la vegcHalioii, dans les plantes colyledon(ies dii
inoins.
La chiinie organique ne nons enseigne-t-elle pas
que quatre corps simples, Thydrogene, I'oxygene, Ic
carbone et I'azole entrenl pour les 95/100 dans la
composition des vdgelaux, cl que I'eau les charrie en
plus ou rnoins grande proportion? Pomp^e en nature
par les racines, la s6ve ascendanle la porle jusqu'aux
feuilles , ces poumons du vtigetal , oil s'op^re un A6-
gagement de I'oxig^ne surabondant et oil, sous Tin-
fluonce de la lumiere solaire, s'isole I'acide carboni-
que, donl le carbone entre en si grande proportion
dans la composition du corps ligneux.
El faisons remarquer en passant que ce que la
science a demontre par des experiences de labora-
loire, la nature s'est chargde d'cn pr(5senter les r^sul-
talsa qui veut bien les observer. II n'est personne en
cffet qui, en parcourant les campagnes, n'ait rencon-
trd certains arbres qui par leur mode de station habi-
tuelle sont le plus eloignes des habitudes des especes
aqualiques, et qui venanl a nailre dans des condi-
tions d'un arrosement continu, commc peuventl'filre
les bords d'un ruisseau, d'une mare, d'un foss6, y
prennent un d(5veloppement rapide et gigantesque; les
chenes, les chalaigners, les ormes ainsi places sont
toujours les plus gros el les plus grands de la conlr^e.
Quant au mode d'arrosement a introduire sur les
promenades, il n'est plus a trouver. D(''j;i il est adopted
dans d'autres villes qui peuvent comme la noire dis-
poser d'eaux vives, et il est aussi facile que pen dis-
pendicnx.
()7
l/irrigalioii s'opcno au iiiov'in <1<' rigolcs (lui, dans
chaqiie rungee d'arbres vonl del'im a Taiilre, s'arroii-
dissanl en demi-cercle el en dehors au pied de cha-
cun. La rigole large de !20 cenlimelres et profonde de
15 dans les parlies droites, acquierl 30 cenlimelres de
largenr sur 25 de profondeur dans ses coiirbes, afin
(juo I'eau y puisse sejourner. Les rigoles se reniplis-
senl a I'aidedc regards avoc plaque a jour, places au
poinl culminanl el au besoin dans le trajel des pen-
les. On donne, I'eau de'niinuitalrois heures du malin
pendanl toute la pt^riode d'aclivild de la vdgc'ilalion
de lelle sorle que les rigoles sonl ressuydesavanl que
les passanls reparaissent.
Dans certains endroils, on a pour les besoins dune
circulalion plus aclive, subsliluti aux rigoles ouverles,
un sysleme de drains d'arrosemenl tres-peu cofileux,
mais plusdifflcilesa surveiller.
Toujours esl-il que parlout ou I'un ou Tautre mode
d'arrosemenl a el6 mis en usage, on a pu voir comme
aux allees de Meillan a Marseille, des arbres en proie
au scolylc se rdlablir presque inslanlandment et se
ddbarrasser de eel hole dt^vaslaleur.
Nous Savons qu'il a ele objecle que sous noire cli
mat les arbres ont moins a souffrir de la secheresse
que dans la France mi^ridionale, bien que la quantile
d"eau pluviale soil bien moins considerable chez nous
que dans le midi (1;. El Ton aurail peul-elre raison si
Ton enlendail parler des arbres de nos campagnes el
smioul de ceux qui comme les ormes sonl les holes
(1 ) Geci poiirrail paraitre paradoxal, si les observations udomefri-
ques ne le prouvaient pas.
08
•Ics lories Iraiclios dos vallons, mais les arbres dos
pronKuiadt's imbliquos frequenl^es no sont pas dan>
lesmemes conditions. Tandis qui; Farbre dcs champs
va puiscr librement les elemcnls do nutrition dans les
champs, les gazons, les lerres cullivdes, Ics arbres
des promenades sonl resserres dans une lerre epnisec
qui n'est plus ouverte a la pent'^lralion deseaux. Les
fiersonnes qui, it y a a peine quclqnes scmaines, onl
pu' voir les fosses praliquees pour enlever les arbres
niorls (levant la grille de la mairie, onl pu recon-
naitro qu'a la fin meme de Thiver le sol tHait dans un
«^tat de siccite absolue.
Enfln, nous te rep(^lons, rexperience est la, su|)e-
rioure a toutes les objeclions. Pourquoi ue pas tenter
[)our revivifier nos promenades nn moyen facile ,
economique, qui a rdussi partout ailleurs?
Du reslo, si aucuns persislaient a voir dans une
infection de la terre par le gaz, une cause de mortalite
on de lent di^perissement pour les arbres, il est Ir^s-
probable qu'on parvicndrait a en combaltre efficace-
menl les effels par des arrosages abondanls, qui dans
les parties les plus impregntV-s de gaz hydrogene el
d'acide carbonique, pourraienl elre combiners avec
lY'lablissement de drains de dessechement qui ^va-
cueraienl les eaux qui se seraient salurt^es des gaz
d^leteres et en laveraienl ainsi la lerre.
Lorsque rinfeclion des lerres est ancienue el con-
siderable, commo on dit qu'elle peut I'elre a Paris par
exemple , on obliendrait sansdoute aiusi un assainis-
semetil relatif de la lerre.
Puisque nous avons parte de Paris, nous fiuirons
par une observation sur la melhode de Iraitemenl
69
qii'on vi(Mil (I'iiilrofiiiirc pour los ormos des Champs-
F;lys(^cs aUaqu(?s pur Ic scolyle. Elleconsisle a enlevcr
les parlies corlicales endoiiiinaget's el a recouvrir
I'aubier d'luie couclio d'ongiient de Sainl-Fiacre on
autre enduil analogue. D'apres ce que nous venons
de voir, on peul pr(5dire que le remede indique n'aura
pas les effels qu'on en attend. Lesormes des Cliaiups-
Elysees, ceux des autres promenades de Paris, ne
sont plus dans les memcs conditions qu'autrefois. Les
gazons onl partout disparu et partout la circulation
des promeneursa decuple et battu la terre, de fagon a
la rendre ddsorniais impermeable.
On ne pourrait done obtenir les heureux rdsullals
qu'on espere qu'autant que Ton vicndrait a ranimer
ces arbres par des arrosemenls el par une nourriture
nouvelle. II ne s'agii pas ici, en efFel, d'apres ce que
nous croyons avoir dt^montrd, d'un mal local de 1'^-
corce qui , comme le chancre ordinaire des ecorces.
peut se trailer par I'ablalion de la parlie qui en est le
si6ge, mais bien des suites d'une maladie organique
qu'il faudrait d'abord combattre dans sa cause.
Nous croyons done pouvoir affirmer que si Ton se
borne h celte espece d'opi^ration cbirurgicale sans
agir sur la constitution meme du sujet, on ne sauvera
[)as les malades dont rhygiene n'aura pas ete
chang^e.
T.-C. Brraud,
Secretaire genital de laSociete acadeniique d'Angers.
NOTICE
SUR
UN OUVRAGE INEDIT DE BOTANIQUE
DE MERLET LA BOULAIE.
En rcconnaissanl entre los mains d'un brocanteur
un rnanuscrit de la main de Merlet la Boulaie, conle-
nanl des descriptions de plantes accompagn^es de
Tindicalion des localit(^s de celles qui apparliennent a
noire pays, je cms avoir retrouve la Flore de I'Anjou,
que Merlel avail perdue en 1793 lors du siege
d'Angers. Mais quoique ce livre n'ail ni litre ni date,
il n'est pas difficile d'y reconnailre un catalogue rai
Sonne et descriplif des plantes du jardin botanique
d'Angers. La classification de Tournefort qui y est
suivie prouve que ce catalogue est anl(5rieur a I'ann^e
1790, 6poque oil le jardin fut transplants dans le local
qu'il occupe actuellemenl el dispose dans un nouvel
ordre. D'un autre cote, Merlet n'ayant abordS I'Slude
de la b()laiii(|iio qiTcn 1788, il n't'sl pas impossible do
delerminer ri^poquo a laqnellc 11 a dCi redigcr ce ca-
talogue, si loutefois ce n'est pas une simple copie des
documents laisses par ses pred^cesseurs.
Quoiquil en soil, les indications que conlient ce
manuscrit sont intdressanles en ce qu'elles nous font
connailre Tetat des connaissances bolanicines de
Meiiet vers 1789. Plus tard il proflta des communica-
tions d'Aubert du Petit-Thonars et il s'appropria les
donnees consignees dans la Flore manuscrite deM. de
la Richerie (1) non point, comnie on I'a 6cril, par
suite d'un legs que celui-ci lui aurait fail de son ma-
nuscrit, car en 1783 «^poque oil mourut La Richerie,
Merlet (^lail completemen t etranger a la botanique, mats
parce que resl(5 seul a Angers apres la dispersion des
membres de la Society des bolanophiles, il conserva
loutes leurs archives, coinme il le fit pourcelles de I'A-
cademie et pour un grand nombre de pieces impor-
lantes provenanl des maisons religieuses, et qu'il >ul
souslraire a la destruction qui les menagait.
On peul rendre toule juslice a Merlel la Boulaie en
rappelant le zele qu'il montra pour la conservation el
le d(!'veloppemenl du jardin botanique d'Angers, sans
lui attribuer de grandes cormaissances botaniques
(I) J'ai sous les yeux uiie note manuscrite de Desvaux qui ^ta-
blit la concordance des principaux synonymes de cctte Flore, avec
la nniiiPMrl.iliirc nioderne. F.n IS.M M. (inqiiii a pulilii^ un travail
semblable dans les menioircs de la Sodete Linnccniie d'Angers. Le
savant Liniieen gratific M. La Richerie du titre de baron, qui ne
figure pas dans un acte anthentique pass(5 en son noin en 1777. II
insinue que Hastard aurait pu puiser dans re manuscrit rindicaHon
d'especes qu'il a inal u propos attribuf^es a I'Anjou, et il cile entr<"
7^2
(in'il u'avail [u»s cl ne pouvaif avoir (1). Merlel hommo
fill rnonde, donl les inslaiils se parlageaienl entre des
occupations tr6s diverses, abordail I'dliide de la bola-
iiiquo en i788 a 52 ans, el il est diificile d'admetlre
que des I'annee suivanle, comme on Ta avancd, il etil
une Flore dela province en porlefeuille, qu'il possedal
une seriense connaissance des plantes et que toules
les localil(?s de I'Anjou lui fnssenl devenues faniilie-
res. En cherohanl aujourd'hui a faire de Merlel un bo-
lanisle du premier ordre, en rappdant « le plus grand
uatnraliste qu'ait produit TAnjou » (phrase ditticile a
qualifier appliquee a un pays qui a vu nailre Auberl
du Petit-Thouars et Bastard, botanisles d'une renoni-
in^eint'galesansdoule. inaisd'un merite qui pent sou-
Icnir le parallele), n'aurait-on pas voulu, en exagdranl
la science d'un homme qui n'en a laiss^ aucune
preuve. faire oublier celle de deux savants qui I'ont
reellemenl fondle parmi nous ?
Ne soyons injnstes pour personno, respectons la
menioire de ceux qui nous out frayed la route, mais
rendons aussi un juste hommage aux contemporains
qui en marchant sur leurs traces, ont fournl une plus
glorieuse carri6re.
autres un Silene ntpestris dont Bastard n'a fait mention dans au-
cnn de ses ecrits, et le Thymus iiepetn, qu'il a dil citer avec d'au-
tant plus de raison , qu'il I'avait vu a Saumur on il abonde aux
bords des rhemins !
(i) A Tappui de r.cUe assertion nous pouvons citer les apprecia-
tions erronees que contient le travail que nous faisons connailre et
le grand nombre de plantes vulgaires auxquelles notre autcur at-
tribue une origine etrangere, ce qui indique do sa part une con-
naissance peu approfondie de la Flore locale.
73
II tie sera pas sans iiil(l'iC'l sans doule dc reproduirc
ici les indications les plus notables consignees dans
le catalogue de Merlel :
Phyteuma spicala. — Pres le oouvent de la Hale,
dans le Bois.
Lobelia wens. — Pr(5 el lande du Perrai el pr6s
Beaucouzd.
AUhaa officinalis. — Porl-Ayrault, lies de la Loire,
bords de rAuthion.
Oxalis corniculata. — Abondanle pres le port Thi-
bault (il faut lire Ox stricta).
('onvallaria maialis. — Bois de la Haie.
Asperula odorala. — La Priniaudiere (il est reniar-
quable de voir celte localite eloign^e ddja connue k
roile epoque).
Planlago Psyllium (lisez arenaria), lies de la Loire.
Sanguisorba officinalis. — Sur les Fourneaux (par
confusion avecle Poterium sanguisorba).
Genliana perfoliala. — Sur les Fourneaux, assez
rare.
Veronica scutellala. — Mare ;i rentr(!'e du bois de la
Haie, landes des Justices et du Perrai.
Le Veronica spicala dont Merlel avail dil-on indi-
qu6 dans son herbier la localite au bois de la Haie. ne
tigurc point ici. II avail c'nipruiit(!' cetle indication au
maiiuscril de La Kicherie, qui probablement avail eu
en vue une plante (5cbappee des jardins.
Daphne laureola. — Bois de la Haie.
Lilhospermum purpureo-caruleum. — Sur une ga-
renne pres la tour de BrioUay.
Scrophularia canina. — lies de la Loire, vis-a-vis la
Pointe.
74
Orobanche ramosa. — Vii une esptee sur les nico-
liarios dii jardin.
Salvia verticillala (lisez verbenaca), fosstJs do la porlo
Sainl-Nicolas, lo pre Guineforl, derri^re I'auberge du
Silence.
Salvia sciarea. — Derrifere les jardins de la Bau-
melle.
Nepela calaria — Chemin du Perrai el environs de
Briollay.
Scutellaria galericulala. — Etang de la Haie.
Galeopsis galeobdolon. — Bois de la Haie.
Lamium album. — Prairie de la Baumelle le long
des murs.
Le L. maculatum est donnecomme nne planle d Al-
sace el de la Provence.
Teucrium cliamoedrys. — Pres le clii^leau de Riou.
Sisymbrium sophia. — Sur la levde, enlre Saint-
Malhnrin el les Hosiers, Briollay.
Sistjmbrium lenuifolium. — La Levee, surlout pr6s
Sainl-Lamberl.
Turrilis glabra. — Chemin du Perrai.
Lepidium ruder ale. — Le long des murs de la Blan-
cheraie, fosses de la ville.
Lunaria annua. — Sur les rochers de la Baumelle.
A7iemo)ie Pulsatilla. — Nos bois, la forel de Bris-
sac (?)
Ranunculus charnphyllos, — Rochers Saint-Nicolas.
Hypericum androscemum. — Pres Pouance.
Polentilla recta. — Eglise de Lesviere sur les mu-
railles.
Peucedanum officinale (peul-6lre silaus). — Prairies
au-dessus des Fonrneaux el de la Haie.
75
Imperatoria osthruthium (quid P). — C.roii dansnoliv
pays, prc^ferable a rangtMiquc.
Jigopodium podagrarin. — Prtis dcs environs de la
Haie (?) dans colui de I'elang du Perrai (?)
Smyrnium olusatrum. — Haies derri^re le couvenl
de la Baumetle, dans le fos&6 de ville de la porle Sainl-
Michel en abondance.
Sison amumwn. — Campagnes de Frernur et Four-
neaux.
Ammi majus. — Champs de Sainl-f^aud.
Sanicula europwa. — Bois de la Haie pr6s une vieille
lour ol au-dessus de la Papillaie.
Eryngium campestre. — Croil parloul. J'ai 616 siir-
pris de ne pas le Irouver dans le Die. B. parini les
chardons.
Tordylium maximum. — Champs el haies au-dessus
des Fourneaux.
Caucalis nodosa. — Id.
Silene nutans. — Esl donn(i comme indigene du
Portugal.
Corrigiolaliltoralis. — PresdelaBliniereetlaPr^saie.
Stalice Armeria{V\sez plantaginea Aucl;. — Du c6le
de Briollay el sur les bords do la Loire.
Linum flavum. — H y a aux environs de Dou6 deux
especes de Lin a fleurs jaunes, dont une esl vivace.
Asphodelus ramosus. — Au Perrai (c'esl .4. sph(xro-
cnrpus Gr.).
Fritillaria Meleagris. — Tulipe de nos pr^s, vienl
d'Orient.
Allium ursinum. — Dans nos pr^s frais, on en Irouve
paroisse Ecuill^.
Uyacinlhus rncemosus. — Les ilesde Chalonnes.
76
Iris fcEtidissima. — Aii-dessiis des Fourneaux, bean-
ooiip a Savcimiert'S.
Gladiolus communis. — Champ aiipres de la maison
du Lulin (c'esl G. Guepini).
Ononis nalrix. — PresCharc6, Thouarc^, Faveraie.
Trifolium Lagopus. — (Lisez arvense) , abondant
dans Ics prairies de la Loire.
Trifolium suhlerraneum.. — La Baumelle.
Orobus vernus (Lisez luberosus). — Bois du Roi.
Lathyrus sylvestris. — Au-dessus de la lour de
Briollay.
Reseda sesamoides. — Rochers Saiul-Nicolas el aussi
sur les Foiu-neaux dans les fenles des rochers.
Nigella arvcnsis. — Dans 1(!S bl(isd'Evanlard.
Aquilegia vulgaris. — Bois de la Haie.
Fumaria Indbosa. — Pres Chalonnes el pres la Plessc,
fumaria claviculata. — Bois de la Haie.
Ophrgs orala. — Pres le couvenl de la Haie, aupr6s
du chaleau des Noyers.
Ophrys spiralis. — Dans un pre pres les Capucins.
Tanacelum vulgare. -— Les lies de la Loire en soul
rcmplies.
Artemisia campcstris. — lies de la Loire.
Dipsacus pilo,ms. — Vient d'Alleinagne.'
Carduus Marianus. — Pres les Capucins, Four-
neaux.
Xanlhium spinosum. — Presle Porl-Thibaull parmi
les sault's (?) (On n"y Irouve que le X. macrocarpum) .
Scorzonera laciniata. (Lisez Leontondon aulum-
nale). — Croil dans ce pays.
Erigeron graveolens. — Champs Sainl-Marlin, len-
daul a la Croix-Renard.
Doronkum Pardallanches. — Lc long de la Loire
dans h.'S vailccs (penl-eliT Dor. Planlagineum, mais jl
ne sp Irouve gu^rc dans ocs localilt^s.)
Tussilago peinsilcs. — Pros Sainlc-Gemnies snr les
bords dc la Loire el des ruisseaux, au-dessus de la
Hale pres le Prau, dans le pare de Varennes a Saven-
nieres el pros Morannes.
Meiiurialis perennis. — Prairies des environs de la
Haie.
Urlka pilulifera. — Pres Sainl-Serge derriere les
murs, TEsviere, elc.
Osmumki spkant. — Bords des prairies Boguais,
pres le bois de la Haie.
O.wmnda re(jaUs. — Memes lieux.
Ophiocjlossiim vulgalum. — Bords de la Loire, prai-
ries aupr6s de la niaison de la Haie.
Telles sonl les principales indicalions consignees
dans ce nianuscril : un grand nonibre d'especes Iri^s
repandnes dans le pays sonl enumereos comme ayanl
une origine elrang(^re, cc qui peul laissi r penscr que
Merk'l avail recueilli ces indicalions dans lescommu-
nicalions verbales on ecriles de ses pr^d^cesseurs
plul6l que par suile de rcchcrches sur le terrain.
On Ironve ga el la des observations pratiques assez
curiouses, par exeinple celle-ci a propos de YAntlmius
lotula : K M. de la R... (Riclicric) prdlond que celle
» plante esl si acre , que des porsonncs en ayanl ra-
» masse une certaine quantild, onl eu les bras cou-
» verls de cloches el ressenli de vives douleurs. La
» farine de seiglo niel6e avec de I'huile el du vin esl le
» rernede. Tenant cctte plante a la main on peul ap-
» procher d'une rucho a miel, les abeilles la fuienl. «
6
78
Nous avous publiti en 1851 , dans la noUcc sur le
jardin bolanique d'Angers, line biographic de Model
la Boulaie, donl tons les details onl dl6 exlrails de
pieces aulhenliques el officielles, on dos correspon-
dances conlemporaincs , nous sommes heureux de
pouvoir ajouler un nouveau llearon a la couronne bo-
lanique de eel eslimable professeur.
A. BOREiD.
President de la section des sciences physiques
el nalurelies de la Societe academique.
Avril 1857.
i:X.TK.4IT
D UNE
LETTRE ADRESSEE A M. BOREAU
Par M. le d'' SAGOT.
Dieuibie cuiTesiJoiidant, chlrui-(;len de la marine, ii la Giivaiie.
Acarouany (quarlier de Mana), Guyane franijaise, 15 fevrier 1837.
Void Irois ansque je suis a la Guyane et jemeplais
loujours beaucoup dans le pays ; je ne nie pas qii'il
n'ail ses inconvenienls et ses dangers , inais ce n'en
est pas njoins un beau et bon pays , ou , avec de la
persevdrance et nne suite bien conduite d'efforts, on
peul order une colonie superbe. La plus grand e dif-
liculte du probleme, il faul Tavouer, est une sage el
[jratique rdgleuienlation des rapports des planteurs
blancs avec les ouvriers n6grcs. Le regime acluel est
pSle, inddcis et ne permcl aucune direction serieuse.
Je suis de ceux qui pensenl que , sans violer les droits
d" rhumanile, on peut allribuer aux propridtaires un
80
peu plus d(3 droit de comnuindomenf . Je ne voiis parlc
pas de cela sans une cerlaine connaissance de cause,
car (5!anl ici m(''deciii ol dirocleur des riogres Idpreux,
je connais bion le caraclore ol los besoins de ces
gens-la. Lesjournaux vous auront appris que nous
avons des mines d'or, il n'y en a encore que de po-
ntes exploilalions provisoires, mais elles ont 616 Ui-
cralivos. Cela va altirer par un at trail nouveau les
Europeens a la Guyane et nous recoinniander a I'at-
lenlion du gouvernement de la Melro[)ole.
Vous vous demandez quelle part la bolanique lienl
dans nia vie de lous les jours : elle prend une grosse
partic de mes loisirs. Ayanl epuise In vegetation her-
bacee et frulcscenle de mes environs immediats, je
m'adonne depuis eel el6 n la recherche des grands
arbres, que j'examine a la luuelie d'approche el que
je coupe apres a la hache. Cela ne va pas vile, car les
arbres fleurissent assez peu et on ne les voil que Ires-
ditlicilemenl dans nos epaisses for6ls , mais je Irouve
de belles choscs. J'ai recolle aujourd'hui a peu pres
1,200 especes (phanerogamcs el fougeres) el je n'ai
pas voyag<5 du lout ; jugez par la combien le pays est
riche. Les delerminalions n'avancenl pas vile, on
arrive ais^ment a la famille et m6me an genre, mais
I'espece? — Je vous avoue que je ne connais guere
qu'une espece sur quatre dans mes recoltes. Si je
puis alter en France dans 3 ou 4 ans, je IScherai de
ddbrouiller un peu le chaos, mais les herbiers exoti-
ques sonl si peu nommes que je n'avancerai pas vile
a la recherch(!. C'esl de honle d'avoir si peu de dt'ler-
minalions que je ne vous communique pas le catalo-
gue de mes recoltes. Ce sera [)our un peu plus lard.
81
l^a graiiiie familkui(; la Flon; co sonl les k''i,'muiiieuscs;
i'ai 120 lt\ia;iimineuses el !28 composdes, vous voycz
que ce no soul plus les proporlions de rEuropc.
Apres les l^gmninenses, vlonnenl graniin(5es, fou-
gercs, indlaslomcs, cyporacdes, rubiacees, [)iiis des
families nioiiis nombreiises , qiioiquc Ires-richos en-
core : orchidees , scilaminees , palmiers , aroidees, ar-
locarp(5es , euphorbiac(5es , laurinees , verbenac(5es ,
solanees, bignoniacees, apocynees, convnlvulacdeSj
composees, niyrtees, chrysobalan(5es, ldrebinlhac(5es,
malpighides , malvacees , clnsiac(5es , sapindacdes ,
anonacees. — Les types de noire Flore sonl Ires-va-
ries, il y a pUis de families qu'en Europe. Quanl a
I'abondance des especes, je presume que, sous un
climal uniforme el sans haules monlagnos, nous
avons au moins qualre fois plus d'especes pbanero-
games qu'uno r(5gion nalnrellc de la France, mais on
n'arrivera que bien lenlement a la connaissance de
lout cela. II y a pen de nos plan les qui puissenl s'in-
troduire ulilemenl dans les serres d'Europe, elles sonl
Irop grandes et fleurissent trop peu. En general, on
Irouve Ires-pcu de graines el tres-peu de ces graines
sonl susceptibles de couservalion, la pluparl moisis-
senl ou pourrissenl lout de suite, peu soul seches el
revclues d'uno enveloppe fernie....
.I'ai conlinut^ mes eludes do culture jardiniere el
jo suis devenu d'une certaiue adresse ct experience.
J'ai Irouve une loi tres-curieuse d'origine el de distri-
bution geographique de nos races si varieos de fruils
et do legumes t^quatoriaux. Cbaque continent , on
plutol cbaque grande region geographique, a sa col-
lecliou propre de races originaires. Ainsi la banauo,
89
rigiiani(\ lu palate douce se Irouveiil dans tous les
pays (jhauds , mais aiilres elaietil les races originai-
res d'Asie, de Chine, des coles d'Afriqne, d'Ameriqnc
orientale et occidenlale, des iles de la mer du Sud. Ce
principe connu, on est guidd pour faire des collec-
tions melhodiques el completes de ces planles utiles
et pour demeler les races iinporldes qui croissenl au-
jourd'liui a cote des indigenes. Je crois que rimmense
uiajorile de nos races cultivees si nonibreuses , sonl
I'oRuvre de la nature el non de la cuUure. II y a des
maniocs, des banaues, des mangucs , comme des
bleds, des pommes et des raisins. Mais il y a cepen-
danl sous nos youx, des fails inconteslables d'amelio-
ration de races par la culture , par exemple dans
I'abricol mammea, I'avocat , le mombin, la sapotille
et surloutla mangue,...
J'ai enlendu parler ici, par des militaires, des cul-
tures el du climal d'Algerie, c'esl une nature propre
et non pas une transition entre les climats lemp^res
ot la zone ^quatoriale ; aussi, je suis bien fonde a vous
dire qu'aucune plante de la Guyane ne rdussirait le
moins du monde a Alger. Si on y cultive du colon,
des palates, du sesame, c'esl que ce sont en gdneral
ou des races particulieres , ou meme des especes, ou
des planles qui ne sont pas proprement equatoriales.
Aussi, aucune rivalil(5 et de meme aucune subslilulion
ne peul exister entre I'Algdrie et les colonies d'Am6-
rique, chaque climal a ses richesses et ses produits
propres L'ignamo de la nouvelle Z(51ande que Ton a
inlroduit en France, est-ilbon?a la Guyane, Tigname
indien (Dioscorea Irifida?) est excellent, mais le
D. aculeala est m(^diocre.
NOTTCi:
N
SUR
J.ES PL\NTES HhXUKILLlES HN CORSE
PAR M. E. REVELLIERB ,
avfc des observations sur les especes liligicuses ou iiomctles.
»AR M. A. BOREAD,
pi<*sl<lc!it (le la sfction des sciences physiques et naturelles ile In
Soclt^l^ acad^mique.
Un naliiraliste donl le lalenl d'observalion est jus-
lement appreci^, donl la science a enregistre les 66-
couverles en entomologie el en botanique , M. E.
Revcllierc de Sanmur, vienlde consacrer deux saisons
a Texploralion de la Corse el conliniie encore ses re-
cherches, aulanl que le lui perniel une sanl6 souvenl
chancelanle. Un assez long sejour qu'il a fall en 185?
a Rogliano, I'a mis a ineme de prendre une idee de la
vegetation de la poinle seplenlrionale de la Corse; an
prinlemps de 1856 il a repris ses explorations dans la
parlie mdridiouale et a visits soigneusemenl les envi-
rons do Bonifacio, les lies del Cavaloel de Lavezzioet
les parages granitiques de Porlo-Verchio.
Excii)])l ill! toiile I'speco cl(! charlatcUiisnic, chor-
chanl avanl lout la verile , iVI. Rovelliere communi-
quera ses rdcollesaux bolaiiislos qui cullivent soricu-
spmenl la science; deja MM. Jordan el Lloyd ont eu
pari a celles de 1854; quant aux dernieres, il m'en a
rendu d('posilairo, en me lenioignanl le di^sir le plus
niarqii(5 de me voir publier des a pr^senl les osp6cos
ou les obsi.'rvalions nouvelles que peuvent offrir so«
colleclions. 11 ne fallail rien moins que ce dc'sirsi vi-
vement exprimd pour me decider a enlreprendre une
Idche si difficile. Malgre ma bonne volonie a remplir
les inlenlions de M. Revelliere, 11 ne me sera pen* etre
pas possible de mellre en relief tous lesobji^ls inleres-
sanls Irouvc^s par lui, mais ces nolcs pourronl peul-
olre prendre une place plus convenable dans un travail
d'ensemble qui serait entrepris lorsque M. Revelli6re
aura lermine ses explorations. Un catalogue d(5laille
des plantes recueillies danscelle ile inepuisable offri-
rail cerlainement beau<;oupd'inleret, lurs nieme qu'il
ne ferait que confirmer les dc^couverles precc^dcnles
conslatt^es par MM. Jordan, Kralik, Leveilld, Requien
et aulres botanisles qui, depuis quelqu(>s annees, ont
reuni tant de documenis imporlants pour la Flore de
la Corse.
MM. Grenier et Godron dans leur Flore de France,
ayanl resumd presque lous ces documents , nous
croyons pouvoir considerer comme nouvelles pour
la Flore de Corse les esp6c(;s qu'ils n'ont pas mcn-
lionnees.
Clematis cirrhosa, L.— Ronitacio. Je mentionne celte
espece |)our faire observer que sa reunion au CI.
Balearica fiich. ne me seuible nuUement fonddc en
85
rais(»ii. Cnllivi'cs onsoniblo a Angi r?, res donx cldma-
liles semblenl n avoir dc comrnun quo los caracleres
flu genre.
Ramincnlus procerus. Moris. — Bonifacio, marais de
Sanla-Manza. C'csl bien la planle cullivee sous ci;
nom dans los dcolos do botaniqtie , mais lo caract6ro
atlribnc^ a TespSco , Carpellis luberadalo - setigeris
ii'oxiste pas dans nos oxomplairos.
Ranunmhis Revellierii, Bor. Plante de I a 3 dooime- •<^' ^^ '^
tresdressee, glabre, d'un vert clair; racine annuelle, ^ ''V
fibreuse, croissant dans Feau; lige flstuleiise, ra- (jS't'^.
mouse presque des la base, ramoaux dress(5s, un pen
roides, presque fasligies; fonilles inferieures orbicu-
laires, onlieres oblusos, point en coeur a la base , les
suivantes et une parlie des caulinaires lanceol(5es ,
atl(^nuees aux deux bouts , aigiies , loulos pourvuos
d'nn peliole une fois et demie plus long que le limbe,
les supc^riouros lint^aires lanc(?o](fes a petiole courl,
loulos enti^res ou avoc quelques dents pou nombrou-
ses el ^carl(5es; pedoncules fisluleux, munis de quel-
ques polls apprimes , les frucUferos longs de 5-6
contimolros et un pou renflds au sommet; receptacle
glabre, sepales un pou veins a rexlerieur, dtalos,
pelits; polales jauno-clair. une fois au moins plus
pelils que les sepales, ovales a onglet court, c^caille
noclarifere plus (Mroile que Tonglel , presque nullo ;
car|)elles 30-35, finenienl Inberculeux, ovoides oblus.
a bee Ires-court droit, large a la base. Avril-mai.
Marais des environs de Bonifacio, et do Porlo-Vec-
chio.
Celte espece que ,](! docrisd'apres les notes rcjcuoil-
lios sur piaf;e par M. Kevelliere, s'eloigne des Ran.
iiodiflorus ol lalcriflorus par ses fleurs pedoaculees ,
(le Vophmilossifolius, par ses feuilles primordiales sou-
vent flollanles, comme dans celle-ci, mais loutes
ovales retr^cies aux deux bouls el non largemenl
cordiformes, par ses fleurs Irois fois plus pelites, ses
carpelles moitie plus gros, ses rameaux plus roides et
plus dresses, son port qui rappelle mieux le Ran.
nodiftorus ; elle parail aussi sc rapprocher du Ran.
»i%mosi{s , Wild., esp6ce imparfaiternent decrite el
indiqu(^e aux Canaries, mais elle s'en eloigne par -ees
feuilles a peine denizes el non serratis , par ses pe-
lales tres-petils el non calycis longiludine.
Papaver obtusifolmm, Desf. Fl. All. i, p. 407.— Tige
droile, a polls apprimtis, lobes des feuilles courts,
oblus, pedoncules longs, apbylles uniflores, a polls
apprim^s, capsule glabre ovale oblongue, fleurs d'un
rouge pale, diamines jaunalres — Rogliano, dans les
vignes.
Fumariaspedo.$a, Jord. — Rogliano.
Fumaria vmjans, Jord. — Rogliano.
Fumaria offxcinalis, L. — Rogliano.
Fumaria micrantha, Lag. — Bonifacio.
Sisymbrmm coiamno', Jacq. — Rogliano.
Capsella rubella , Reul. — Sables marilimes , a
Ajaccio; Bonifacio , a Venlilegne. — Nos exemplaires
ue different de ceux du pays G«5nevois que par leur
slalure moins elancee.
Rapislrum microcarpum, Jord. — Rogliano.
Viola Corsica, Jord ! — Rogliano.
C'csl une de ces especes a peliles fleurs, rt^unies par
les auleurs sous ie nom de V. arvensis. M. Jordan en
donnera la descripliou.
87
Aslrocarpus spathnhpfoliiis , Hovcll.— lionifticio , h
la TriniUi.
Celte especo rapporldci en varit'lc h VA. purpuras-
cms, Walp, s'on distingue an preniiiT coup-d'oeil, par
ses feiiilles inlerienres pt^liolees snborbicnlaires, les
snp(!'rioures obovales spalulecs, los anlheres soni d'nii
jaune plusfouce, le friiil esl d'nne forme differenle.
Polygala Corsica , Bor. — Planle de 1 a 4 decirn^--
Ires, tiges nombrenses, diffuses ou ascendanles, feuil-
les infdrieures elli|)liqnes obovales, les aulres lancdo-
Ides oil lineaires sub-aigiies, grappes terniinales, pen
ou point cbevolues an sommet, bractc^es inembra-
neuses, Ciiduques; ailes ovales cllipliques, blancha-
Ires, parfois lav(5es de rose au sommet (com me la
coroUe), a nervures lat^rales un pen ramiflees, cap-
snle obcord(5c retrecie a la base, beanoonp plus courte
que les ailes, a la fln presqne aussi large ; graines
oblongnes obluses, herissdes, arille a lobes lateraux.
n'^galant pas la moitid de la graine. Jnin-juillet.
Rochers prds Rogliano.
Le P. rosea, Desf. diffen; par ses flcurs roses plus
grandes, sa capsule suborbicnlaire, etc. — Le P. Pres-
Hi, Spr. a les fenilles snperieures lanceoldes et plus
larges, les ailes plus ellipliqnes. — Le P. pavcsccns.
D. C. s'en rapproche,mais ses flenrs sontjaunalres, la
capsule pins largemenl bordde ddpassi^ un pen les ai-
les, les sepales exldrienrs plus aigus egalent presque
!a moiliedes ailes.
Gypsop/iila rigida, L. Tunica Saxifraga, Scop. Ro-
gliano. Je Tai ene aussi dn Valdoniello Leveilid).
Dianlhus Godroniamis , Jord. />. virginrus, Godr. non
L. — Rogliano.
88
Siletip, neylecla, Tenor. — Ronifacio , rochors do la
Trinite. — Je I'ai eu aussi de Ajaccio (Levcill(5).
Sarjiiia debilis, .lord. — Bonifacio, a la Trinite.
Sagina maritima, Don. — lie de Lavezzio.
Elalinc macropoda, Guss. — lie de Lavezzio.
Liimm spicaiim, Lam. — Bonifacio, a la Pian-
larella.
f-inwn amhiyuum, Jord. — Rogliano.
f/npericum micrnphi/llum, Jord. — Rogliano.
Oxaliscorniculala, L. — Rogliano.
McUlotus messanensis. Desf. — Rogliano.
Tri folium la-rujnixm., Desf. — Bonifacio.
Cotie espece ne doit pas elrorennio an Tr. strictnm ,
W. K.
Dori/clwium corsicum, .lord. — Rogliano, Bonifacio.
Cracca Corsica, Godr. — Bonifacio, Sanla-Manza.
Vicia trichocalyx, Moris. — Bonifacio. — Fleurs
roses Cello espece nous semble dislincle du V. alro-
purptirca, Desf.
Vicia Forsleri, Jord. Bor. Fl. cent. Ed. iii, n° 662.
— Bonifacio.
Vicia hirta, Balb.— Bonifacio.
Pisum biflorum , Raf. Caract. p. 7\. « Fusto ango-
lalo, foglie Irijughe, picciuoli angolali inferiormcnle,
slipole e foglione denlale, peduncoli assilari, biflori, »
Raf. — Graines ronsses lachdes de brnn avec de grandes
macules noires, finement poncluees sous la loupe .
bile ovale convert de polls blancs (5cailleux, — Boni-
facio, rocbers de Colognola.
Hippocrepis ciliata, L. — Bonifacio.
PolentiUa nemoralis, Nest. — Bonifacio.
Rosascandens, Mill. — Rogliano.
89
l.ijlhium PresJii, Guss. — Roglinno.
Sedum Corsinun, Duby. — Bonifacio. — Esp^co
dislinclo solon nous.
Sedum brevifoiium, Dc? Bonifacio, lieudil // Crovo.
— Son aspect n'esl pas le rnemo que celui de la plante
des Pyrdndes.
OEnanthe apiifolia , Brol. — Rogliano. — MM. Gre-
nicr ct Godron la regardcnl comnie idcniique a VOK.
crocaia, L. Ayanl reproduit de graines la planle de
Corse et lacullivanla c6[6 de VOE. crocala de I'Anjou,
nous pouvons affirmer qu'elles consliluont deux es-
peces Ires-dislincles. Inddpendammenl des caracleres
allribuds par les auteurs a VOE. apiifolia, elle se
distingue au premier cou[)-d'oeil par son port , la
nuance plus sombre de son feuillage, la direction des
ramifications du petiole, etc.
Galium decipiens, Jord. — Rogliano.
Galium saccharalum, All. — Rogliano.
Galium murale, All — Rogliano.
Pallenis spiuosa, Cass. — Rogliano.
Filago spalhulala, Presl. — Bonifacio.
Filago eriocepliala, Guss. — Rogliano.
Filago lenuifolia, Presl. — Rogliano, Bonifacio el
lie Cavallo. — Indiqne soulement en Sicile.
Carduus fasciculi floras, Viv. — Bonifacio a 15 kil.
snr la route de Porto-Vecchio.
Crepis decumbens , Gren. et G. — Bonifacio au
Phare.
Erica mulliflora, L. — Rogliano.
Ciccndia pusilla. Gris. {Candollei). — Bonifacio.
Convolvulus alihccoides, L. — Rogliano.
Cuscuta corymbosa, R. P. — Bonifacio.
90
Myosolis sicula, Guss. — Bonifacio.
Unaria commulala, Rernb. — Bonifacio
Linaria J'reslandrece, Tin., in Guss. Syn. Sic. ii, p,
842 el 890. — Bonifacio , a Ja Trinild , a Paraguano ;
Rogliano.
Linaria (UrvUlei), L. Elatine, d'Urv. non L. — Ro-
gliano.
Plusicurs aulres Linaria de celle section onl 6[6
rocucillis par M. Revelliere et conslilucnt probable-
menl des especcs disUncles.
Linaria Chalepensis, Mill. — Rogliano.
Odontites lulea, Reich. — Rogliano.
Mentha Pulegium, eriantha, D. C. — Santa-Manza.
Planle remarquable, appelant de nouvelles (Eludes.
Melissa atlissima, Siblh. — Rogliano, Bonifacio. —
M. Revelliere la considere coajme une espece dis-
lincle.
Lippia repens, S^)r. — Rogliano.
Viiex Agnus Castus, L. — Rogliano.
Amaranlhus deflexus, L. — Bonifacio.
— albus, L. — Bonifacio.
Jiumex intermedius, D. C. - Bonifacio.— C'esl (i lort
qu'on le reunil au R. tliijrsoides, Desf.
Polyyonum flavescens, Jord. — Rogliano. — Planle
d'un verl pale, voisine du P. Bellardi.
Arislolochia rotunda, L. — Rogliano, Baslia.
— longa, L. — Rogliano.
Euphorbia bonifaciensis, Req. — Bonifacio. — Celle
planle nous parail bien caraclerisde.
Urtica atrovirens, Req. — Rogliano.
Juniperus Lycia, L. — Rogliano, Bonifacio.
Triglochin laxifloruni, Guss. — Bonifacio, — Celle
91
planle omise dans la Flore de Fiance, avail d(^ja e[6
indiqui^e en Corse par Loiselenr. Reichcnbach I'a fl-
gnreo dans ses ioonos comme venanl de Montpellier.
Potaviofjeion Berchloldi, Fieb. — Bonifacio.
Le Gladiolus communis de la Corse, ne doil-il pas
6tre rapports au G. dubius, Guss. ?
lAlium candidum, L. — Bonifacio, sponlan6 sur les
coUines el maquis sur la route de Porlo-Vecchio.
Scilla fallax, Sleinh. — Bonifacio a la Trinild ,
meleau 5. autumnalis qui y est bien plus rare.
Urginea fugax, Sleinh. Annal. So. nat. ( 1834) t. i,
p. 328, PI. 14. — « Sepalis petalisque albidis linea
» dorsali e fusco purpurascente notatis,floribus paucis
» subsecundis pedunculos aeqtianlibus , bracteis re-
» fraclis deciduis , Scapo filifornii, foliis linearibus ;
» pericarpium oblongum , » Sleinh. — Bonifacio. —
Celte espece etait indiqu(5e seulernent en Algdrie.
Ornithogalum Narbonense, L. — Rogliano , Bo-
nifacio.
Ornithogaium divergens, Bor. — Bonifacio.
Allium carneum, Berl. — Bonifacio.
Allium oblusiflorum, Req. —Bonifacio.
Simethisbicolor, K. — Bonifacio.
Juncus iriccphalus, Gay. — Bonifacio. — Espece
bien caraclerist5e !
Spartina versicolor, Fabre. — Bonifacio, golfe de
Sanla-Manza. — La plante est sans fleurs , niais du
restc ?emblable a celle de rHdraull.
Glyceria corivolula, Fries. — Bonifacio.
Melica lijphina , Bor. — Tige de 6 a 9 d(5cimelres,
droile simple; feuilles lint^aires 6lroiles, longueinenl
acuuiinees , les intV'rieincs herissees, ainsi que les
9-2
i^aiiies , les siiixiriemes onroulees filiformes , lr6s-
rudes en dessons; ligulc saillanto, blanc-scarieuse,
lac^rc^e; paniciilo droilc, epaissc, a rameaux courls,
dressus, Ires-serrc'S on e[)i blanchAlre; spalhcllos ova-
les lanceol(3es acnmin(^es en poinle aigiie, un pen
menibranouscs, finemcnl rudes-ponclii(^es , a cinq
nervures saillanles; spalhellnle extdrienre lanc(^oIee.
slriec, chargee d'asperiles, longuernenl cilieo snr les
bords, colles des flours sldiiles glabros, fruil oblong
fusifornie luisanl, chagrine sur loule sa snrface. Juin-
juillel. — Rogliano.
Le= colloclions de M. Rovelliere conlionnenl pres-
que loules los especes inlerossanles indiqudes dt^a
par k's anleurs sur le lilloral do la Corse. Les genres
Medicago, Trifolium, Lotus, Vicia, Sialics, Euphorbia,
Allium sonl represenles par des especes nonibreuses;
les on^hidees sonl a pen pros an coniplel, il en est en
onlre un corlain nombre snr lesqnelles nous n'avons
pu porter un jugemenl definilif. Les recherches de
cot habile exploratour auront des rt^sullals iniporlanls
pour la boluniqne franyaise el , loul en regrellanl
noire insnfflsanoo, nous devons le reniercier de la
marque d'amilie qu'il nous a donnee en nous confianl
iesoin de publier cos fragments.
A. BOIIEAU.
Juin 1857
USTE DES UEPIDOPTERES
OBSERVES AUX ENVIRONS D' ANGERS,
96JL M. GUSTAVE TOCPIOLLE ,
Daturaliste ,
depuis la publicalion dc son Catalogue, c'esl-adire du 20 dccembrc 1855
au 20juillel 1857 (*).
DIURNES.
Anthocaris cardamines 9-30. — La fcmelle est aussi
rare que le male est commun. II est curieux de voir
ceux-ci voler apres tous les papillons blancs pour d(5-
couvrir une compagnc. C'cslen les suivant dans celte
recherche qu'on peut parvenir a prendre les femelles
de I'espece.
Lycoena b<xlica. 70. — Assez rare. Sur les bague-
naudiers; les p^pinicres, les jardins anglais; le jardin
botanique Ic 6 seplembre 1856; remarquable par la
(') On a continue de suivre , dans co supplement , la classifica-
tion de Boisduval et cellc de Duponcliel pour les Nocturnes qui ne
sont pas compris dans Y Index methodkus. Le numero qui suit le
nom sp^cifiquc est cclui de ce dernior nuvrage.
u
tache d'or pur placde a la base de I'appendice en forme
de queue des ailes inft^rieures.
Licoena Aiion 5 • 106. — Avail 616 pris autrefois en
Sainl-Barlh^lemy, par le docleur Bastard, sur la ronce
en fleur. Capture, le 14 juillet, dans un champ aride,
pr6s Tivoli.
Ce polyommate porte a 15 le nombre de ceux ob-
servers pres d'Angers.
Argynnis Dia. 144. — Peu abondant. Evenlard,
mai 1856.
Melytcea didyma. 162. — Meme localit(5, oil il est peu
abondant, 21 juin 1856.
Apatura clytia. 182. — 14 juillet 1856 , a Tivoli ;
moins abondant que VAp. ilia.
Le 11 juin 1857, aux all(5es des fours a chaux, trouvd
une chrysalide de cette espece, a la suite d'un coup de
vent qui I'avait sans doule d^lachee des hautes bran-
ches d'un peuplier. Pendant les grands vents , il fait
bon a chercher au pied des arbres. Ce meme jour,
trouv6 deux Dicranura Erminea, belle et rare espece.
Steropes aracynthus. 279. — Avrille, mi-juillet 1856.
Sur la bruyere. Rare.
Syrichtiis fritillum. 204. — Champs arides. Tivoli,
aotit 1856. Pas commun.
CREPUSCULAIRES.
Sesia nomada>formis. 340. — Juin 1856. Les haies.
Assez commun.
Sesia culiciformis . 344. — Mai 1856. Haies d'Anip(5.
Sesia spheciformis. 362. — Juin 1856. La Chalouere.
Sesia asiliformis. 364. — Juillet, id. Haies, Avrille.
95
Zygana trifoUi. 418. — Mi-juin. La Marc. Rare.
Procris pruni. 452. — Juillet. La Gu(5ronicre. Rare.
NOCTURNES.
Lilhosia grammica. 465. — Juillcl. Route de Paris.
Lithosia ? — Jnin. Jardiii de la Prefecture.
Lilhosia deprcssa. 475. — Juin. Sur un chcne. Les
fourneaux. Rare.
Naclia ancilla. 493. — Juillet. Les bois. Avrill6.
Callimorpha Dominula. 501. — Mi-juin 1857. Elevde
d'une chenille Irouvee au Jardin botanique par M. Bo-
reau. Elle se nourrit de borragintes. Cbrysalidde le
3 mai, dclose le 5 juin. Espece rarissime aux environs
do la ville.
Nemeophila Russula 9- — Bois d'Avrillc. Juin 1857.
Chclonia Caja. Var. Act B. — Fin de mai 1857. La
varidte B 5 porle sur les ailes supdrieures un point
blanc analogue a celui du Bombyx quercus.
Bombijx lancslris 9 • 566. — Eleve de cbenille nour-
rie avec de raub(jpine. Eclos le 27 fevrier 1857,
Bombyx processionca $• 573. — Chenille nourrie
avec du chene. Eclos le 13 aoCit 1856.
Bombyx rubi Q. 579. 12 juin 1857. Pres Brionncau.
La feraelle est excessivenieut rare, d'autant qu'il est
impossible de se la procurer en (^levant la chenille,
dont I'educalion ne reussit presque jamais. Le vol du
male est lellement rapide et inegal qu'il est des plus
ditliciles a prendre.
Las iocampa pruni 5- 586. — Mi-juillet. Au Jardin
dcs plantcs. Rare ct belle espece qui a du rapport de
96
forme avcc la feuille morle du ch^nc, mais se dislin-
guc aisemcnt par sa coloration d'un jaune fauve.
Cleoceris 00 Q .704. — Mi-juillet. Les bois de ch6ne
d'Avrillt'. Celle fcnielle ayant pondn dans ma boitc de
chasse, j'adressai les ccufs a mon savanl ami, M. Grol-
lean, de Nanles, L'eclosion cut lieu; les chenilles fu-
rent ^lev(5es et donncrent plusieurs sujels de celle
rare espece.
Plastenis suhtusa. 705. — Juillet. Tivoli. Rare.
Acromycla Euphrasia. 720. — Mai 1856-57. Tivoli,
Jardin botaniqne,
Bryophila AlgcB. 729. — Juillet. La Chalouere.
Rare.
Triphcena fimbria 5 • ^60. — Fin de juin. Jardin bo-
tanique. Belle et Ires rare espece.
Triphoena orbona. Var. Connuba, 761. — Avril.
Avrill<5.
Agrolis saucia. 821. — Juillet. Route de Paris,
rare.
Agrotis suffusa. 822. — 9 oclobre. Bois d'Avrillt et
int6rieur de ma maison, rue Bolanique.
Agrolis tritici. 836. — Aout. Sur les peupliers de
Tivoli.
Agrolis obeliscus. 840. — Meme localitc^.
Luperina testacea. 859. — Seplembre. Route de
Paris.
Luperina Pinaslri. 883.— Mai 1857. Tivoli et Jardin
des Planles. Celle belle espece n'esl pas commune.
Luperina Liloxylea. 885. — Juillet 1855. Route des
Ponls-de-C(5.
Apamea slrigilis, var.
Mlhiops. 901. — Mi-juin 1857. Tivoli.
97
Uadena alripticis. 940. — Juin 1857. Route do Paris.
Iladena Roboris 5 et 9. 960. — Oclobrc. Route
des Fonts de Ce. La fcmelle, d'un vert fence, est tres
reniarquable.
Miselia OxyacanlhcB. 983. — Septembre. Tivoli.
EpiscmahispidiB 5 ct 9. 1119 — Septembre. Chc-
min de La Motte.
Caradrina blandce. Orthosia gothlccc. 112.3. — Octo-
bre. La Mare.
Orthosia Lota. 1144. — Octobre. Tivoli.
Orlhosia stabills. 1147. — Fin de mars 1857. Dans
la rue des Lices.
Orthosia miniosa. 1150. — Fin d'avril 1856. Roulc-
vard de Laval.
Cosmiadijfinis. 1154. — Juillet. Jardin botanique ct
fours a chaux.
Xanlhia ferruginea. 1174. — Septembre. Arbresdu
Mail.
Xanthia rufina. 1176. — Octobre. Le Mail.
Xanlhia cilrago 1186. — Septembre. Le Mail,
Ilarus ochroleuca. — Juillet 1857. Rois d'Avrille.
Ceraslis vaccinii, var. Spavicea. 1191.-2 mars. La
Chalou(^re.
Aconlialuduosa. 1323. — Juin. Jardin botaniqur.
Phorodesma bajularia 5 et 9 . 1417. — Fin de juin.
Hales. Avrille. Rare el jolie esp6ce.
Boarmia lichenaria 6 et 9. — Fin de mai et com-
mencement dejuin 1857. Rare.
nemithea coronillaria. — Fin de mars. La Haie.
Avrille. Indiquee en Sicile et dans le midi de la
Franco.
Hemithea vernaria. — Juillet 1857.
98
Tephrosia crepuscularis. 157i. — Mars. AvrilM.
Rare.
Larentiafluviaria. 1645. — (Obs.) Cetteespecen'etait
encore indiqude qu'en Sicile, suivant M. Bdcher (de
Paris), qui radelerminde surrenvoi que M. Toupiolle
lui a fait de I'individu par lui capfurd au Jardin bota-
nique, en juillet 1854, et qu'il avail communique a
plusieurs amateurs exerces sans qu'il eut pu recevoir
un nom. Elle ne figure pas dans la liste de ce genre
si nombreux, publiee par Duponchel, tome 8, 1"= par-
tie, page 361 de son ouvrage sur les lepidopleres
d'Europe, liste dans laquelle sent comprises cepen-
dant toutes les especes alors d(5crites dans les auleurs.
Celte decouverte est done des plus curieuses. Son in-
t(5ret augmente encore quand on remarque que notrc
savant botaniste, M. Boreau, alrouve sur nos schistes
plusieurs planles qui avant lui n'avaient ete indiquees
qu'en Sicile. (M. B(5raud.)
Eiipiihecia innoteria. 1699. — Fin de rnai 1857. Jar-
din botanique.
Cidaria chenopodaria 9- 1749. — Mi-aoiit. Tivoli.
Rare.
Cidaria badiaria. 1758. — 31 mars. La Gouroni-
diere.
Cidaria derivaria. 1760. —29 mars. Ecouflant.
Cidaria picuria. 1797. — Avril.
Cabera permutaria 5 et 9- — Mai.
Acidalia rusiicaria.. 1849. — Juillet. Tivoli.
Acidalia auroraria. 1860. — Juillet. Bois d'Avrili^.
Acidalia dccoloraria. — Juillet 1857. Id.
99
MICROLEPIDOPTERES.
Nomenclature dc Duponchel.
Hijdrocampa nymphoBalis. — Commencement dc
juin 1857. Tivoli.
Pionea margarilalis. — koul. Tour-Bouton.
Hijdrocampa Lemnalis. — St-Ldonard.
Botys lanccalis. — Oclobrc. Les boulevards.
Botys ochrealis. — 26 juin. Tour-Bouton.
Botys ophialis. — Juillet. Bulles de Tivoli.
Bodea ferrugalis. — 21 juillet. Avrilld.
Bivula sericcalis. — 14 septembre. Tivoli.
Nola albnnala. — Juin. Bois converts d'Avrill6.
Cargyrotoza plumbana. — Trelazd. 1856.
Cargyroloza flagellana. — Route de Paris.
Eudorea dubilalis. — Jardin botanique.
Eudora ambigualis. — Id.
Cochylis roserana. — Mai. Tour-Bouton.
Aspidia udmanniana. — Juin. Trelazd.
Grapholitha Cwcimacula. — Id. Id.
Crambus protellus. — Id.
Crambus hortuellus. — Juin.
Cledeobia augiistalis. — SoYiiemhre. Butte de Tivoli.
Diurnea flagella. — Mars 1857. LaChalouere.
Ilumilis aranella. —Vionie des Ponls-de-C6.
Teras conlaminana. — Id.
Ponthina hennannana. Id.
Carpocarpa Pomona. — Aoi\t. Dans ma chambrc.
Hcemilis alstroemerella. — 4 aoCit. Tivoli.
100
Adela Degurianella. — Mai 1857. Avrille. Tres com-
mun dans les bois.
Palpula bitrabicella. — Ma maison.
Obs. — Le premier catalogue public par M. Toiipiolle
et comprenant les decouverles par lui faites jusqu'au
20 ddcembre 1855, pr(5sentait 377 especes par lui ob-
servdes dans I'espace de trois ann(5es, dans un rayon
de 6 kilometres, au plus, aulour de notre ville. Les
types de cette premiere collection ont il6, a cetle
(5poque, acquis par la mairie et sont places au cabinet
d'bistoire naturelle. II faut ajouter a cette premiere
liste I'indication par nous de 18 especes, dont quatre
ont 6t6 depuis retrouv6es par M. ToupioUe. Le pre-
sent suppl(5ment contenant 94 especes , ce serait
ainsi un total de 485 especes dont la presence pres de
nous est de ce moment constat^e.
T.-C. Behaud,
Secretaire-genepal.
NOTE
SUR
LE REGDLATEUR ASTRONOMIQUE
DE M. FLEURY,
horloger h Angers.
Messieurs.
En examinant , a la derniere exposition, I'immcnse
variele des produits qu'une civilisation avancd'C
comme la notre met chaque jour en mouvement, on
remarquait que plusicurs industries, jadis tributaires
de I'etranger, s'en etaicnt completement affranchies.
.I'ai eu lieu de constater que de ce nombre se trouvaient
les arts de precision et que Thorlogerie frangaise sur-
loul ne le cedail en rien a celle de Gen6ve. Evidem-
menl, Messieurs, c'est a la marche des sciences qu'il
faut attribuer ces rcisultals. II est certain, en effet, que
dans les villes oil Tenseignement scientifique a rcQu
des d(5veloppcmenls , coordonniis avec les exigences
sociales , les arts sont en progres. — 11 y a soixanle
102
ans, les artsavaient devanc6 les sciences, aujourd'hui
les sciences dominent les arts. Ceux qui refusent
d'admeltre ce point de vue sont dans I'erreur et se
laissent prdoccuper par les faits du pass6 , sans tenir
assez compte des 6v^nements de I'epoque actuelle.
L'an dernier, j'eus I'honneur , dans une autre en-
ceinte, de faire connaitre les avantages d'un appareil
fort utile dCi a un horloger de cette ville. Aujourd'hui,
sous Finfluence des legons que je me propose de don-
ner a I'dcole des sciences, j'(5prouve le meme bonheur
en venant vous parler des ingdnieuscs combinaisons
que M. Fleury a rdunies dans son rc^gulateur aslrono-
miqne.
Pour pr6venir toute equivoque , je dois pr^alable-
ment dire que la construction en est due a MM. De-
touche et Houdin de Paris. Dans toules les machines,
on rencontre certainement plusieurs idees capitales
qui peuvent ne pas elre sorties de la meme tete. Cette
ind(^pendance de la construction et de I'invention
<^tant done stabile, it me sera facile de donner a cha-
cun ce qui lui appartient , en classant les diffi5rents
organes par ordre d'importance.
M. Fleury a su grouper avec art vingt effels divers
dans leurs positions relatives, et au moyen d'un poids
et d'uneroue, 11 les obtient avec precision.
Le cadran du centre qui marque I'heure de Paris,
a dii etre Tobjet de ses preoccupations. 11 a ete magni-
fiquement utilis6 , malgrd des difficullds sans nombre
qu'ont du rencontrer dans rex^cution MM. Detoucbe
et Houdin. Les mois, lesquanlicmes, les jours de la se-
maine, les secondes sont fournies par diff^rentes ai-
guilles. Dans la region sup(5rieure se Irouve I'dquation
103
du lemps qui joue un si grand r61e dans les observa-
tions. A la parlie inforieurc le mouvement apparent
du soleil est parfaitemcnt representt^. Deux cadrans
secondaires, I'un a gauche et I'aulre a droite, donncnt
I'heure exacte du lever et du couclier pour lous les
jours de I'annde. Un dernier cadran enfln fait voir les
difFerentes phases de la lune ; de sorte que Tensemblc
de tons ces cadrans permct d'embrasscr d'un coup
d'ceil les phdnomcnes celestes les plus connus.
Autour du cadran principal viennent se grouper
dix aulres cadrans de diamelres divers et qui par leurs
indications fournissent I'heure exacte a Angers , a
Geneve, a Londres, a Constantinople, a Vienne, a Al-
ger, a Rome, a Besangon, a Jerusalem et a St-P6ters-
bourg. La disposition de lous ces cadrans secondaires
a dCi ofFrir des difficultes que le conslructeur a heu-
reusement vaincues.
Des efFets si multiplies ne pouvaient ctre obtenus
avec la precision qu'ils exigent qu'a la condition d'at-
t(5nuer Ic frottement et de ne pas fatiguer le rouage.
II s'agissait, en effet, de vaincre la r(5sislance opposde
par quatre sautoirs ct un ressort de renvoi.
M. Fleury a employee une ddtente fort ing(5nicuse
qui produit ces quatre effots. Vers le milieu de la nuit,
cette detente mue par le cylindre de la roue princi-
pale, fait alternativcraenl passer I'^quation du temps,
les quanticmes , les jours de la semaine et enflu les
mois, quand ils doivent changer. Cette roue qui ac-
complit une revolution en trois jours , pr^sentc de
nombreuses complications. Montee sur I'axe qui rcyoit
la corde du poids moteur , ellc est formde d'un res-
sort, d'un rochet, d'un second rochet de la roue rdgu-
104
lalrice et do Irois levees desUndes h op^rer sur la
ddtenle. Ces diverges pieces animdes d'uu mouvement
de rotation dansle sens de leur encliquelage sont so-
lidaires les unes des autres. Les fonclions diverses de
cet organe semblent faire supposcr qu'il a des dimen-
sions consid(3rables. Aussi grande a 616 ma surprise
de reconnailre que la boile qui le renferme a une
profondeur maximum de dix centimetres.
L'dquation du temps est donnde par une roue an-
nuelle porlant une ellipse el sur laquelle s'appuie I'une
des extremites d'un levier, tandis que I'autre formde
d'une partie dentee commande un pignon dont Taxe
porte Taiguille indicatrice.
A la partie inferieure du r(^'gulateur est plac6 un
cadran bleu dtoilti , sur lequel se meut un soleil qui
nionte pendant six mois ot descend pendant six autres.
La representation de ce pbenomene est obtenue au
moyen d'un excentrique en coeur place entre deux
roues dont Fune est (5vas(5e de mani^re a pouvoir
loger cet excentrique. Ces deux roues sont respective-
ment armees de 365 et de 366 dents. Elles engr^nent
avec un pignon fix6 a la platine qui produit I'effet
demande.
Le lever et le coucher du soleil sont fournis par
deux ellipses superpos(5es el contre lesquelles vient
porter I'une des extr(5mit6s de deux leviers dont I'autre
denize conduit les roues indicatrices du lever et du
coucher.
II est constant que le regulateur de M. Fleury pre-
sente des innovations curieuses , mais a coup sur ce
n'est pas dans les moyens de transmission de cette
derni^rc partie de I'appareil que Ton irouvc d'aillcurs
105
lians la plupart dcs pieces d'horlogerio dii m6mc
genre.
Si done , sur ce point, M. Flcury n'a fait qu'appli-
quer ce qui est connu depuis longlemps, d'autre part
son procddd pour regler I'appareil, en cas d'arret , est
digne do reniarque.
II est certain, en effet, que le regulateur 6lant mis
en place, les divers cadrans ne permetlent pas d'aper-
cevoir les rouages interieurs. Pour obvier a cet incon-
venient, M. Fleury a eu recours a un petit carrd anime
d'un mouvement circulaire de un tour par vingt-
quatre heures ; I'axe qui le porte est muni d'une roue
qui cngrene avec la roue a laquelle est adaptt^e la
levi^e de la detente que Ton peutainsi faire fonctionner
a volonie.
Tel est , Messieurs , le r(3sultat de mes impressions
sur le r(!'gulateur aslronomique dont j"ai fait I'^tude,
uniquement en vue de I'application des prdceptes ge-
n(iraux que j'ai d^veloppds dans mes legons de I'Ecole
des sciences.
Angers, le 22 juillet 1857.
Pascal Dulos,
Professeur de mecanique a I'Ecole imperiale
des arts et k I'Ecole des sciences et des leltres.
GILLES HEMGE
CONSIDERE COMME POETE.
T-i sive gnoecis, sen latiis modis
Heroas astris condere, seu faces
Cautare cyprias etrusca
Vel patria properas loqiiela.
{Ant. Peron. ad Mengianum Oda).
On cntend partoutcette lamentable plainle, la podsie
se meurt, la poesie est morle ! Serait-il bien vrai que
nous assislons au moins a son agonic et qu'il ne nous
reslera bientot plus que d'en prendre le deuil? Mal-
gr6 le lemps d'arret qui senible avoir pelrifle noire
lilltn'ature, malgr*^ eel engouenicnt pour les sciences
exaclcs qui lend a malerialiser nos plus nobles ins-
lincls, non, croyons-nous, non, la lilleraturc et ce
qui en est la plus belle expression, la podsie, ne mour-
ront pas. Le goul du beau el du bon n'est-il pas, pour
Tame humaine, ce quo raliment quotidien est pour
nos organes mal(^ricls? c'est-a-dire, un imperieux
besoin.
Sans doute le culte des muses ne perira pas, mais
il pent s'affaiblir el s'affaiblit en effet, chez certains
107
peuples, a certaine dpoquc de leur vie socialc, et Irop
souvent, a sa place, on voit s'elever raulcl de Plutus,
sur Icquel ne brfile que rcncens de la ricliesse et des
lerreslres appelits.
Quand une nation a produit des chefs-d'oeuvre dans
tous les genres, et que, dans le vaste champ de la lit-
terature si largernent moissonnt^, elle ne laisse plus
que quelques (ipis a glaner, que restera-t-il aux gend-
ralions qui suivent? Deux choses : tenter de nouvelles
voies ou marcher sur la trace des devanciers. Mais
I'invention n'est donnee qu'a un petit nonibre d'es-
prils d'elite. Reste done I'imitalion plus ou moins ser-
vile, plus ou moins originale , si Ton pent ainsi dire,
des bons modeles. Eh! c'est ici pr6cis<5ment I'c^cueil.
Car, apres tant de travaux podtiques, il faudrait 6tre
n6 bien malgr(5 Minerve pour ne pas tourner pas-
sablement un vers. On fait done des vers, force vers,
riches de rimes, s'ils sent pauvres de sens. On se croit
litldrateur parce qu'on a fait imprimer ses moments de
loisir, ses fantaisies; puis fier de ce mince bagage, on
se pose en homme de lettres et Ton n'a que du dddain
pour des ecrivains d'un autre si6cle, chez lesquels
I'esprit po(5tique s'alliait a une profonde connaissance
des lilt(iralures de Rome et d'Ath6nes. A peine les
drudils memo leur consacrent-ils quelques lignes,
comme si nos progres lilt(5raircs, notre erudition, noire
feu po6tique avaient completement dclipse des auteurs
qu'un ou deux si6cles seulemenl separent de nous.
Mulgre les pretentions de noire c^poque, disons-le
liaulement , pen d'hommes aujourd'hui pourraient
soulenir le paralMe avec plusieurs de ces ecrivains
dont on connail a peine le nom.
108
Si, par cxcmple , il se rencontrait de nos jours un
homme d'une prodigieuse m^moire, d'une (5rudilion
aussi vaste que variee, jurisconsulte Eminent, gram-
mairien faisant autoril6, poelc fran^ais au-dessous
seulement de nos bons dcrivains, faisant des vers ita-
liens admirds meme de rAcaddmie Delia Crusca, ri-
valisant en po6sie laline avec ceux qui ont le mieux
6crit dans celte langue, maniant I'idiome d'Anacrdon
et de Thdocrite avec une facility et une grace peu
commune, et couronnant cet assemblage de talents
si rares par une amenity et un alticisme qui ont
<5merveill6 ses conlemporains, si, disons-nous, un
pareil homme se rencontrait, la France n'aurait-elle
pas le droit d'etre fiere d'un pareil personnage?
Eh bien! cet homme si peu connu, vivait il y a
deux siecles, c'dlait notre compatriote, c'dtait M(5-
nage !
Oui, Manage est peu connu, peut-etre m6riterait-il
de I'etre davantage. Parmi les diflerents aspects, tons
assez remarquables , sous lesquels il pent 6tre consi-
d6rd, nous ne voulons nous occuper aujourd'hui que
du cote podtique, M(5nage poete, voila ce que nous al-
iens examiner.
Et d'abord, n'est-ce point d(5ja quelqne chose digne
d'altenlion que de voir un auteur parler le langage des
dieux, comme on disait alors, en quatre langues di-
verses, dont une seule bien manide sufflrait a la gloire
d'un (5crivain?
Cerles nous ne pr(5tendons point qu'il ait excell6
egalement dans ce quadruple idiome, et pour aborder
de suite le cole faible, parlous des vers frangais.
Mon Dieu ! nous d irons sans d(5lour3 , que les
109
poesies frangaises do Menage n'onl pas aiijourd'hui a
nos yeux uii grand m(!Tite. Elles ne sorlent pas de celle
phraseologie plus ou moins podlique, de celle imila-
tion inalenconlrense cl servile telle qu'elle exislait
avant Ics Corneille, les Racine et les Boileau. Mais
enfm, si nous ecarlons un momenl les grands mo-
deles du grand siecle, Mt'-nage liendra sa i)lace parmi
les auleurs du second ordre qui onl (^cril avanl 1G60.
Si Mdnage fCit ne deux siecles plus lard, apres lanl
de chefs-d'oeuvre de grands mailres, apres la forma-
tion de noire langue poetique; quand la phrase a 6[6
lournee cl relournt^e de milie fagons el que la memo
idee donnee a dix auleurs sera, a peu pres, rendue
dans des lermes sembahles et comme sl(5reolypes,
croyez-vous qu'il n'eut pu prelendre a un prix de
rAcad(5mie? Et par centre, si faisant remonler en ar-
riere de deux cents ans nos rimeurs d'anjourdluii,
vous les placiez a celle ^poque, oil le grand Corneille
lui-meme bronchait si souvent, esl-il vraisemblable
qu'ils eussent mieux rt^ussi que Menage a dompler
noire langue si relive, si rebelle alors, et qui ne s'esl
assoui)lie que sous la main de nos meilleurs (5cri-
vains? Vous me permcttrez d'en douler.
Mi( ux inspire du Latium, Menage dul aux muses
latines une gloire moins conleslable et moins conies
tde. II s'etait, d6s son enfance, merveilleusement
nourri de la lecture des pocles et des oraleurs de
Home. Sa prodigieuse m^moire n'en avail pas seule-
rnenl relenu de longs et nombreux fragmenls; mais
Virgile, mais Ovide, il les savait presque tout enliers.
Omnia Virgilii meinori cum nieiilc Iciioi-eiii.
HO
Noire age, assez pen soucicux do ce genre d'eludes,
ne jelle qu'un regard dislrail et presque dedaigncux
sur ces anciennes lilteralures, auxquelles I'Europe
enli6rc doit ce qu'elle est anjourd'luii. Erreur grave
qui, si elle devenait gc^n^rale, compromeltrait infailli-
blement dans les ouvrages d'esprit le bon sens et le
bon gout.
Mais, a-t-on dit, a quoi servenl les vers latins? In
sylvam ne ligna [eras, s'ecrie Voltaire. A noire lour
nous dcmanderons a quoi sert le latin? Apparommeiil
<^e n'esl pas un hors d'ceuvre, puisque vous y sournet-
lez V05 enfants pendant les plus belles annees do leur
adolescence. Non, ce n"est pas une elude oiseuse, on
I'a dil et nous le repelons avec une conviclion pro-
fonde, sans de bonnes etudes classiques il n y a point
de vraie, de solide instruction. L'education est tron-
quc^e. Vous citerez quelques exceptions, notrc poete
national, par exemple. A Dieu ne plaise que nous re-
jetlions ce qui pent allenuer la regit; generale. Ici-
menie nous pourrions monlrer du doigl d'honorables
exceptions; mais cela ne fait que confirmer la tbese
dans ce qu'elle a d'absolu. D'ailleurs nous voudrions
que vous eussiez pu deniander a noire Pindarc mo-
derne a quel prix il lui a ^le doiini de combier cette
lacunc de son education.
Faire des vers latins, le beau merile! nous disent
des gens qui n'ont jamais su entendre qualrc vers
d'un auteur ancien. Ne nous y Ironipons pas ndan-
moins, ne fait pas qui veut de bons vers latins. Savez-
vous en effet, ce qu'il faut pour y riiussir ? II faut une
etude approfondiedelalangue latine, laconnaissance
exaiute de la valeur du mot poetique, une lecture
HI
longue ct st^rieuse dcs meilUurs auteurs , une oroillc
sonsihlo ol fnconnde a la cadenco da vers, de I'imagi-
nation ol quolque chose de cc mens dirinior dont Ho-
race fail rallribut dii poele. Pens'ez-vous que parmi
les ddlracteurs du lalin il y en ail beaucoup qui soienl
capables de rdunir eel ensemble de qnalites?
Enfln, selon nous, celui-la seal peul senlir Virgile
qui s'esl longlenips ^verlu^ a riniiler. Mais revcnons.
Mdnage ful done une des gloires du Parnasse lalin.
Nous voudrions bien vous mellre ici sous les ycux
quelques fragments de ces poi^sies, car des pieces si
legeres ne s'analysenl qu'imparfailemcnl. Leur beaute
presque lout enliere se Irouve dans la forme, el bien
que la raison el I'espril y brillenl sou vent, c'esl nean-
nioins le jugemenl de roreille, ce sitpcrbissimwn amis
judicium, c'omme dll Quintillen, qu'il faul consuller,
avanl tout, quand on veul apprecier les poeles On ne
peul'guere, nous le sentons bien, vous inviler a se-
couer la poussiere des siecles qui recouvrc ces ceuvres
poeliques. Si cependanl vous aviez garde quelque gofil
poiu" les muses latines, ces pcliles pieces vous plai-
raienl sans doute, el vous ra{)pelleraienl pcul-etre
quelques-uns de vos premiers succes litldraires, suc-
ces loujours si doux au souvenir, meme quand plus
lard on en a obtenu de plus brilianls.
Sans suivre t'ordre du lemps, nous allons joler un
coupd'oeil sur quelques morccaux qui donneronl une
id(5e de la maniere de faire de noire autour.
Dans un Age d(^ja avance, Menage perdit sa riche
el brillanle mdmoire. C'esl a eel accident que nous
dcvons deux (Elegies ou plulol deux hynmes adresses
a Mnt'jmosyne.
412
Dans la premiere pi6ce, il fail podtiqneinenl I'in-
venlaire de loutes ses perles :
Memini cum plurima Homeri,
Plurima peligiii recitarem carmina vatis
Omnia Virgilii ineinori cum menic tenerem.
Joigncz a ce repertoire, les norns de tons Ics [)hilo-
sophes de I'anliquile, leurs secies, leurs syslemes, la
serie des consuls de Rome, la succession des peuples
qui onl paru sur la scene du monde, I'arbre genc^alo-
gique des maisons nobles, lonle son hisloire de Sable,
voila ce qn'il embrassail dans son vasle savoir, voila
aussi le sujel de sa douleur quand il se disait : Omnia
mine oblila !
Co luxe cxubdranl de mdmoire, celle inepui?able
f^condile de conversation, dlaient un talisman avec
lequel il caplivail, sinon le coeur, car Mi^nage n'<^lail
pas hcureux en amour, mais I'espril des nobles dames
de cetle (-poque. Ce prestige une fois evanoui, voyez
avec quelle amertume il le regrelte :
Ingenii pars ilia mci, placuisse puellis
Qua potui, periil; nunc illis Tabula fio.
Pendebanl olim, memini, narrantis ab ore.
Trahi par sa mc^moire, Mt^iage racontait soiivenl les
menies conies, les niemes hisloires devant les memes
personnages, et ces nobles demoiselles, que naguere
^merveillail le cbarme de ces r^cils, le quitlaient an
milieu de son radolage :
Nunc me fastosas medio in sermone relinquunt.
Celle m6moire lant regrellee, celle partie la plus
prt^cieuse de lui-m6me, il la recouvra enfln. Ce ful le
as
sujcl dn second hymnc, donl lo cole le moins suillanl
n'est pas d'avoir ele compose a soixanle-dix-huil ans.
Dans Tenlhousiasme de sa joie, le vieil alhlele recueil-
lil le resle de ses forces podliques, et celte verve,
presque oclog(5naire , jeta encore un assez brillani
t'clal avanl de s'etcindre pour jamais.
Mazarin, a sa renlrec Iriomplianle dans Paris, vil a
ses pieds lous ces parlemeiilaires qui avaient mis sa
tete a prix. Au milieu de celle tourbe de plals adula-
teurs, le cardinal n'ayani pas aperQu Manage, s'en
plaignit. Notre auleur, flalle d'avoir brill6 par son ab-
sence, adressa an Mlnistre nne piece de vers dans la-
quelle il reconnail d'abord que sous les reproches il se
cache toujours un peu d'amour et de bienveillance :
Officiosa qiiidem tua sunt convicia, Juli,
Nam latel in querulo pectore blandus amor.
II se vanle ensuite de n'avoir jamais rien dit, rien
ecrit centre lui pendant ce facheux exil (assertion un
peu doutcuse peut-etre). II pretend d'ailleurs que s'il
n'est pas alio le saluer, c'est que des valets lui ont refuse
rentnie du palais. El plein d'une juste fierle, il ajoute :
Contemplus ferrem famuli ! fastidia possim
Non tua, non rcgum, non ego fcvve Jovis.
« Subir le dedain d'un valet de cour ! mais ton d6-
» dain, le dedain des rois, celui des dieux memos, je
» ne le supporterais pas. »
C'est dans celte piece que se Irouvenl ces vers qui
allaient droit a I'adresso du parlemenl :
Et puto tani viles despicis inde togas.
Hi sunt saepe tuum qui petiere caput.
1U
Le parlem(>nt se crut insulte. II voiiIiU poiirsuivre
M(^nago; mais celui-ci prouva que le aiol loga sigiiifie
un habil do coiir.
Dans line dlegie adress^e au m(5decin Bachot, Mi-
nage le prie de le gii(5rir de Tamoiir. « J'ai lonjours,
dil-il en aposlrophant Cupidon, j'ai loujours comballu
sous tes enseignes. »
Te dominum coliii , serviit tibi dedita semper
Ars mea; quid faimilum lajdis, acerbe, tuura?
« Pourquoi toiirmentes-tu un serviteur si fldele? »
La modesUe n'^tait pas une des verlns de M(5nage ,
on lui a souvenl reproch6 les louangos un pen exces-
sives qu'il se donnait a lui-meme. II prdlend ici que
la France proclame en lui le chanlre par excellence
de I'amour.
Sa:,ve puer, vocat alma tiiiini me Gallia vatem.
II est vrai que toules ses pieces roulent a pen pres
surce sujol, ct qu'a ce litre on pourrait le nommer
le poele des amours.
Dans ces plaintes, il s'agit peut-etre des rigueurs de
M™' de Sch'igne qui se plaisail a ddsespt^rer Menage en
le menagant d'aller le tronver chez lui, ou plulot de
la belle de Lavergne (iM""^ de la Fayette) dent le nom
revienl dans tons ses vers, I'tHernel objet de ses
doldances et de ses desespoirs.
Quant a ces aveux un peu compromettants dans la
bouche d'un abb6, il ne faut pas s'cn scandalisor Irop.
Mc^nage tcnait, il est vrai, a I'Eglise, comme tant
d'autres, par le petit collet et le rnanteau court; mais
115
au domenrant, sos fonclions occldsiasliques ronsis-
laienl a porcovoir et ii di'ponser les rcveniis d'lin be-
nefice, sans autre charge d'anie que Kn sienne propre
« Uii jour, dil il, en finissant, un jour les jeunes
» gens viendronl pres de ma lombe, el dironl aux
» jeunos filles : « El lui aussi ful un esclave de I'a-
» mour. » Mais j"enleuds la voix du porlicr des Enfors,
ji il ui'appelle, adieu, cher ami, adieu pour loujours. »
Ces melancoliques paroles rappellent involonlaire-
menl : Et in Arcadia ego.
Menage avail loujours vdcu a Paris. Apres vingl ans
d'absence, il revinl a Angers. De meme qu'aulrefois
S(5ndque, a la vue de ses arbres deleriores el vieillis,
rejelail sur la negligence de son jardinier ce qui n'e-
lail que I'oulrage du lemps, eel insitjne larron; ainsi
noire poele aurait presque accuse ses compalrioles
des changcmenls qui frappaienl peniblenienl sa vue.
Toul, dans sa ville nalahi, avail pris une face nou-
velle, mais toul ne s'elail pas embelli pour cela :
Quas posiii virides sylvas. sunt arida ligna.
Qiiam striixi peiidel inox ruitura domus.
Ces arbres qu'il avail [)lanles el que le temps a des-
s(jcbes; celle maisou qu'il avail conslruile el qui
menace ruiiie, lout cela rafflige el le ddsole.
Cependanl, avec eel elan du cceur qu'excile lou-
jours, dans un homme bien n6, la vue de son pays, il
s'(5crie :
Salve, magna parens, tellus niilii patria, salve!
« Salul, more puissaule, lerre de mon pays, salul ! »
Mais soudain il esl oblige de faire sur lui-meme un
116
doiilouroux relour. Qui suis-je? oil siiis-je? Je ne rc-
connais aucnn des mions; petils el grands demandenl
qu(!l esl mon uom.
Toules ces Angevines, qii'il avail laissdes brillanlos
do jeunesse el do beaulo, ne soul plus. La morl pour
la pluparl les a moissonnees. La vieille Plioloo seulo
vil encore, dit-il, si loulefois c'csl vivre que d'etre
vieille :
Vivit anus Pholoe, si modu vivit anus.
II serail piquant, apres deux siecles, do connailre
les pcrsonnes dout parte Mc^nago ; mais la necossile dn
vers et la biensoance, sans doute, no lui oni pormis
d'employer que des noms einpruntes a la langue
po(^liqae.
Menage avail alors soixante ans :
Milii sexagesima messis
Instal.
II vivait a uno epoque oil les sentinienis rcligieux,
profond(knenl imprimes par rexemple do la famillo el
par Teducation publique, dans to cceur des enfanls,
pouvaiont elre oublit^s el comme mis en r(?serve pen-
dant le feu do la jeunesse ; mais reparaissaiont forls et
vivaccs quand I'ago et los deceptions do la vie avaienl
ramene dans les esprils la reflexion et le calme. Aussi
voyoiis - nous , sans elonnemenl , Menage faire ici
amende honorable pour ses fautes passees au pied du
prelat vd'nerable qui tenait alors le si6gc (Episcopal
d'Angers. CY'tail rilluslre Henri Arnauld que nous
avons vu, un sieclc plus tard, renaiire dans la por-
sonne d'un autre eveque dont noire villo n'a point
perdu le souvenir, el donl le nom esl el sera long-
117
temps le symbole do la pi(He, dc la bionfaisance el du
devouenient.
Les jeunes les pins riides n'efFraiont point noire
poc'te penitent. II eonvrira volonliers son corps du
Ingnbro habit de la penitence: meme il se soumettra
aux coups de la discipline.
Non ego velandos pannis squalentibus artus,
Nudaque verbcribus terga secaiida negein.
Celte (51(5gie oil, contre I'habilnde de Tauleur, perce
je ne sais quelle douce mc^'lancolie, finil par ces deux
vers d'une potHique prc^cision. II s'adresse toujoursan
prelat :
Erige me lapsum , due me, Pater alme, volentem,
Nolentem tecum, me, pater alme, irabe.
Ce n'est pourtant que I'adage des stoiciens : ducunt
volentem fala, nolenlem Irahunt; mais I'application en
est faito ici Ires houreusemenl. Pcut-elre y a-l-il la
qiiolque secrete allusion a la grace divine dont les di-
vers el inintelligiblos systemcs tournaient alors loules
les I6tes ct agilaienl lous les esprits.
Cost quelquefois par un trail fln el delical que
Manage excelle , Idnioin ce dislique :
Te supero, non ipsa negas, mea Magdali, amore ;
Non tamen ipse niniis le superasse velim.
« Mon amour, lu ne le nies pas, remporte sur le
» lien ; mais pourlanl je ne voudrais pas qu'il Teni-
» portal trop. »
Ailleurs, pour se punir d'avoir offense sa ch^re
118
Lavergiio par des vers que le d(^sespoir avail rendus
Irop violenls, il demands des fers :
Ferrca non manilnis, pcdibus iinii vincln I'ccuso.
Qu'on le couvre de chaiiies, iiiais qu'au moins sa
main droile soil libre pour ecrire les louanges de celle
qu'il airne.
Tu modo taiitilluni nostrae nimis aspera dexlrsp
Vincla leva , laudcs scribal ut ilia luas.
Tout le monde connail Monmaur, ce parasite fa-
nieux , conlre lequel se ligua, on no sait trop pour-
quoi, une foule dY-crivains de la premiere moilie du
XVII' siecle. Menage aussi apporia sa pierre a eel edi-
fice de vengeance lilldraire. II melamorphosa en per-
roquet GargiliusMamurra (Monmaur). Voici comment
se termine la piece; ce sera, si Ton veut, un specimen
de la versification latine de M(5nage :
« (1) Sa langue adulatrice repete encore son dler-
» nel bonjour. Toujours meme loquacite. Son nez,
» comme autrefois, esl crochu el empourprd; sa tele
» esl dure, sa voix rude el criarde, son cou enorme
(I) Lingua Saliitatrix et priscum x^'f- remansit.
Pi'iscaque garrulilas el adiinci purpura nasi.
Durities capitis, vox ferrca, plurima cervix,
Quique olim fuerat tenebrosi carceris liospes,
Nunc cavea; clatbros iratis morsibus urget.
Nunc quoque nugalor, nunc vinosus edaxque
Nunc et scurra procax nee non convicia totus ;
Nunc etiain meininitque libens quas psittacus audit
Atque aniat auditas claniosus redderc voces.
Ilium Gargilio scires e rbetore factum.
119
» Comme jadis il avail habiU' iino t(''n(''brenso prison,
» anjourd'tini sa rage inipnissanlo liarcole a coups de
» bee les barreaux do sa cage. Fulile et hableiir, re-
» chercbant le vin el les bous morceanx, efFronle
» bouffon, il r(5sume en lui lonles les injures. Les
» paroles qu'il entend sous sa forme nouvelle, il ne
» les oublie point , el so plail a les reproduire dans do
» violents (Eclats de voix. On n'en pent douler, c'esl
» bien la m^lamorphose du rbeleur Gargilius. »
Dans ses podsies lalines, Manage monlre un goill
assez pur, de la simplicild el de la clarte, une con-
naissance elendue des auleurs qu'il imile, mais pen
d'imagination. Une critique Iroi) severe, sans doule,
mais non lout a fait injusle, lui reproche de porter
rimilalion jusqu'au plagial.
II est bien vrai qu'un erudit de lY'poquc, Baillet, ja-
loux de la renommee de Menage, et de I'accueil que
lui faisaienl de liaules el nobles dames, a compile en
qualre volumes (Irois de Irop au moins) lous les pla-
gials reels ou prelendusqu'on lui reprocbait. Avouons-
1(> francbemenl et tout d'abord. Menage diait poMe,
bel esprit, et parlant, un |)eu vain. A la gloire qu'il
s'elait acquise par de nobles veilles, il en joignil (juel-
quefois une de conlrebande. Mais ces peccadilles de
I'homme ne peuvent faire oublier le merile de I'au-
leur. On ferait un gros volune do ce que Virgile a
derobo', sans en rien dire, a Homere, a I'auteur des
Argonauliques, a Hesiode, Ennius el lant d'autres.
« Sur le Parnasse, comnu! dans le monde, disail Vol-
taire, il n'esl permis qu'anx ricbes de voler. »
xMi^nage avail eu , dil-oii , le dessein d'ecrire sur la
120
maniere d'imitcr les poeles sans les copier; il serail
curieux, ajoiilo le dernier biographe de noire auleur,
do savoir comment il enlendait celte dislinclion.
Sans rien prdjuger sur Topinion qu'aiirail formulee
Menage parlanl dans sa propre cause, nous dirons
qn'il n'en est pas de I'imilation d'un ancien comme
de celle d'un auleur moderne.
Ecrivant dans sa langue maternelle, le poele pent
lirer, comme d'nne source qui lui est propre, des
lournures de phrase, des mdtaphores, des alliances de
mols, des hardiesses do style qu'il n'a plus a sa dis-
position quand il exprime sa pensec dans une langue
morle.
Jamais, en effet, on ne sera stir d'dcrire corrccte-
ment, et selon le gdnie d'un idiome (Stranger, qu'au-
tant que Ton aura puise dans cet idiome meme, non
seulemenl les mots, mais I'art de les agencer dans les
phrases, de disposer cellcs-ci dans un ordre donnd,
et d'enchainer le tout d'une fa(,^on qui n'a rien d'ar-
bilraire el que Ton ne pent deviner a priori. Ce travail
ne donne pas le gdnie, sans doulc; mais on ne pent
le nc^gliger saus s'exposer a prendre pour des phrases
latinos , par exemple, ce qui au fond ne serail qu'un
style barbare plus ou moins harmonieux.
La ligno qui s(:'pare le plagial de I'imilalion est
dilTicilc a tracer; mais nous ne pensons pas que
Menage Tail souvent d^passde.
Cossarl a plus d'eldgauce et de purete. Le Pore de
La Rue Temporte par le feu et la verve virgilienne,
Sanleuil par renthousiasme, Rapin, Herman lui sont
bien superieurs; mais Menage, par sa timidite meme
qui I'empeche de s'avenlurer dans la phrase latine,
i'21
nous donne peul-elre une garanlie plus sftre du bon
aloi de sa lalinitd. (Note A).
Manage a Iraduil Iui-m6mc en vers grecs qiiolques-
uncs de ses peliles pieces lalines. Celle Iraduclion,
ainsi que pliisieurs aulres morceaux en langue hell^-
nique, ne manqnont ni de gr^ce ni d'el(!'gance ,
et prouvenl que I'auleur jouait familieremenl avec
I'ididme d'Homore.
Telle est gdndralcmenl noire ignorance de la langue
grecque, celle langue; riche, harnionieuse el presque
divine, que bicn des gens crieronl a I'hdresie litleraire
quand ils nous enlendronl atlirmer qu'il est plus
facile de fairc des vers grecs que des vers latins. Celte
asserlion est nt^anmoins indubitable. Les Romains ne
rignoraient pas. Horace n'a t-il pas dit : que la Muse
a donni!' aux Grecs un langage plus facile? Martial
tranche la question par ces mots :
Nos coliimis musas scveriores.
Au reste, pour celui qui s'est essaye dans I'nn ou
Taulrc travail, il ne peul y avoir de doute.
Si nous avons du elre sobre de citations lalines,
vous nous pardonnerez de I'elre encore davantage,
quand il s'agit d'une langue gt^neraletnent ignorec
aujourd'bui. Nous le regreltons pour Tamour de celle
belle langue que malbeureusenienl negligent trop
meme les liotumes instruils. C'esl un mallieur, quand
il s'agit de grec, de ne pouvoir dire coninie Virgile ;
Non canimus surdis.
122
Quoi qu'i! en soil, vous savez tons la charmanlc
idyllc de M""^ Deshoulieres ,
Dans ces pr6s fleuris
Qu'arrose la Seine...
on de pelits vers de cinq pieds coulent mollement
en p(^riodes harmonicuses. Eh bien ! parmi les pieces
grecqaes de Menage, il y en a une qui a plus d'un
rapporl avec ce chef-d'oeuvie. II est vrai que la,
comme ailleurs, I'invenlion csl nulle a pen pres (ce
d(5faul, vous le savez, est le p6cAi6 originel de Manage);
mais, pour la rapidile du style, I'degance de la forme,
I'adresse a nianier ces pelils vers qui semblenl une
source limpide lombanl en cadence el flallant amou-
reusement I'oreille , nous croyons que le grec ne le
cede guere a la gracieuse idylle frangaise qui ne ful
inconiprise que du Grand Roi.
La morl d' Adonis en est le sujel, faible iniilalion,
sans doule, de I'adinirable elegie de Bion, a laquelie
peut-(3lre il n'y a rien de comparable cbez les moder-
nes, en ce genre de poesic. La piece de Menage a plus
de deux cents vers; mais la monolonie s'y fail senlir
en raison meme du rhylhmc que Tautenr a choisi. En
effet, soil hasard, soil propos delibc'srd, il a employ^ le
vers adonique, verS de deux pieds, qui fatigue vile
I'oreille par le retour toujonrs repete da daclyle el du
spondc^e. Plus heureuse, M»"= Deshoulieres a lrouv6
dans les rimes croisdes une variel(i harraonieuse qui
soulient Tallenlion sans la faliguer. (Note B).
Parnii d'autres morceaux, dont aucun d'ailleurs ne
manque de facility el d't51(''gance , il y a ime petite
<51egie (fXE7J<ov) adress^e au Sommeil. L autcur supplie
123
le dieu de lo ddlivrer d'line insomnie longue cl
cruolle. Pendant los ennuis de sa vcille, il enlond,
dans Line ehambre voisine, son valet qui , commc un
des guerriers de Virgile :
Toto prollabat pectore somiium.
Ses poumons a grand bruit exiialaient Ic somineil.
(Gaston).
« Ah ! dil le poele : dieu du sommeil, loi qui prodi-
» guos tes largesses a mon serviteur, ce ne sont point
» ces bruyanls dclats, cetle respiration relenfissante
') que je reclanne de toi. louche seulement du bout de
» la bagu(!tlc niagique ma i)aupiere faliguee, repands-
') y quelques goultes de ton baume qui calme et as-
» sonpit, endors-moi mollement, moi I'auii des muses,
» le favori d'ApolIon , je ne prc'lends pas a de plus
» hautes pri^Togalives soporiflques. Viens done, 6 mon
» roi, hAte-toi. doux sommeil, vole d'un rapide essor
). vers ton poete; car si lu lardes, jedormirai bienlol du
» sommeil (^Hernel, et la morl , cello swur qui te res-
» semble, aura finine mes youx (1). »
Les poesies grecques de Menage sont assez nom-
breuses. II y a beaucoup d'epigramrnes qui n'onl
gucre d'aulrc mcirile que la concision. Tel est ce dis-
tique sur Scaron fameux par ses pieces burlesques.
Le Dieu des morls I'a ravi, 6 toi qui fis lant rire, 6
Scaron ! pour que I'enfer e<il son Momus , comme
rOlympe avail le sien.
(1) it'vu^, 'TTfoc fjti Tscv Ta;^;ic Sv, Ta;^ic ixSs ttooithv
T irvs 9i^£ «7« Tiii^v, vi/ <}l^^6 uttve tistsu.
124
Kai (n, tT'naui'oyi'KOii 5!;tap»v/r, iifTaa"sv AcTiic,
Q'c K.a( Ma'//cv '50V , axriTip oM/^woc, s;^;3/,
Quelques pieces anacreonliques rie seraient peul-
elre pas trop indignes du vieillard de Teos. Uno,
entre anlres , paraitrait presqiie dchapp(5e a la muse
d'Anacrcion et ferail beaiicoup d'hotiueur ;i Menage, si
ce n'elail pas une imilalion assoz heureuse d'ailleurs
du delicieiix madrigal de C!(5ment Marot.
Un jour, Amour vil celle qui ni'est amere
C'est peut-6lre la un des plagials dont parle Baillel
mais a vrai dire, nous nous senlons plein d'indul-
gence pour de pareils larcins. On Irouve au resle dans
le grec de Menage un Irail plein de senliment el de
nalurel qui n'esl pas dans Marot. L'amour jelanl ses
deux pelils bras au cou de celle qu'il croil sa mere ,
« embrasse-moi, dil-iU ma mere, embrasse-moi. A ce
« nom de mere, Corinne rougil , Corinne vierge en-
» core (1). »
Ayant a luUer conlre un de ses compalrioles qui
6tait, a ce qu'il parait, d'une humeur tres processive,
el faligud d'un interminable proces qu'elernisail la
mauvaise foi de son adversaire, Manage s'adressa au
premier president de Lamoignon , pour oblenir une
justice plus pronipte.
- La principale parlie dela justice, lui dilil, c'est la
(1) TfaxtO-tf
A'.S'ufjia.s TS ;t^'P*^ aTiTfflv ,
Kdhou/uiivti Kofivva
MjiTnp , spi/9f(i^s;,
Sc 'TripSfVOC jUiV 01)70.
125
» prompliliule. line grftce, filt-cllc^ pelile, dcvieiil Ires
» grando si die esl accordde a Icmps. Accorder vilo,
» c'est la grace des graces (1). »
M(!'nage, dit on, posait dcvant Moliere qnand celui-ci
peigiiil Vadius; s'il on est ainsi, nous en soinmes
fAch6 pour I'aulcur des Femmes savantes. II esl a re-
gard do Menage ce que Boileau a ele pour Quinault.
Menage elail, il esl vrai, un hellenisle distingue, niais
un hellenisle agreable el de bon Ion. Comment expli-
quer anlremenll'unanimile des lemoignages contem-
porains qui parlenl de ses succies de socield, et quelle
soeietelCelle deCorneille, LarocIiefoucaull,des dames
de S(^.vigne, de Lafayette el bien d'aulres. Parcourez
la note A de I'article Menage, dans le grand diclion-
naire de Bayle, cl vous verrez ce qu'en pensait eel
auteur si solide et si judicieux . Au resle, la cause de
la mauvaise humour do 31oliere el de Boileau, serait,
dit-oa, lout sinqjlenienl les 2,000 fr. de pension que
Menage touchail en quality d'liomnie de lollres. Ce mo-
tif a puinfluersurropinionde Boileau qui n'avait point
alors de pension ; mais a cetle ei)oque Moliere tou-
chail 1,000 fr. sur la cassette du roi. {Note C.)
Serait-ce , comme on I'a pri^tendu , que Menage , a
I'occasion du Tartuffe, en aurait desservi I'auleur au-
pros de Montausier?
Quoiqu'il en soil. Menage eul le bon goi'il do se re-
concilicr bienlol avec ces deux illustres ecrivains.
(t ) Vloii>.v iJii'fCt TO ikx": f "■Tl t'm.n.iotrjttit
9
126
Sans multiplier davanlage ces citations grecques,
je rappellerai une petite pi6ce anacr(?ontiquG adress(5e
au savant Huet, adjoint a Bossuet pour I'^ducalion du
Dauphin, fils unique de Louis XIV. Le ton dpicurien
qui regne dans ce morceau parailrail singnlierement
hasarde si Ton voyait dans celui pour lequel 11 est
compost, I'eveque d'Avranche. Mais il ne faut pas ou-
blier que Huet n'enlra dans les ordres que tres tard et
qu'il tHait d'un age d6ja avanc^ quand il fut promu a
I'c^piscopat.
Au reste, I'hotel de Rambouillet qui, a cette i5poque,
donnait le ton parlout, avait inlroduit dans la society
une certaine galanterie platonique qui s'^lait emparde
de tons les beaux esprits et que Ton relrouve meme
chez des membres (3minenls du clerg6, Fl^chier,
Godeau , dveque de Vence et d'autres.
A I'occasion du sous-precepteur du Dauphin, nous
ferons reniarquer que Ton avait songd a Menage pour
remplir cet honorable emploi. Je ne sals pourquoi,
cette place fut accordde a Huet qui d'ailleurs y avait
toule espece de droits; mais ce ne fut pas Bossuet qui
(5carla notre auteur, car celui-ci, dans une elegie
adressde a ce meme Dauphin , pretend que Bossuet,
pour slimuler Tardeur de Tenfant royal , disait a son
(ileve : Si vous travaillez bien , vous serez chantti par
la bouche 61oquente de Menage.
C'est encore la un des coups d'encensoir que Me-
nage ne s'dpargnait pas assez.
Toutefois, en presence d'un homme aussi profon-
dement erudit quo I'i^veque d'Avranche , si Menage a
pu meme un moment faire pencher la balance et
meriler le sufTrage de Monlausier el do Bossuet, Tap-
127
pr^ciation de ces graves et habiles personnages, dans
celle solennelle occasion , doit 6lre, si nous no nous
trompons, la plus irrefragable caution du vrai et solide
merile de noire conipatriote.
Quclque brillante que soil, en general, la poesie la-
tine ou grecque parmi les moderncs, des esprits diffi-
ciles pourront toujours prelendre , avec d'Alenibert ,
que nous sommes des juges un peu suspects quand
nous pronon^ons sur rimilation exacle ct vraie d'une
langue que Ton ne parte plus. Celle objection, cepen-
dant, bien qu a nos yeux plus sp(!'cieuse que rt^elle, ne
pent du moins atteindre Menage , considere conime
poele italien.
Telle 6lait, en effet, sa merveilleuse facility a s'assi-
milcr les langues dtrangeres , qu'il dcrlvait I'italien
com me un Toscan. ,Si nous n'avions a enregistrer ici
que Topinion el le gout de ses compalriotes, nous pour-
rions craindre que la pidvenlion ou Tignorance ne les
efitaveugI(^'S; mais des juges irrdcusables, des hommes
instriiils de rilalie, des membres de I'Acad^mie Delia
Crusca se soul plus a rondro un hommagc explicilo
aux poesies que Menage avail compos^es dans leur
langue.
Quolques critiques , a la vdrite, pour all^nuer lo
merile d'un pareil succ6s, onl prdlendu que la poesie
ilalienne n'offrait pas de grandes ditlicultes. Mais il
en est a peu pros des vers ilaliens comme des vers
frangais. C'est une chose cxtremenient facile d'en
faire de mauvais ou de mi^diocres, passablemenl dif-
ficile d'en faire de bons. A-t-on vu depuis iMc^nagc un
grand nombre d'elrangers qui aienl excelle dans la
podsie ilalienne! CependanI celle langue molle et
128
nous dirioiis presque cffdmini^e, esl apprise parloul et
aucun des idiomes modernes ne se prele aulanl
qu'elle a I'expression des sentirnenls tendres et pas-
sionn6s. Nous ne craindrons done pas de dire que
c'est peut-etrc ici que nous renconlrons le plus in-
contestable merite de noire compalriote.
Ce n'dtait pas, qu'on le croie bien, I'oeuvre de Poe-
shie du grand Frederic. M(^nage n'avait pas besoin
d'un Voltaire pour laver son linge sale. On eilt dil
qu'il (5tait n6 a Rome on a Florence, tant sa dic-
tion est pure, tant il a merveilleusenienl saisi le Ian-
gage de P^trarque.
Ces poesies consistent principalement en quelques
sonnets, en madrigaux Ires nombreux auxquels on
peut joindre quelques pieces dans le genre de celles
que les Ilaliens appellent Canzonette. Le tout route sur
des sujets tendres , galants, lagers , aiguises d'une
pointe quelquefois fine, quelquefois d'un goilt plus
que douleux. Quelques-uns des madrigaux respirent
une simplicity qui n'cst pas sans cbarmes , mais oil
I'esprit ne se cache pas assez peut-etre.
l'amour eternel.
« Tu me demandes, 6 Philis, combien durera cetle
» ardeur que les beaux yeux ont allumde dans mon
» £ime. Qui pourrait le dire? 6 Philis , Iheure de la
» mort n'est-elle pas toujours incertaine? » Cela est
bicn italien et pour la forme el pour I'idee; mais un
pen recherche peut-etre.
Get autre sur le depart de M""^ de Lafayette est
d'une \en[6 plus simple el plus m(51ancolique, il pa-
rait un veritable ^lan de I'ame.
129
« Inondes d'lin lorrcnhiu larmes,d mos Iristes yen\,
ponrqiioi pleiiroz-vous Ic depart d'line beaul(5 cruelle
loiijours sourdc a incs voeux ? Ah ! s'il vous fuul des
pleiirs, plourez cojoiir oil, pour la premiere fois, vous
vilos celle beaul(5 c(!'lcste, plourez celte heure fatale ,
originc ot soiu'cc de vos si longs tourmenls. »
Uno canzoncUa adrossdc a Frangoise d'Aubignc ,
M'"« Scarron aiors , depuis M""= de Maintenon , com-
mence ainsi :
Chi puo mirarvi
E noil amarvi?
ler vi mirai
Dunque v'amai.
« Qui peul vous voir el no pas vous aimer ? Hier jc
» vous vis, hier jc vous aiuiai. » Celle piece, inlilulee
capriccio amoroso est pleine de faciliU^, de grace, el ce
qui est plus rare, no cheque point le bon goAl.
Enfiu nous aliens terminer ces citations qu'il serail
fastidieux do multiplier, par quelques stances qui,
selon nous, joignent a une simplicit(^ naive, sans
concetli, sans poinle, je ne sais quoi de nalurel qui
se rencontre assez raremenl au-dela des nionls :
0 mon coeur que ferons-nous? Faut-il liai'r? faut-il aimer? Par
la route incertaine du vallon amourcux , allons , allons la oil I'a-
rnour doiine ses conseils.
Belle et gracieuse est ma bcrgnrc, je nc le nic pas , mais aussi
n'est-ellc pas cruelle, iaiiumaiiie, ingrate ct perlide!
Haissous , haissons , 6 mon cceur , c'cst le conseil que donne
I'amour.
130
Oui, elle est cruelle, iuhumaine, ingrate et perfide, ina bergere,
je ne le nie pas ; mais aussi , qu'elle est belle ! qu'elle est gra-
cieuse !
Aimons , aimons , 6 mon coeur , c'est le conseil que donne
TAmour.
Rien de plus gracieux qu'elle, rien de plus enjoue.
Sa facon est gentillette, son allure est charmante.
Aimons, aimons, 6 mon coeur, c'est I'Amour qui le commande.
(Note D).
Enfin nous trouvons parmi ces pieces italiennes un
madrigal que Ton crut , en Toscane meme , soiii de
la plume dii Tasse. Cerles les iddes, si idc^es il y a,
n'en sont ni neuves ni remarquables, rien n'y fait
entrevoirrauleiir gracieux d'Aminte, mais il faul que
le style ait hien heureuscment respir6 le gt^nie italicn
pour que des hotnmes d'esprit, jugeant d'ailleurs dans
leur propre idiome, aient pu s'y tromper.
Ici s'arrete noire tache, puisse-t-elle ne pas vous
avoir paru trop longue. Quelque incomplete que soit
celte analyse, elle fera, nous le pensons du moins,
entrevoir quels talents varices, quelle flexibility d'es-
pril, quelle mine de richesse renfermail la tete de
notre compatriole. N'oubliez pas surtout que nous
n'avons ouvert, pour ainsi dire, qu'un des tiroirs de
ce cerveau si splendidement meubl6 et qu'un travail
analogue a celui-ci pourrail-^lre entrepris par une
main plus heureuse el avec plus de succes sur plu-
sieurs autres c6l6s non moins brillants de I'espril de
cet auteur.
Tout le monde connait les gigantesques travaux de
Pliue I'ancien. Comment travaillant au lit , a table,
131
au bain, en Iiti6re , a cheval, au camp, malgre des
emplois publics, des commandemenls d'armde, dans
una vie d'homine assez courte, il avail Irouve le
temps do composer plus de 140 ouvrages diffc^renls.
Le neveu de ce grand homme^ bien que Ires passionne
lui-nieme pour I'elnde, s'dcrie, en rappelant les labours
de son oncle : Pelils elres que nous sommes! vanlons
nous, apres cela, de noire amour pour le travail!
Dans une sphere plus restreinle, en voyanl Menage
dcrire prose el vers en qualre differenls idiomes , se
dislinguer comme philosophe, grammairien, juriscon-
sulle, historien , sans pour cela cesser d'etre liomme
de socielt^, homme du monde, ne pourrions-nous pas
avec quelque raison nous appliquer I'exclamalio:! du
gouverneur de Bilhynie, el n'esl-ce pas avec justice
que Bayle a surnomme Menage le Varron dn xvii^
siecle?
On a dit , pourquoi le dissimuler? travail ingrat,
travail stt^rile, Menage est bien mort, on ne le ressus-
cilera pas. iMessieurs, je craius bien que ceux qui par-
lent ainsi ne soienl jamais exhumes eux-memes. Le
chancelier de THopilal elail mort aussi, et ses podsies
latines ensevelies avec lui. Cependanl on vienl de les
Iraduire el de les ressusciler. Pour noire part, nous
croyons que le Iraducleur a fail acte de bon citoyen el
d'homme de gotit. Que d'(^crivains distingu^s aujour-
d'hui, auronl, dans un siecle, besoin qu'on les ressus-
cite? I'espece humaine est si oublieuse , surloul a cctte
^poque de defaillance lillc^raire et morale! Quaudune
vanileuse presomplion nous fail rejeler avec dedain ce
qu'onl produit les leuips auterieurs, il nest peul-etre
pas inutile de rappeler aux jeunes gens les tilres
132
scicnlifiquGS el lilt(iraires de leurs devanciors; de leiir
dire comment, a cerlaino dpoqiie , lonl en rem-
plissanl ses devoirs civils, on savait par reliide et par
le travail orner son esprit et agrandir son intelli-
gence.
Toulefois, en revendiqiiant un retour sur le merite
lilleraire de Menage, nous n'avons rien voulu exagd-
rer. Notre admiration a des bornes que nous n'avons
point dissimuk^es; cepondanl, toule part I'aile a la cri-
tique, il re&tera plus d'un fleuron a la couronne poe-
tique de noire compatriole. C'est du moins notre
conviction.
Sans doule, devant les grands noms de Descartes,
Pascal, Corneille, Bossuet, son nom plusobscura dCi
palir. Mais aux yeux de la poslerile , bien qu'cn un
rang sccondaire , il ne laissera pas que de garder un
cerlain (5clat , et , pour finir par une id(5e que nous
avons emise plus haul, nous ne pensons pas avancer
un paradoxe en disant : Si Menage vivaitaujourd'bui,
il serait une des gloires de I'Anjou, une des lumieres
de la France. (E).
Ddmont.
NOTES.
(A). — Nous donnons ici un fragment d'une ^legie adressee a
M""= de Lafayette. Ce morceau pourra servir a appuyer notre juge-
133
ment sur la latiiiite de M(5nage. On y trouve quelque reminiscence
de la facilite d'Ovide iinie a la scnsibilite de TibuUe, dernier point
assez rare dans la poc'sie de noire aiileur.
« Les Dieux prodigiics pour vous , 6 belle Lavergne, ont uni,
» aux cbarmes de votre corps, les plus brillanles qualites de Tesprit.
» Mais les destins crucls vous ont refuse un poele qui sut digne-
II ment celebrer ces celestes faveurs. Cent fois je I'essayai moi-
1) meme , mais toujours vainemcnl; toujours ma muse a 6te im-
)i puissante a cbanter vos louanges. Si le sort vous eut donne
» pour poete le cbantre de Laure, Laure eut vu sa gloire eclips^e
» par la v6lre. Et pourtant je I'emporte autant sur lui par I'ar-
I) deur de mon amour qu'il Temporte sur moi par ses divins ac-
» cords. II a vu la mort ravir,avant le temps, son amanle et il a
» pu ne pas succomber a son desespoir ! Si ta derniere lieure venait
II a sooner aujourd'Iiui , o lumiere de ma vie, eel affreux inal-
I) hear je ne pourrais Ic supporter , non je ne pourrais survivre a
» ma douleur et sur ta tombc , 6 mon amie , j'exhalerais mon
» dernier soupir (1). »
(1) Ingenii eximias formoso in corpora doles
Dii faeilos dederunt, pulclira Laverna, tibi.
Dura scd exiniium vatem lib! fatn negarunt
Qui caiiercl dodis muiicra lanla ojodis.
Haec ego sed fruslra lentavi includere chartis,
Landibtis est impar nostra Thalia tuis.
Si tibi Tiiyrrenum valeiii surlila fiiisses,
Cessisset faraae Laura vet ipsa luae.
Ille lamen lenero lanliiin iiiiiii cedil aiiiore
Quantum nos iili cedimus eloquio,
Immatura suae speclavit fata pueliae
Ncc poluil lantis non supcresse tnalis.
Si suprcma libi , mca lux, nunc liora veniret ,
Hei milii , non posseni tanta videre mala,
Ah ! ego non pussem tanio superesse dolori ,
Iminorerpr Imnnlo , puichra l^averna , luo.
134
(B).
Ke(Ta; A'tTaiv/c
K-t>.0( A'Jo'KC.
KaXcc A'J'ctvi;
2 Xero • M^pyotf
Ka; K;vi>p«o
'iaiS'i/Aos iJiot
A ^XaOjMof^of
Q'^st' A'J'a-Kt
O' Tp((fiX>)Tl3{
KaXoc axO'TX!,
XxiBxio;, ai , ai
Qxst' A'<raiv(c.
2lv iTs Kui auTa
2 A8T0 xaxjiof.
Ks7vov opS^a
H' Ki;9jfS/:t
rtoXA'aTTO (TTuSav
O'^/ov a.yfKf/.x
Mi7v£v ajoivoc
A'/mfi^vSiiva.
Tiv xaXov kyJ'pst,
Kaxov A'tTwviV
a' y.^v.ya.'Tta.'i^il
KaJ tpixioiKTA
C <p<x' A'Jaiyi,
OiXTaT A (Tav*
135
H H liu>.l7 T
O'vS'' invumiii
H' v( <ti>,t'i n
2ii Ki/9!fS(« •
Ae3'iroT«, ^(('7I'>l(.
rio/, ?(K' A^uvt
Hi? »(>^£ fliy'^f/c i
Mt(VOV \S\i1l ,
*iXTaTj fAiiyoy,
Nous ne traduirons point cc morcoau qui n'a de valeur que par
la forme el qui d'ailleurs no peut interesser quo des iiellenistes.
Rappelons seulement que dans toutes cos pieces ou le vers n'a que
deux ou trois pieds , I'oreille ct I'esprit sc fatiguent au retour
trop frequent de ce son monotone. Dans des liymnos plus impor-
tants tels que ceux de Synesius le menie defaut se fait sentir, en
raison meme de la longueur de la piece.
Le troisieme hymne , par exemple, renferme pres de 800 vers ,
tons , a peu pres , composes de deux mots , un certain nombre
meme n'a qu'un mot seulement.
Au reste , tout le monde sail avec quel bonheur et quelle ele-
gance, M. Villemain, de I'Academie fran(;aise, a traduit le premier
hymne de I'eveque de Ptolemais.
(Note C).
Pensions accordees aux gens de lettres par Louis XIV en 1663.
Nous n'en citerons que quelques-unes.
Au sieur Conrard , lequel , sans connaissanre d'aucune langue
que sa naturelle ( sic) est admirable pnur juger toutes les produc-
tions de I'esprit 1 ,500 fr.
136
Au sieur Pierre Corneille , premier poete drama-
tiqiie (ill monde 2,000 fr.
All jeune abbe de Pure qui ecrit I'histoire en latin
^l(5gant i ,000 fr.
Au sieur Moliere, excellent poete comique i ,000 fr.
Au sieur abbe Cotin , poete et orateur fran^ais. . . 1,200 fr.
Au sieur Menage, excellent pour sa critique des pieces 2,000 fr.
Au sieur Racine , poete fran^ais GOO fr.
portee depuis a . 2,000 fr.
Au sieur Cbapelain , le plus grand poete fran^ais
qui ait jamais 6te et du plus solide jugement 3,000 fr.
Au sieur Mezerai , historiographe 4,000 fr.
On pretend que cette liste fut dress^e par Cbapelain avec la
qualification annexee a chacun des auteurs pensionnes.
S'il en est ainsi I'auteur de la Pucelle ne s'oublie ni sur les qua-
lites de I'esprit , ni sur la quotite de la pension.
C'est en 1666 que parurent les premieres satyres de Boileau et,
saus doute , il avail cette liste sous les yeux, quand il disait de Cba-
pelain :
Mais que pour un module on vanle ses Ci'rits ,
Qn'il soil le mieux rente de tous les beaux esprils ;
Ma bile alors s'cchauffe.
Menage etait bien fait el d'une agreable figure. Boileau avail
d'abord dcrit :
Si je pense parler d'un galant de noire age ,
Ma plume pour rimer rencontrera Menage.
Mais trouvant que Menage , joignanl h Tamabilite dans la societe
un merite reel , ne preterait pas facilement au ridicule , le satyri-
que changea ce vers el a Menage substitua I'abbe de Pure.
(Tallemant des Reaux). — Historieties.
137
(Note D).
L'Amante Irresoluto , canzonetta pastorale , per la Signora
comtessa de la Faietta.
Mio core, che farcmo?
Odieremo? ameremo?
Per lo dubbioso calle
Deir amoroso valle ,
Andiamo , andiani, mio core,
Dove consiglia Amore.
Vaga (nol niego) e bella
E la mia paslorella.
Ma non meno b crudcle
Empia, ingrala , inlidele.
O'liamo, odiam , mio core ;
Che lo consiglia Amore.
E (nol niego) crudele,
Empia, ingra(a , infidcle.
Ma non men vaga e bella
E la mia paslorella.
Amiamo , amiam , mio core ,
Che lo consiglia Amore.
Sopra lulte e vezzosa
Piu dogn' altra h fcstosa,
A modi amorozelti ,
Coslumi a leggiadrelli.
Amiamo, amiam, mio core
Che lo commanda Amore.
138
(Note E).
Menage termine son recueil de poesies par ces deux vers :
Xf/ffTt iva^, Tot /Lily io^xk KHi iiy^O'jiitoi! xai av«i/xTO(c
Christ , 0 mon roi ! accorde-inoi ce qui m'est utile , que je ie demande
ou que je ne le demande pas. Quant ^ ce qui peut nie nuire, refuse-le
m6me h nies instantes pri^res.
II est probable que Menage avail en vue ce vers de Juvenal :
Evertere domes tolas optantibus ipsis
Di faciles.
Juv. Satyr X.
DISCOIRS PRONONCI^ PAR SI. R^RAID
SECIIETAIRE-GENERAL DE LA SOCIETE
A LA
DISTRIBUTION DBS PRIX DE L'ECOLE MUNICIPALE
©li iiay^-AaTg,
Messieurs ,
Lorsque, les ann(5es pr(5c6denles , la commission
des beaux-arts m'a charge de prendre la parole dans
celle cnceinle , je me suis appliqud d'abord a signaler
I'essor que les arts du dessin avaient pris aulour de
nous depuis que leur enseignemenl public y avail 616
inaugur6 vers le commencement du siecle; et j'ai
suivi I'histoire de cet enseignemenl dans ses vicissi-
tudes , ses d^faillances momentan^es , ses progr^s
derniers.
Je me suis ensuite cfforce d'assigner la place a la-
quelle il doit pretcndre d'apres celle qu'occupe dans
I'dchelle des connaissances humaines I'art qu'il pro-
fessc , et , pour ccla, j'ai dti cnvisager I'art en lui-meme
el comme n"(ilanl qu'une des manifestations les plus
140
dloquentes de la pens<5e , une des Emanations les plus
puissanles el les plus directes de rimagination et du
raisonnement , ces deux bautes facullds de I'esprit
humain.
J'ai dft compl(5ter plus lard ces idees sur la prd^mi-
nence de Tart en lui-menne, en appr(5ciant ses pro-
ductions , ses resullals , ses applications directes ou
niedialos aux choses mate^rielles de la civilisation, en
indiquant qu'il n'est pas de produits affocles a la satis-
faction des besoins pbysiques et de la pbipart de nos
besoins intellecluels, de ceux des sciences nieme,
dans une soci^te avancEe comme la notre , qui n'ait
quelque secours a lui demander, quelque perfection a
en attendre.
Enfin , passant du domaine de la spdculalion dans
celui des fails , pour acbever de constatcr I'influence
qu'un enseignemenl rationnel, logique d'un art donl
on est trop dispose a ne voir que le cote qui affecte nos
sens, pent exercer soit sur le gout public, soil sur le d6-
veloppement desfacultdsartisliques dans les individus,
je n'ai eu qu'a jeter les yeux autour de nous , qu'a
contempler cello foule qui se presse dans nos muscles,
le nombre toujours croissant des eleves de ce cours,
puis ensuile a dvoquer tous ces noms qui, pour I'bon-
neur de la c'\[6 angevine, out surgi successivenient
du milieu nouveau qu'un enseignemenl raisonn(^ des
beaux-arts elail venu crder, el c'csl alors que ceux
des David, Maindron , Arnaud , des Bodinier , Apperl,
Dauban , Lebiez , Lencpveu , Moll , et de tant d'aulres,
qui , a divers degrds , se pressenl autour d'eux , out
apparu a tous pour rendre temoignage.
Mais , Messieurs , au moment oil I'dcho de nos pa-
141
roles s'(5tait depuis longlcmps eloinUians vos souvenirs,
voilaqii'uneconsecralion loule eclalaiite vienl de leiir
elre donnee par le senlimenl et radmiralion publics ,
et 11 ne peut m'^lre permis de ne pas en tenir coniple
dans la solennil(5 qui nous rassennble,
Quelques jours , en effet , Messieurs , se sonl a peine
ecouk's depuis qu'une augusle c(^rt^monie, Ic plus
grand homniage que noire ville ail jamais rendu pu-
bliquemenl aux arts, homniage auquel la religions
voulu s'assooier par ses actions de graces et par les
pompes qu'clle reserve pour ses jours de Me, est venu
inaugurer de splendides Iravaux.
Col immense edifice, ou plutot eel immense amas
d'(^difices divers appelti I'hospice Sainle-Marie, eleve
exclusivement au culte de rhumanil6 souffrante, est
peul-elre a la fois le plus digne , le plus vaste , le mieux
approprie que Tart modernelui aitconsacre. II y avait
la, Messieurs, un grand probleniea resoudre. II fallait
avant lout , affocler a cliaque service special toule la
'alitudc possible, el cependant coordonner Tensemble
de telle sorle que chaque parlie participal a la fois des
avanlages de la promiscuite coninie de ceux de I'iso-
lemcnt, et cela sans avoir a souffrir d'aucun des incon-
venienls qui leur sonl liabiluels. C'elait done une sorle
de malC'rialisalion de Tordre a operer dans lout ce qu'au
milieu de lant d(i destinations varices il pouvait offrir
de desirable el de possible. II ne fallait done pas seu-
lement a une telle oeuvre un homme de I'art, c'est-a-
dire qui, au point de vue de Tart, sCit faire avec discer-
nenienl un choix heureux parmi des idees dc'ja ac-
quiscs a la pratique, dcja traduiles par Tapplication;
il fallait, avant tout, un esprit capable de se rendre
10
442
comple exaclement des besoins, dos ndcessites des
divers services , de les pouvoir appreoier, de mnniere
a n(?gliger cerlaines habiludes peu jiisUfic^es pour doii-
ner une plus ample salisfaclion a d'aulres d'un in-
l^rel bien (!4abli, at rendre ainsi parloul pronipl, stir
et facile, raccomplissement de loules les I'onclions el
de lous les details.
Placee a ce point de vue d'analyse, de discussion ct
d'appreciation, la mission de rarchitecle s'eleve el
grandil, el dans la poursuile d'une solution a des pro-
blomos mulliples el pour iui sans cesse renaissanls, il
y a cerlainemenl tout ce qui pent flatter les intel-
ligences les plus distingudes, car on n'y peut parvenir
que par des (itudes serieuses de mceurs, d'habitudes,
une elimination judicieuse de tout ce qui n'a pas une
raison d'etre sufBsanle et une minulieuse recberche
de lout ce qui peut aider an developpement de ce qui
a un caractere d'ulilile incontestable.
Ce n'est done qu'apres ces prfiliminaires, oil I'ima-
ginalion comrae la raison a son role, qu'apparait
]'honmie technique, mais a Iui seal aussi il est reserve
de salisfaire et de traduire toutes ces exigences dans
ses cr&ilions arcbiteclurales , el d'en composer un en-
semble conforme aux regies de son art qui n'est que
I'expression du gout dans les siecles dclaires. A Iui
seul appartenait, par exemple. dans le genre de cons-
tructions qui nous occupe en ce moment, de savoir
concilier un aspect vraiment monumental avec une
sage economic de d(?lails , de suppleer au luxe des or-
nements par une noble (Elegance , par tout ce qu'il y
a d'imposanl dans la grandeur et la beautd simple des
lignes, dans la justesse calculde des proportions d'61«5-
valion el de ddveloppemenl , dans la compensation si
ddlicalc a cMablir enlre les vides des onvorluR'S ct Ics
parlies pleines des fagades Enfln , Messieurs, il
fallail encore a de tels ddifices, doni la diirde devrail
6lre iiidefinie comme la charil6 qui les fonde, des
condilions nouvelles de solidile que les conslruclions
^phemeres de la propriety priv(5e, plus ou moins es-
elaves des caprices de la mode, ne doivent pas meme
ddsirer.
C'esl, Messieurs, a un enfanl de TAnjou, c'esl a un
homme qui lui aussi s'est, aux premiers jours de sa
jeunesse laborieuse, assis sur ces bancs, qu'il a tH6 re-
serve de satisfaire aux donn^es d'un des programmes
les plus conqilexcs que Tart de balir ail eu encore
peul-6ire a (^'ludier el t\ ex(5culer.
Mais c'est spdcialenieni de I'eglise que nous avons
a parler ici au poinl de vue des arts.
Vous savez , Messieurs , qu'elle a 616 plac^e par I'ar-
chilccle comme le centre autour duquel gravitenl
loules ses autres constructions. Dans une haute pensee
philosophique elle est le lien qui en consomme I'unitd,
le foyer d'oii rayonne comme d'une source inlarissable
le feu de la charite , le milieu vers lequel convergent
par un juste retour loutes les esp(5rances de ceux qui
soufirenl, loules les actions de graces de ceux qui
sonl soulages !
Simple dans son ordonnance , une coupole aericnne
la domine el annonce au loin que la pensee religieuse
serl ici de mobile a lanl de devouements divers.
Vous Irouverez sans doute , Messieurs, que ce n'esl
pas nous ecarter de I'objet de not re reunion que de
fciliciler en passant lemiuenl architecle d'avoir su dc'-
daigiier ici im esprit d'itnilalion auquel noire e^poquo
se laisse trop ais(5ment aller dans la construclion dcs
edifices religieux. Trop faclles pastiches, mais trop
sonvent imparfails, de ces ceuvres antiques dont Ic
style avail ses liarmonies dans le milieu qui les en-
tourait, ces anachronismes de pierres que se plait a
cre(T I'art moderne , ddsh^rites qu'ils sont do I'aureole
des souvenirs dont le temps colore et eunoblit tout ce
qu'il rcspecte, ne seniblent que trop souvent jet(5s au
devant de nos demeures modernes, comme ces follcs
mascarades oil les paisibles habitants de nos cites
bourgeoises revetant la cuirasse fdodale et couvrant
leur front paciflque du heaume enipanache du moyen
age, s'en vont par les carrefours laissant oisifs ce jour-
la la plume ou le metre palernel pour brandir fiere-
ment une inoffensive ept^e. II y a done eu un certain
courage plcin de bon goiit a demander au style grec
ses formes les plus sc^veres et les plus simples pour
mettre I'Eglise nouvelle en relation architecturale
avec les grandes lignesdroites que donnaienl lesautres
Edifices.
Mais , Messieurs , cette grande ceuvre n'eul pas en-
core m complete au point de vue de I'art, si la pein-
ture, celte soeur si devoude, si riche et si intelligente
de I'architecture , ne ful inlervenue pour se faire au
besoin son interprete en lui prodiguant ses tr(5sors. Et
it (!'tait encore reserve a un autre enfant de la cit(i
angevine de concevoir cette pensde, et dans un d(5-
vouement plein d'abnegation personnelle pour un
art dans lequel il a longtemps seul porte el soutenu
haul le nom de notre ville, de d(jlerminer par une
heureuse initiative Tadminislration a accomplir ce
145
projol : honneiir done , an nom des amis des arts ,
a M. Bodinicr!
Pour satisfaire a cos inspirations il n'y avail d'ail-
leurs que Tcmbarras d'lin choix a fairo , car nous
complous parnii nos artislos plus de peintres d'his-
loire qu'aucune ville de province. MM. Appert, Dau-
ban, Lenepveu furenl les 6\\\s el cliacun aujourd'hui
peul dire s'ils out repoiidu vaillanimenl a rappel
fail a leurs lalenls dija d'ailleurs mainles fois eprou-
vds.
Jelons un rapide coup-d'ceil sur leurs Iravaux el
pentHrons dans le temple par Ic porlique.
Au seuil du teniple, a droiteet a gauche du portail,
nous remarquerons d'abord deux grands panneanx
peinls par M. Appert. A ce premier pas qu'il fait dans
la nef, le visileur esl encore sous I'impression des
choses qui I'onl le plus vivement affecte dans ces asiles
du malheurj aussi le peinlre a-l-il voulu lenir compte
de ces souvenirs du nionde reel qui ne sont pas encore
assez effaces. Ainsi done , par une ingeuieuse preoc-
cupation, composition, types des visages, accessoires,
costumes , couleur , c'esl la v(5rile qu'il a voulu faire
revivre, c'esl un r^alisme de bon aloi et avoue par le
bon goill qu'il a eu en vue. Celle lendance, sans doule,
pouvait pour lout autre avoir de dangereux dcueils ,
mais houreuscmenl en lui , clle n'excluail ni Televa-
lion de la pensee, ni I'expression piltoresque, ni le
sentiment de la situation, ni la science de la perspec-
live, ni Tentenle du clair obscur. Aussi y a-l-il nn
certain parfum d'idealisme qui s'exliale de ce rdalisme ■
la. Quant a la couleur, elle a toule la sobriele de tons
habitiiellc au mailre et qui rappclle les belles epoqucs
146
de I'Ecole v^nilienne. Espdrons done que plus lard il
sera donnd au peintre plus a I'aise dans le large lym-
pan qui surmonle ceUe enlr(5e du temple, de faire ap-
pricier lous les aulres coles de son riche lalenl.
Pour remplir ces deux panneaux il a du choisir
parmi les ceuvres de la charile publique les deux plus
capilales : celles qui pour le soulenir prennent
rhomme aux deux exlr(^mil(5s desa carri6re lerrestre.
D'un cold c'est done I'enfance qui dds le premier jour
oil sou ceil s'est ouvert a la lumiere s'esl liouvde dos-
herilee desjoies delafaniille; d(3 I'aulre c'esl la vieil-
lesse, voude elle aussi a I'isolemenl mais apres avoir
vu sursa Irop longue route disparailre la famille qui
Tenlourait, ou ddcimec par la morl ou dispersee au
venl de la misere. Des deux parls c'esl Tabaudon ab-
solii el sa falalild, frappanl a la porle de la charile pu-
blique, qui sous les Irails pieux des filles de Marie,
vienl subslituer ses consolalions aux allachernenls el
aux affeclions qu'a refuses ou rompus une nature ma-
ralre.
Mais au centre du temple la peinlure a dA prendre
un loul autre caractere, chercher un loul autre ordre
d'ins|)iralions. La , le symbolisnie cbrelien a du se
subslituer au realisme philanlhropique. La, la pensee
laissanl loin derriere elle les choses du monde, devait
tendre a s'dlever exclusivemenl vers Dieu pour rendre
hommage a la majeste de la religion el salucr la loi
nouvelle, manifestde surloul icipar eel esjjril de cha-
rile universelle que , des hauteurs du Ciel , elle verse
a flols inlarissabies aux coeurs des enfanls de la
terre.
Pour M. Dauban , le centre de I'Eglise est done
U7
devcnu le symbole m6me de I'ddifico de la religion
chrLHionne.
Aussi sur ces piliers puissanls qui elevent la cou-
polo vers le Ciel a-l-il place los quatre dvangdlislcs
avec leurs allribuls priniilifs, colossales figures, d'un
slyle severe el d'un beau caraclere, largementpeinles
el savainmont dessindes, el qui, en ayanl en lant que
peinlure (oule la valeur possible pour produire un
grand efFel, no sorlenl pas cependanl du cadre elroit
des piliers, n'allerenlen rien leur caraclere de simpli-
cil(5 monunienlale , leur aspecl solide ct grandiose.
Voila cerles bien les bases inebranlables sur lesqiielles
doil reposer le monumenl de la foi chrctienne.
C'esl au-dessus de chacun de ces piliers que s'epa-
nouissent en (5venlail les relombees de I'inlerseclion
des voiMes en berceau des quatre bras de la croix,
forniaul ainsi les pendenlifs de la coupole cenlrale, el
c'esl sur ces pendenlifs que Tarlisle , dans quatre
grandes compositions , donl les figures principales
a'onl pas moins de Irois metres de module, a retrace
ceque la charil6 chrtHieiuie a de plus grand, de plus
heroiqiie, el aussi de plus douxv,
La se presentenl lour a lour a la reconnaissance des
bommes : saint Jean de Dim , calmanl les fureurs de
la folie el devenanl la providence consolalrice de
tons les nialheureux qu'onl atleinls d'incurables infir-
miles;
Saint Vincent de Paul, venanl en aide a la vieillosse
qui le benit, el lout enloiu'e par les groupes cbar-
uianls des petils enfanls qu'il a arraches a I'abandon
ol a Janiorl;
Camillede Lellis, donl le calnie courage, bravanl les
148
alleinles de la peste, s'en va, au pdril de sa vie, porler
aux agonisants les derniers secours de la religion;
Enfin Pierre Nolasque, ce fondatcur de I'ordre de la
Mcrci, rachetanl les caplifs et devenu par une inge-
nieiise allegorie du peinlre, le represcnlanl de la Reli-
gion rendant aussi aux aniesleur liberie primilive, en
les affrancliissanl des chaines du genie du mal.
Celte personnificalion de la cliarile universelle est
done la, comme le couronnement celeste de la pensee
dont I'Evangile est la base. 11 ne manque plus a ce
solennel ensemble, comuie compl(iment, que I'acbe-
vement de la coupole qui ofFrirail Timage du cicl vers
lequel s'dleveraient loutes ces gloires de la charile
pour y recevoir la sublime recompense.
Devons-nous rappeler que c'esl la premiere fois que
I'artisle a eu la bonne fortune de pouvoir executer des
peinlures murales de sa composition, et qu'il y a pris
de plein saut une place oil peu pourronl le suivre , el
cependant it a eu a produire la parlie capilale de son
cpuvre dans des conditions d'une difficult^ exception-
nelio^ oil bien d'autres, el parmi les plus habiles, eus-
sent pu dcbouer. Ces pendenlifs concaves presenlenl
en effet dans leurs courbes, quant an dessin des rac-
courcis dans les nuds, des problemes de perspective el
d'optique qui dejouenl parfois Ionics les regies de la
science et de I'art.
C'esl surloul, a noire sens, en se rendant si bien mai-
Ire de ces difficultc% qu'elles disparaisscnl complele-
menl pour qui ne considere que les resullals obtenus,
que M. Dauban a surloul prouv6 loutes les ressources
et la solidity de son talent. Pour atleindre ainsi le but,
il ne lui eCli cerlos pas suffi do posseder seulemenl le
U9
sentiment de la coulcur, la sftrcld du trait, la facilite
ct Tenergie du faire, Ti'lude approfondie de Tanaloniie,
renlcnie du pli el la soience de la composilion qui
sonl les trails disliuclifs el habiluels do son talent.
Si mainlenanl des hauteurs de la coiipole nous
abaissons nos regards vers le fond du sanctuaire, de
nouvelles emotions et de nouvelles jouissances nous
attcndent. I. a en effet se deroule une des plus grandes
pages qu'il ail ele donne a un pinceau moderne de
couvrir. Aussi elait-ce pour la premiere fois qu'un
champ si digne de lui s'elevait pour le talent ma-
gistral de I'ancien pensionnaire de Rome, de M. Lc-
nepven.
La dedicare de lYglise a la sainle Vierge, tel esl le
sujet qui lui incombait, vasle composition qu'il a Irai-
\6e en trois grandes parlies. Le bas est occupd par
I'aulel au-devant duquel I'eveque C(!^lebre le saint sa-
crifice en invoquant I'intervenlion de la Mere du
Christ; au-dessus apparail la Vierge-mere; plus hant
encore dans les limbes le ciel s'ouvre pour monlrer
Dieu le pere assis dans sa gloire au milieu des chcieurs
des bicnheureux. Ce sont a vrai dire trois composi-
tions dislinctes et ayant un cachet sp(5cial, mais soli-
dement relides par une action commune el formant,
quant a la couleur, la plus vasle et la plus riche
gamme et d'une harmonic indescriplible de Ions de-
puis ce que la couleur et le faire donnenl de plus vi-
goureux jusqu'a ce que Ton pent oblenir de plus suave
el de plus vaporeux. Devanl une oeuvre (I'mie si in-
conleslable valeur on se sent impuissant a en parlor
convenablemenl et Ton csl conlrainl de se borner a en
indiquer sans reflexions les trails les [)lus frappauts.
450
Le bas de ce vaste tableau, au milieu duquel sonl
debout rev6que et ses grands vicaires vus de 3[4, est
rempli a gauche par un large groupe d'hommos age-
nouilles, balance a droile par un groupe de femmes ,
Tun et I'aulre avec runiforme de la maison. Toules
ces figures sont peintes d'apres nature, ce qui donne
a celle parlie de la composilion un caraclere parlicu-
lier de realisme qui forme une opposition precieuse
el des plus Iranchees avec les personnages c61estes
qui occupent les plans sup^rieurs.
Les assistants se trouvenl done r(5parlis en deux
grandes masses de couleur analogue, mais ou le pein-
Ire neanmoins a su Irouverdes nuances et des d(^lails
qui jellent dans les tons une vari(^l(^ d'effels qu'ils ne
somblaicnt i)as devoir comporler par eux memes. On
remarque en outre dans le cole des femmes el sur le
premier plan, un groupe de religieuses donl les ve-
temenls noirs rompenl la monolonie des autres cos-
tumes, sans rien oler a I'harmonie de Tensemble et
donl les poses a la fois dislingudes , naturelles et
pleines d'animalion, sont d'un ravissant cfFel. G'est
enlre ces deux grandes masses des assistants que se
detacho et s'isole le groupe dont I'cWeque est le cen-
tre ; Irois portraits admirables de v(5rit(5 el d'expres-
sion, et dont les v6lemenls ruisselanls d'or, de pour-
pre et de sole , attestent loule la ricbesse de la palette
du peinlre. Du reste loule cette parlie basse du tableau
est peinte avec un brio, une cnergie de pinceau, une
vigueur de coloris dont la peinlure murale a I'encaus-
tique n'avait peut-elre pas encore monlr(5 d'exemple.
Le groupe de la Vierge debout au milieu des nuages
et entouree d'anges el de ch(5rubitis , descend bien a
151
la voix du prelal. La Vicrgc, d'nn grand style e! d'une
grande pureli' de dessin, apparait pleine do calme, de
douceur el de dignile niodosle. Les anges souriaiils
qui forment a I'entour connne une guirlande animee,
aux chairs Iransparentes , sont dcssin(5s dans toules
les posilions possibles aveo une science profonde du
nil, une aisance et une grace parfailes. U en est un
surlont qui sort vc^rilablenienl du nuage pour vo-
ler vers ceux qui prienl. Toul cola est peinl d'une
delicieuso couleur, et quand on les compare a ces
honmies qui prient au-dessous , on sent bien mieux
encore que ces etres-la ne doivenl pas apparlenir a la
terre, si pour les traduire aux yeux il a fallu leuf
donner les formes el les traits des enfants d'Adam.
C'est an-dessus de la Vierge et de son angtilique en-
tourage qu'apparait Jc^'hova environn(5 des esprils Je
lumiere el de ses elus, immense ensemble qui , par-
toul ailleurs , serail a lui sent un tableau d'une com-
position savanle, d'une couleur suave et aerienne,
chaudc et vaporeuse a la fois, Irailc^e avec un parli
pris de laisser I'imagi nation errer dans les jouissances
d'une incertitude pleine de charme, qui en fail un
morceau capital comme pensee, exdculion cl cou-
leur.
Enfin, pour compldler celle ceuvre magnifique, les
murs laleraux qui forment les deux coles du sanc-
tuairo sont occupes par deux com|)ositions, secondai-
res il est vrai , niais qui n'en meritcnl pas moins
Tatlenlion par I'adresse avec laquello elles out ('[6
rallacht^es a la composition priucipale dc maniere ^
la faire valoir au lieu den detourner I'allenlion. Le
peinlre y est parvenu tout en leur conservanl la vi-
152
giieur necessaire, en inlroduisanl dans la couleiir des
vclenienls iine sorte de monolonie savammenl calcu-
li. Ce soiit dcjoiines cnfanls do I'Hospice, filles el
gargons, ranges !e long de Iribnnes donl h s lignes
perspeclives lendenl loiilos vers le sujel principal dn
tableau du fond et leur donnent une saillie et des
proflls qui en foul de verilables trompe I'ceil.
Enfin, ce qui ajoule encore puissammenl al'effel
d'ensemble des oeuvres de nos Irois artistes , c'esl
qu'elles se Irouvent en partie en contact avec une ri-
che ornemenlalion byzanline, du meilleur gout , oil
r(51egance et la distinction du dessin est ^galde par
les harmonies on les conlrastes heureux que Ton a
cherches dans le choix des tons. Celte partie purement
ornementale demandait des connaissanccs toutes spe-
ciales en arch(^'ologic byzantine et trop peu rc^'pandues,
mais qu'heureusement possedaienl MM. Dauban el
Lenepveu, aussi a-t-elle &[& exdcut(5e sur leurs des-
sins originanx el sous leur direction immediale pour
le choix des couleurs, loiijours d'une grande impor-
tance dans ce genre d'orncmenlalion. Un peinlre de
la ville, M. Gudrif, a et6 charge d(>s faux-maibres; le
reste a 616 ex(^cul(5 dans les conditions de direction que
nous venous d'indiquer, et sous I'oeil du mailre, par
un eleve de celte Ecole , choisi par M. Dauban , le
jeune Henri GuifFart.
Ce nom , Messieurs , doit vous rappeler un des lau-
rc^ats du dernier concours. C'esl en effel ici meme que
ce jeune homme a commence la vie arlislique. Vous
le vites alors au premier rang des sections de Tacade-
mie et de la tele lant d'apres la bosse que d'apr6s na-
ture. Aussi lorsqu'a la suite de ces Eludes s(^rieuses el
153
fortes il fill clioisi par son maitre pour I'aider dans la
ducoralion do Sainlo-Marie, fll-il de raiiides progress
dans ccllt; voie nouvelle, el sa vocation n'elanl arrelde
par ancune difficultc^ d'cxC'Cution, put-il niarclier sans
hesitation aucnne dans la carri6re qu'on lui ouvrait
ainsi. Ces succ6s I'ont determine a ne pas attendre la
fin de Tannine scolaire ct a se rendre immediatement
a Paris oil il a tiouv6 nn cmploi Incratif. C'esl un
exemple de plus pour confirnier ce que nous nous
efforyons chaque annee de faire coniprondre anx pa-
rents et aux Aleves , que sans des dtudes rdflc^chies et
d6jci avanc^es dans racademie et la lete, on n'esl ja-
mais qu'un mediocre ornemaniste, landis que par clles
tout devient facile, le rliamp de la composition s'a-
grandil et Tadresse de la main y gagne aussi considd-
rablemenl, C'est bien dans ce cas que Ton peut dire
que qui peul leplus peut le nioins.
Avanl d'en flnir avec Sainte-Marie , qu'il soil per-
mis, iMessieurs, a la Commission des beaux-arts de
formuler ici un voeu pour rachevement complet de
ses peinlurcs murales , et de Tappuyer de quelques
considerations gen^ralesqui se rattacbenl a I'avenir de
la peinlure en France.
Les demeures modernes, avec leurs proportions
mesqnines et le caraclere parliculior de leur d(^cora-
tion, excluent la presence de grands tableaux; aussi
la grande peinlure el les peintres d'histoire tendent-
ils chaque jour a disparaitre. Le genre, source pres-
quc cerlainc de fortune et de rc^putation et plus faci-
lement accessible sous tons les rapports, dont les
productions trouvent partout acces , attire a lui les
plus belles vocations. La tragedie et le poeme epique
154
onl fait place en peinlure aux peliles scenes de la vie
inlimo el privee , aux mievrcries du marivaudage , a
la chansonnelle ol a Tidylle. La haule pocsie s'en va,
laissant le prosaisme et le romanesqne prendre sa
place, au salon comnie an boudoir. Une seulo carriere
pourrail encore, de nos jours, s'ouvrir pour les gran-
descomposilions : ce serail la decoration des edifices
religieux. Ce n'est plus que d'elle seule qu'on pent
allendre la rdgeneralion d'un art qui s'eteint dans ce
qu'il a de plus grand, et on serail d'autanl plus cer-
tain de I'obtenir par elle , que c'est de ccltc sorte de
peinlure meme que sonl sorties les 6coles ilalienne et
espagnole, el que se sont produits les chefs-d'oeuvre
qui onl ensuile rc^agi si puissamment sur I'^ducation
arlislique des siecles suivanls.
Pourquoi done ne serait-il pas reserve a noire ville
d'ouvrir la premiere cetle voie aux progres de la pein-
line fran^aise? Si je dis la premiere, c'est qu'en effet
si d^ja quelques villes de province possedent des spe-
cimens de peinlure murale, ils ne sont parlout ,
conime ici, qua Tetat de fragments plus on rnoins
isok^s sur la nudile des monumenls. Or , ce qu'il im-
porterait de donner comnie modele a suivre, ce serail
un temple tout entier consacre au d(ivcloppement
d'une vaste epopee et cachant loules les parlies de ses
murailles sous des peintures dd^coratives archiclectu-
rales concouranl a un grandiose effet d'ensemble.
Nous concevons qu'ailleurs, pour execuler de lelles
choses, il puisse y avoir des obstacles, dont le plus
grand , sans doule, est toujours de rassembler un
nombre sufTisant d'artistes de merite qui consenlent
pour plusieurs annees a quitter Paris; mais, cetle
155
difricult(5 elle n'exisle pri'-cisdment pas ici, car Ton ne
peut doulcr que nos ariisles angevins ne so monlras-
sent empresses de repondre a I'appel qui leur serail
adress6 pour lenniner ce qu'ils ont si brillamnient
commence. La commission, au nom de laquelle nous
avons ici I'honneur de parler , verrail done dans ce
genre de Iravaux un des plus surs et des plus puis-
sanls sUmulauis pour perpeluer en France les tradi-
tions de la poinlure Iiislorique dans ce qu'elle a de
plus 6Iev6 du point de vue do Tart, el elle pense en
cons(^quence que , soil dans I'inleret general de Tart
lui-meme, soil aussi dans des inldrets locaux d'un
tout autre ordro, el que chacun comprend, il serait de
tons points ddsirable que la dt^coralion piclurale de
I't^glise Sainle-Marie fCit achevde, et qu'a eel effet les
administrations deparlemenlale , municipale et des
hospices, auxquelles se joindrait probablement une
intervention flnanciere de I'Elal, se rt'unissent pour
accomplir un projel deslind a faire dpoque dans I'his-
toire de Tart nioderne en province, el acheveiil de
coniplf^ler ainsi Toeuvre commencee sous la gc^ndreuse
inspiration du doyen de nos peintres d'hisloire ,
M. Bodinier.
Messieurs, revenant maintenant plus direclemenla
Tobjet de la solennile qui nous aconvies ici, nous dc-
vons, avanl de terminer, feliciter au nom de la Com-
mission des beaux-arts M. le professeur Dauban des
progres qui se sonl accomplis cello annc^'C encore dans
son Ecole.
La sculpture a donnt5 un (^levc qui possede ddja des
qualitcis prticicuises el developpees a un haul dcgr6
sous I'babile direction impriuiee a sou education d'ar-
456
lisle. M. Leroux a puisd dans le cours d'analomic de
noire Ecole de mtidecine des connaissances qui fer-
ment la base la pins imporlanle de son arl, el que
lonle rinlelligence et I'adrcsse possibles ne pcuvent
jamais reniplacer. A cet egard nous avons parliculie-
menl remarqu(^ un pied qui marche qui a ^le models
a I'tHat d'ecorchd, en commenganl par la reproduction
des OS qui en torment la charpenle , et qui onl tHe
successivemant reconverts par les tendons addncleurs
et extenseurs, et par les rubans des muscles dans
I'ordre de leur superposition ou de leur enchevelre-
ment, ouvrage interessant ex^cutd de m^moire par
I'dleve. De nombreux porlraiis en ronde-bosse et en
mddaillon, d'une vc^rild de forme et d'expression qui
leur donne un caraclere rare d'individualite, une
academic d'apres nature, une grande slalue de saint
S^bastien dont nous avons rendu compte a une des
dernieres stances de noire Society academique, qui a
cette c^poquea manifeslci a M. Leroux loutes les esp(^-
rances qu"elle fondait sur son lalent, ferment un en-
semble de travaux remarquablcs parmi lesquels, au
dire d'hommes compcilents, il en est que ne desavoue-
raient pas des talents parvenus deja a la maluritd.
Les dessins a I'estompe de Tacademie et de la t6te
d'apres nature et d'apres la bosse, bien que Tceuvre
d'(51eves dont il en est pen qui complent dt^ja deux
annees, viennent allesler comme par le passe Fexcel-
lence de la methodeDupay, lorsqu'elle est bien ap-
pliqu(5e , comme moyen de developper rapidement
rinlelligence et les facultds artisliques. Un prix a 616
decerne dans la premiere section a I'eleve Harion et
c'(5tait justice, car non-seulenient il a eu pour lui le
157
nit^rite de I'execulion du dessin , mais il a conslam-
mcnt montre du goiU ol une rare pcrsev(!'ranco dans
le cours de ses (Eludes.
Les dessins d'archilcclure ont 616 6galemenl fori
apprecies et l^iuoignenl de la bonne direction donnee
acelleparlie de I'enseignement par M. Bibard, I'ha-
bile arcbitecle qui en est chargd. lis permellent d'es-
perer pour I'avenir des conlre-mailres inslruils dans
lesprincipesde I'art, ce qui manque presque parlout.
Noire lacbe a 6[6 iongue a accomplir , Messieurs .
mais nous esperons que vous nous pardonnerez celle
prolixile involouiaire, car elle provienl bien plus en-
core de Tabondance ineme des cboses , quoique nous
nous soyons efforce d'elaguer le plus possible , que de
la forme nieme dans laquelle nous avons essaye de
Iraduirc convenablemenl nos impressions el nos
idees.
11
LE SONGE DU ROI R£N£.
PEINTURES MURALES
DE SAINTE MARIE.
Au coteau de la Maine est une source pure (1).
La prierent ja.lis un Ermile et son Roi ;
La, d(''posanl son sceptre el sa pesanle arinure,
Les palmes do la gloire el le prix du lournoi ,
Soldal de Jeanne d'Arc, le roi des Deux-Siciles,
D(^ploranl les combats el les grandeurs fragiles ,
En soi se r^sumait el dans son cceiir chrelien,
Hors I'amour de son Dieu ne ddsirail plus rien.
Un soir ils'endormil au modesle Erniiiage.
La null enveloppail I'hospice d'Henri deux.
(1) La fontaine des Vigiies, enclos des Gapucins, touchail i'Er-
mitage. — Journal de Louvet. Roger, hist. d'Anjou.
459
]a\ Charilc' voillant en ces lieux d'dgo en Age,
Y versail sos pavols, son baiime aux inalheurcnx.
De I'Angelus du soir Irois fois la voix sacr«5e
Avail lini la veillc elpermisle repos;
Un songe on ses esprits r(3veillant la pens6e,
Du bon Roi vint soudain illuminer I'enclos.
II lui sembla qu'aulour de la source des Vignes
La lerre se moiivail el qne mille ouvricrs ,
Tra^alenl de longs fossc^s el de fecondes lignes
Oil s'elendaionl des murs el de vasles senliers.
Puis un palais offrail d'innombrables fonelres
Oil paraissaienl joyeux de pauvres habilanls ,
Benissanl de leurs voix I'auleur de Ions les elres,
Celui qui regno aux cioux el gouverne le lems,
Celui qui donne au riche el le pauvre soulage ,
Celui qui prele a lous , pour rimniorlaiitd ,
Aux uns lo bon consoil , la parole du sage ,
Aux autres resperance et foi dans sa bonlc^.
Au cfuilre harnionieux de ce vasle ddiflce
Un dome s'elevail, portant la croix CL^ans
La croix.., signe diviu ! Iriompbe ! sacrifice !
La croix du Golgoiha , la croix du Valican.
Vers le lomple , a grands pas il lui sembla qu'un ange
Le guidail de son vol, ravi d'lui saint tinioi.
Des porliques ouverls , oil la foule se range,
II a franohi le souil.. 6 mj'slere de foi !
Sur son Irono olernel est assis Dieu le Pere.
Chrisl iuiMiolo pour nous sur Taulel do I'agneau ,
Son flls esl a ses pieds el, dans ce grand myslere,
L'Espril a rnnivors dido un dogme nouveau.
La niie de David, vierge predcslinee,
Due I'eloile couronne el pare le soleil ,
160
La Mere de Jdsus , sur un nimbe portde,
Lui pr«^sente le flls qirannonga Gabriel.
Anges immacult^s, aux ideales formes ,
Porlez , porlez vers nous la Mere de Jt^sus !
Beaux messagers! du ciel par vous rhomme s'informe.
Le Sauveur, diles-le ! ne vous quillera plus !
Puis il vit se dresser , soutenanl la coupole ,
Le regard plein de feu , pares de I'aardole ,
L'Evaiigdlisle Marc , saint Jean , Luc et Mathieu ,
Apporlant sur leur coeur el leur male poilrine
Le r^cit (^lernel que leur style burine,
La parole de Dieu.
El toules les vertus planerenl sur le nionde.
Vincent , lendant les bras , y regoit les enfants,
Les vieillards, les l(ipreux. Pour Dieu rien n'esl immonde
Que le mal s;ans remords el les cceurs sans dlans.
Saint Jean de Dieu, du Ciel appelle la lumiere
Sur le pauvre insense , lui prete sa raison ,
Son coeur el son amour; car il aime , il esp6re
Et rhomme de I'esprit est la sainle maison.
Camille de Lellis, quand le fl^au d(5cime
Epoux, vieillards, enfants, sous ses coups confondus
Aux serres de la mort, disputant sa victime,
Leur nionlre encore I'espoir et du ciel les clus.
Nolasque des caplifs a fail tomber la chaine,
Et de la liberie proclam^ le retour.
Liberl(^, noble dot de la nature humaine!
Aux portes de I'Eden lu faillis en un jour;
Mais du mailre irrite la cl(^mentc colore ,
En langant son arret, terrible souvenir !
Et voyant les douleurs de son regard de p6re ,
Te laissa I'esp^rance avec le repenlir.
161
II promil le sauveur , il indiqua sa mere
Aux siooles a venir el la caplivilii
Resle dansle passd comme un signes(5vere
Ri'plaganl le devoir pres de la liberie.
Rene vil au milieu de celle douce extase
Les soeurs de Sainl Vincenl , souriant au malheur,
A la porie veillant , (!'pianl chaque phase
De la vieet la moil , du crime ou de I'erreur.
Vous parties aussi , modesles el joyeuses,
Sceurs de Sainle-Marie, ariges de la maison;
Comme le laboureur qui cueille sa moisson,
Ou rapporle au bercail mainles brebis boileuses.
Par V06 soins empr<>sses el vos efforls pieux
Toules se presseul la pres de rAgiieau sans laclie ,
Egales devanl lui donl le regard s'allache
Toujours avec amour sur le plus malheureux.
Quel est ce sainl pr^lal , de I'encens el la myrrhe
Elevanl le parfum vers le Irone Divin?
Que Ton lombe a genonx ! car sa voix semble dire :
Eloile de la mer ! gloin; a Dieu Irois fois sainl !
De la joie en son c(jeur Ren6 senlil Fivresse.
Et conlemplanl ces lieux pleins d'un grand souvenir
Qui pourrail, disail-il, 6 divine Hesse !
Te peindre sur ces murs pour doler I'avenir ?
Lors il vil apparailre aux parois d'une pierre ,
Far range des beaux-arls inlailles, mis en rang,
Aux marches de I'aulel , benis par la prii;ro ,
Ces noms unis : Appert , Moll, Lenepveu, Dauban.
Rend se rdveilla... puis les siiicles passerent ,
Comme passe un seuljonr, comme passe un malin.
.^lais de Planlagcnel les bienfails demeurerenl.
Le denier de Deserl , (5chapp6 de sa main ,
162
A londdi I'Holel-Dieu, dot6 Sainte-Marie :
Gardez , gardez D(^sert , du pauvre la patrie,
Le souvenir d'hier, I'espoirdu lendoinaiii (1).
N. P[.ANCHEN.\ULT.
(1) L'administratioii de I'liospice a reiionce a veiuJre Uuscrl
donn^ il y a sept siecles par Henri II Plantagenet, pour fonder
I'Hfltcl-Dieu.
On sail que c'est aussi a la bienvcillance artislique de noire
peintre angevin, M. Bodinier et dc sa dame, que I'liospice doil les
peintures murales de Sainte-Marie, ainsi qu'au zclc de M. le Prefct
Vallon, et de rAdministration.
PROCES-VERBAUX
DES
SEANCES DE LA SOCIETE ACADEmQUE
de Maine cl Loire.
SEANCE DU 'J8 AVRIL i857.
I'residence de M. Boreau.
La seance est ouverle a sept heures prt^cises du soir.
M. le comle de Las Cases , pr(^sidenl , et M. Planche-
iiaull, adininistraleur dela sociele, nepouvant assis-
ler a la reunion, sont remplac(5s dans ces fonclions
par M. Boreau , pr(!'sidt'nl de la classe des sciences phy-
siques, el par M. de Lens, prc^sident de la classe des
lellres. Lcs aulres menibres dn bureau sont prc^sents.
Lo secrelaire-gen(;ral donne lecture du proces-ver-
bal de la derniere seance , qui est adopte sans r(5cla-
nialion.
M. Alfred Riche , doclcur cs-sciences , dcrit k la So-
ciele pour la remercierdu litre decorrespondanl quelle
lui a d^cerne. II sc propose d'etre un correspondant
aclif el ddvoue a I'oeuvre qu'ellc a enlreprise, et se met
164
enlicroment a sa disposition pour la repr^senter dans
loules Ics occasions oil il pourra lui elro utile. II sera
heureux de lui pr(^senler des travaux inc^dils , ainsi que
ccux qu'il a soumis a I'approbalion de TAcademie des
sciences.
M. Thouvenel est appeld par Vordre du jour a lire
un travail sur la Physiolorfie de la parole L'auteur y
^lablit ce qu'on doit entendre par ces mots : parole et
langage , par idees individuelles et idees abslrailes. 11 fait
voir que Ton ne pent former did(%sflft.s/ra/ffi.squ'araide
designes convenlionnels constiUuuil le langage ^ qu'une
langue n'esl qu'une combinaison (\'idees abslrailes et
qu'une science, se ramcnanta une langue qui devicnt
I'expression des fails et des rapports existant enlrc les
fails qui constituent la science , celle-ci trouve par cor-
rdilalion son mdrite el ses moyens de progres dans le
md'rile m6me de la langue qui lui sert d'inlerprele.
II lermine en monlrant comment I'homme qui jouit
seul de la faculte d'employer des signes convenlionnels
pour former et combiner des id(';es abslrailes, c'est a
dire pour creer el perfectionner les langues et par
consequent les sciences, est le seul (iducable et per-
fectible.
M. le docleur Dumonl demande a faire une obser-
vation. II d(!'sirerHit savoir s'il est entrd dans les inten-
tions de l'auteur du mdmoire d'admeltre quel'exislence
de rhommc, meme a I'etat restreint de famille , ait pu
precMer pendant un laps de temps quelconque la for-
mation el I'emploi d'un langage meme rudimentaire,
niais propre du moins et ndcessaire pour c^tablir une
vie de relation cntre les membres si peu nonibreux
qu'on les suppose de la famille humaine.
165
M. Thotivenel repond qu'il a cherch^ a signaler le
developpomonl logi(iiie dii langago parle , mais (pi'll
n'a pas preleiulu rioii prejiigor sur le point do d('i)aii
de son origine, sur sa conlomporaneile onsi\ subse-
qnencoala crc^alion de rhomme.
M. Dumonl fail alors observor que si Ic travail qui vient
d'etre lu, A dont il rcconnail d'ailleurs la valour au
point de vue philologiquo, avail eu le but qii'a la siuqtle
audition, il lui avait pu attribuer, il eut cru devoir y re-
pondre. Selon lui, en effel, le don de la pensee etant ac-
cord(i a rhomme, on doit logiquement admetlre qu'il a
regu correlalivemenl celui d'un langage propre non pas
seulement a traduire sa pensc^e au dehors, a la parler,
mais d'abord a servir a celle pensee elle-meme d'ins-
trument si inlinie que les operations interieures d(;
rentendement ne puissent jamais s'isoler complele-
mcnt de Temploi de cet instrument ; que pour pen
que nous nous inlerrogions, nous voyons en effel que
notre pens(!*e ne se forme qu'a I'aide ou par des mots .
et que tout ce qui se passe en nous sans s'(^xprimer
ainsi par des mots reste a I'etal obscur de sensation ou
d'inslinct.... Ne peul-on pas induire de la que la divine
sagesse en crdanl rhomme, destine a penser , lui in-
culquait en m6me temps l(;s elements du langage parte
dont elle lui donnail les organes physiques, langage
qui par ses mots devait devenir une parlie inlegrantc
de la pensee qui avail mission de diriger loules les ac-
tions neccssaires pour assurer el defendre une existence
bien autremenl fragile et d(5nuee que celle des ani-
maux , reduils au seul iuslincl ? langage primilif que
le lemps, I'usage , ladiversile des milieux oil riiomme
s'est Irouve jele , les incidents , les besoins vari(is el
166
les complications inflnies de la vie en commun ont
dft necessairement developper el agrandir , en en mo-
difianl incossaniincnt la force el la porlde.
Telle est du nioins I'analyse , malheureusemenl trop
superflcielle, que nous a paru comporler la rapide cl
brillanle improvisalion de noire savant confrere.
Le Iravail de M. Thouvenel est renvoye au comity
de rt^daclion.
M. Boreau prend ensuile la parole.
Un manuscril aulographe de Merlet la Boulaie , rd-
cemmenl Irouve enlre les mains d'un brocanleur de
noire ville, fournit au savant professeur le sujel d'ime
notice, dans laquelle, apres avoir apprecie avec la
rare imparlialild qui preside a lous ses Iravaux de cri-
tique bolanique les connaissances el la valeur scienli-
fique de Merlet, il met en relief les principales indi-
cations de planles relatives a la flore angevine qui se
Irouvent consignees dans ce catalogue raisonnd du
Jardin Bolanique d'Angers , qu'il suppose avoir eld re-
digd vers 1789. Plusieurs de ces indications soul intd-
ressanles el paraissenl etre la source de celles que la
Iradilion a conservees jusqu'a nos jours. Ce Iravail four-
nil une nouvelle i)age a I'hisloire de la Bolanique en
Anjou donl M. Boreau avail sufaire un tableau si ins-
Iruclif el si allachant dans le Mdmoire par lui publid
il 3^ a quelques annees, et ce n'est pas sans raisons
qu'il a dft se feliciter de pouvoir allacher ce nouveau
fleuron a la couronne bolanique de Merlet; nulle main
n'dtait plus digne de lui donner toule sa valeur.
La Socidtd renvoie celle notice au comild de rddac-
tion.
M. le conseiller Turquel commence la lecture de
167
son important travail snr la magistradire fran^aiso ,
dgalemcnt plein d(! fails, de ponsdes 6Iev('os ot g&{\6-
reuses, do nobles senlinienls heiircusenient el energi-
quenient exprini(5s. Son (itendue oblige d'en conli-
nuer la lecture a une prochainc seance ou 11 en sera
rendu compte.
Les lectures ainsi lermin(''es, le secr(5laire-g(^neral
prond la parole jjour ra[)p('!erh rassemble(> que, d'apres
I'art. 5 de son reglement, la Sociele a admis Texislence
de presidents bonoraires, el qu'il parailrail convena-
ble, a cette seance qui suit cclle ou elle s'esl defini-
tivemenl organis^e, de proceder a leur election.
L'assemblee accueille celte proposition avec les
marques d'une vive syinpatbie, et, refusanl de pro-
cdiier par la voio du scrulin, elle proclanie ses presi-
dents bonoraires :
JI. Vallelon, premier president de la Courimperiale;
M. Vallon , prefel de Maine el Loire,
Mgr Angebaull, evdque d' Angers;
M. Duboys , maire d'Angers;
M. Mourier, recleur de TAcad^mie de Rennes.
Le bureau consulle Tassemblde sur la fixation des
assemblees ge^'n6rales. On ddcide qu'eiles auronl lieu,
sans eocception, le qualrionie mercredi de chaque niois.
Les sections fixent leurs assemblies parliculieres.
Le Secretaire-general , T.-C. Beraud.
168
SEANCE DU 27 MAI 1857.
Presidcnce de M. Planchenault.
I.c secr6laire-gdndral donno lecture du proces-
verbal de la derni6re stance; il est adopld.
11 donne ensiiite communicalion des r(5ponses
adressees par M. Vallelon , premier pr(^sidont de la
Cour iniperiaIe,M8rl'^veque d'Aiigers, M. Er. Diiboys,
maire, el M. Mourier, recleur de I'Academie de Reiines,
lesquels acceplenl avec emi)ressemenl le lilrc de pre-
sident honoraire qui leur a ele confdr(3 par la Sociele.
L'assenibl(5e est vivement impressioniiL^e par les
ternies chaleureux et sympathiques dans lesquels
son! con^ues ccs flalleuses adhesions. Ello se monire
henreuse de ce que I'esprit de conciliation et de pro-
gres dans liquet elle s'est fond(5e, ait et(5 si bien corn-
pris et apprecid par les honimes ^minents dont elle a
cru pouvoir invoqiier le patronage , et y vent troiiver
un motif d'esp(^rer qu'arrivera prochainemenl le mo-
ment oil toutes les forces iniellecluelles du pays vien-
dronl se concentrer dans une vaste unite , oil s'elein-
dra lout autre rivalitdque celle de donncr aux etudes
locales leur plus large expansion.
La Societd ddcide que les originaux de ces letlres
prendront place dans ses archives et qu'elles seront
en ouire Iranscrites in extenso a la suite du pr(5sent
proces-verbal.
M. le docleur Mirault, membre litulaire, fait bom-
mage d'un memoire sur la suture enlrecoupee subs-
litude a la suture enlortillde dans le trailement du bee
169
do lievre unilateral soil simple, soil accompagiK^ de
bifidilo dcs OS niaxillaires. 11 tail voir comiiienl, jus-
tenicMil prcoccupe dos accidents ct des insiicces noni-
brcux de I'ancien mode d'op6rer par la suture entor-
tillde, lors m6me qu'on y employait des epingles fle-
xibk'S, it fulconduit a appliquer la suture cntrecoupee
a quatre points seulemenl. II on fit le premier essai
en 1853, a I'Holel-Dieu d'Angors, sur nn adiilte de
vingt-sepl ans et parvinl a une restauration complete
dos parties, obtenue en moins de huit jours. II donno
(^galement les details de cinq aulres op(5rations choi-
sies parmi beaucoup d'autres dont trois concernent
des enfants de quatre a buit mois, et donl deux otaienl
compliquees do division dcs os niaxillaires el du voile
du palais. Une modification importante par lui intro-
duile dans le procodo do r(^seclion du lobe median do
la levro a permis a I'ingonieux praticien d'arriver a la
restauration la plus complele de la forme normale de
la partie oporee.
La Society vote des remercimenis a M. le docteur
Mirault et exprime le ddsir et Tespoir que cetle com-
munication soil suivie de celle de ses importanles pu-
blications sur divers sujots do modecine el de chirur-
gie. Los membros qui s'inleressonl an progros dos
sciences et a la renonnnee de coux qui les cultivent
dans notre pays , n'ont pas oublio les beaux Iravaux
publics par ce savant anatomiste , sur la ligature de
Tarlere iliaque externe ; sur celle de I'artere linguale
entrc la grande corne de I'os hyoide et la parotide ex-
torno; la ligature sous-mental(! de la langue dans un
cas do cancer profond do eel organe suivi doguorison,
etc. , etc. La Society sera beureuse d'ouvrir sabiblio-
170
Iheque ade pareils Iravaux qui conlribuenl a jusUner
de plus en plus la place dlevee qu'occupe dans I'es-
lime dcs hommes de I'arl le savoir, Thabilel^ pra-
tique el la hardicsse prudenle de celle chirurgie an-
gevine dont M. Miraull conlinue en sa personne Tun
des noms les plus juslement celebres.
M. le doclenr Guepin de Nanles , correspondant de
la Socidl6, lui adresse un memoire sur les eaux \mn6-
ralisdes. L'auleur y a trails sommairement des forces
organiques el des forces medical rices ainsi que des
ph(5nomenes chimiques qui s'accomplissent dans les
actes de la vie animale. 11 insisle sur les avanlages
que la medecine peut Irouver dans les eaux minera-
lisees pour transporter immedialement dans Tecono-
mie animale les agents chimiques deslinc^s a reagir
sur I'organisme pour ramener ses foncUons a I'elal
normal. II indique un moyen simple el facile de fa-
briquer ces eaux en telle pelile quanlile qu'on le veut,
et nt^anmoins avec un dosage d'une exaclilude ma-
Ihemalique. II compare par le controle d'expdriences
direcles les resullals oblenus par Tancien mode de
medicalion et par la voie aqueuse. II Irouve dans ce-
lui-ci plus de cerlilude, d'aclivile, et une economic
notable pour le Irailement du pauvre.
Apres avoir donn6 1 'analyse de loutes les eaux mi-
nt^rales naturelles de France les plus renommees , il
fait voir que la cliimie peut ajouter a leur energie
soil par des modificalions dans la proporlion de leurs
(Elements, soil par I'addilion d'elemenls nouveaux. 11
traite ensuile des diverses substances qui concou-
rent a leur composition et de Taction medicatrice
propre a chacune, et est ainsi conduit a divisor les
171
eaux min<5rales en sept groiipos dont il donno les
forninles en indiquanl les applications qu'il a I'ailes
avec succes dans sa clinique a diverses categories de
maladies.
Ce memoire aaquel on ne pent reproclier que de
n'avoir pas laisse a son aulenr dans le cadre oil il s'c^-
lail renferme assez de place pour developper davan-
tage la parliephilosophique de seslheoricis niedicales,
est de nature a exciter fortenient I'intc^ret dcs amis de
riiumanile et a prendre dans la bibliolheque de la So
cM[6 la place qui lui est due. Des remerciements se-
ront Iransmis a I'auteur auquel la Societe adressera
ses publications en execnlion de Tart 31 du reglenienl
porlanl que : « les publications ponrronl elre adres-
» sdes sans retribution aux membres correspondanls
B quicommuniqueronl des travauxd'une importance
» reconnue.... »
L'ordre du jour appelle la continuation de la lec-
ture du travail sur la magistrature frangaise par M. le
conseiller Turqucl.
L'auteur y retrace rapidement I'hisloire de la ma-
gistrature ancienne et fait voir que I'institution ac-
luelle ne pent etre a aucun point de vue consideree
comme sa continualrice et son heriliere. Son role est
desormais en efFel de demeurer depouillee de lout
caraelere politique et de se renfermer dans une elroite
et intelligente application de la loi, laquelle so fail en
dehors el au-dessus d'elle. Elle n'est que son organe
independant et impartial , devant avant tout la res-
pecter et quelles que soient les variations que vienne
a subir la forme gouvernemenlaiej la toi apparlcMianI
a la nation elle-meme pour laquelle el par laquelle ,
172
pour cela m^me qu'elle existe , elle est toujours cens^e
avoir 6td faile.
L'auleur fait voir comment et avec quels eldmenls
fut fondee la magislralure sous le premier Empire :
combien eel edifice iul assis sur des bases jusles et
ralionnelles, par consequent durables, et grace aux-
quelles il a pu impunement traverser les plus mau-
vais jours. II la monlre constannnent animee, a
loules les peripc^lies du long drame de I'ljisloire con-
lemporaine, d'une enliere indt^pendance dans I'appli-
calion des lois, comme d'une rcspectueuse dL'ference
pour loules les inslilulions poliliques acceplees par
la nation , mais r(^sislant dans I'accomplissemenl de
ses devoirs comme dispensalrlce de la justice, a tous
les entrainemenls de si haul ou de si bas qu'ils vins-
sent. 11 la monlre enfln dans les plus rudes epreuves
qu'elle ait du avoir a subir , ne desesperant jamais de
la loi et osant toujours Tinvoquer dans I'inlc^ret de
I'ordre et pour la protection des honneles gens , sans
s'enquerir s'ils furent pour Bourgogne ou pour Ar-
magnac.
Ce long travail, remarquable a plus d'un litre, est
renvoye a I'examen de la section des lellres.
M. le secr(5laire-g(3n(5ral Beraud eslappel6 a lire un
m(5moire qui conlienl I'expose de ses recherches sur
les causes accidenlelles de la mortality des arbres
dans les promenades publiques , et sur les moyens
rationnels et pratiques de la comballre.
II examine d'abord la part qui a ele altribu(^'e dans
celte sorle d'epidemie vtig^tale au gaz et au scolyte
deslrucleur.
Quant au gaz , il 6tablit , par de nombreuses cita-
173
tions, que bicn avanl qii'il fiU venu pnmdre posses-
sion du sol de nos villos , le depdrisscinenl des ormes
6lait parlout signale dans les publications dos so-
ci^les savantes, et qu'en aduieltaul que son absorp-
tion dans la terre piit 6tre fatale aux arbres, du moins
son action d61(^tere reslerail-elle circonscrile au voi-
sinage des fuites, tandis que I'on voit succomber in-
diff^remment ceux qui sont eloignes aussi bien que
ceux qui sont voisins du tuyau d(! conduite.
Quant aux scolyles et aulres insectes xylopbages ,
6tant destin(!'s sous leurs divers 6tats (larves et inseclcs
parfaits), a respirer I'air en nature, privds qu'ils sont
d'un appareil branchial , il est evident qu'ils seraienl
asphyxi(!'S dans un milieu liquide : il faut done pour
qu'ils puissent vivre dessous et dedans les decrees
que I'arbre soil d(!'ja dans un cHat de ddp^rissement
avanc6 et qui affaiblisse la production de la seve.
II rc^sulle, eneffcl, d'observations directes, dont
I'auleur donne les details, que les choses ont lieu
ainsi et que I'apparilion du scolyte , loin d'etre d(^ter-
niinante, n'esl v^rilableuient que consecutive de I'etat
morbide,
II signale a celte occasion la difference des niceurs
ct par suite du mode de d(5gats particuliers a difK-
renles espfeces de scolyles, dont 11 en estquiattaquent
exclusivement certaines essences foreslieres, et il est
ainsi conduit a des considerations philosopliiques d'un
ordre plus 61evd sur le role que la nature leur a d6
parti dans la reaction perpcHuclle des 6tres organisi^s
les uns sur les autres qui conduit a r«5quilibre g6-
^n6ral, etc.
II conclut qu'il faut chercher aillours les causes
12
474
premieres du di^peuplcment des promenades publi
ques, etil en signale de nombreuses et de nmlliples
qui loules concoureiil a un menie r^'sullat, a savoir :
un dessMiement excessif du sol qui ne permel plus
aux racines d'y puiser I'eau indispensable a loule \6-
gelalion, et vehicule oblige des qualre corps simples
qui enlrenl comme elements principmx (pour les
95[000) dans la composition des plantes cotyledondes.
Quant au moyen de reviviflcr les arbres atlaquds ,
la nature meme du mat lindique, el des expc^riences
failos dans d'aulres villes prouvent la facilile et \\k:o-
nomicde son application. L'auleurcite pourexemple
ce qui se fait a Marseille, a Bordeaux, etc., el dt^cril
les deux modes d'arrosemenl par des rigoles ouvertes
el des drains souterrains.
II t(.ruiine en disculant le mode de traitement re-
cemmenl adoplt^ a Paris pour les orrnes altaques du
scolyle, et d^inontre son inetricacit(5 probable , si Ton
ne change pas I'hygiene du malade.
L'assernbk'e renvoiece m^moire au comite de redac-
tion, et, sur la proposition d'un de ses membres, de-
cide en outre qu aussitol Timpression lerniin(5e, il en
sera adressi^ un exemplaire a radministralioa muni-
cipale connne Iraitanl une question d'une actualile
incontestable.
M le doclcur Dumonl lit ensuite une ^tude litt«^-
raire sur Gilles Menage, considert^ comme poete.
11 d^bule par quelques rt^flexions sur les causes qui
font accueillir avec une certaiue indifference et aussi
avec une certaiue defiance d'appr^cialion, les ceuvres
poetiques en g6ueral , el met en parallele la facilile
que la soiiplesse acquise par la langue offre mainle-
175
nant pour la facliire dii vers avec los difficulles de
loules sorles que le poele devail renconlrer dans la
langiie au lemps oil vivail Menage. S'il etil vdou a
noire dpoque , an lieu d'avoir 616 ecli[)S(^ dans la p(5-
nombre des illustrations du grand siecle, son talent
eilt sans doute jet(i un vif dclat parnii nos c(51dbril(5s
conlemporainp'-.
Doue d'une m(!'moire prodigieuse , d'une vaste et
profonde erudition, eminent jurisconsulte, grammai-
rien faisant aulorile; ajoutanl a ces qualiles serieuses
une amenite et un allicisnie qui ont dmerveille ses
conteniporains, iM(5nagene serait pas encore suftisam-
ment connu et apprecit5, si Ton ne voyait en lui : un
poele fran^tm reste seuleinent au-dessous des nieil-
leurs (?crivains; un poele italien, adopld et admire par
les Ilaliens eux-memes ; un poele latin, rivalisant
avec les modernes qui out le mieux c^cril dans celte
langue; un poele grec, manianl avec une facilil(5 et
une grace tout antiques Tidiome d'Anacreon...
M. le docteur Dumonl s'altache a faire connailre les
litres qui recommandenl le poele dans chacune de
ces quatre langues, discule leur merile el cite un cer-
tain nomhre de passages saillants propres a jusiifier
ses appreciations. II parait resulterde ce travail d'ex-
ploration el de critique que Menage avail loules les
qualiles qui foul les poeles en taut qu'c'crivains , el
que ce qui lui manquail,c'etail a certain degre I'ima-
giualion , rinvention , le feu sacre , ce mens divinior
enfin, donl Horace fail Taltribut du vrai poele. On ue
pent done s'elonner que ce soil prc^cisemenl dans
noire langue, alors si rebelle el oil d'ailleurs la poesie
vit plus par la pensee que par la forme , que Menage
176
so soil olevci le moinsliaul dans le chainp de la po(!'sic.
Dans la langiie lalinc, nonrri dcs rcnfance de la
lecluro des grands ocrivains poetes el prosaleurs ,
doud d'unc merveilleuse mdnioire qui en conservait
dans lenrs formes nalives lousles fragmentsprecienx,
Virgile qu'il savail tout enlier , falsaient que pour Ini
les nial(iriaux elaienl si abondanls ct si bion prels
pour la mise en oeuvre , que Ton ne peul s'etonner
qu'il les ail employes avec aulant de succes qu'aucun
nioderne. Aussi M. le docleur Dumonl n'hesite-l-il
pas, pp. faisant ressorlir le caraclere special de leurs
lalenis divers, a le comparer au pore Larue, a Rapin,
Sanleuil, elc.
II en (^lait de meme de la langue d'Homere, qui du
reste , au dire des anciens eux-memos , presentait
moins d'obslacles au genie poelique que le lalin : M(5-
nage y a excelid en lant que moderno. On a de lui un
Ires grand noiubre d'epigrammes etde po(5sies legeres,
donl une elegie sur la mort d'Adonis de deux cenls
vers, que M. Dumonl n'hdsile pas a comparer pour la
grace, Tadresse a manier les pelils vers, la rapidile el
r61(^gance, a Tidylle cdlebre de Mme Deshoulieres.
Mais c'esl surtoul dans la poesie italienne que Te-
tonnanle facull(5 qu'avail Menage a s'assimiler uno
immensil(3 d'expressions, son aplilude a developper
I'idee, a polir la phrase, a soigner la forme enfin , le
servil admirablemenl et le fil enlrer comme de plain-
pied dans le sancluaire podlique de cette langue, si
I'on peul ainsi dire. Ecrivant Tilalien dans le plus pur
idiome loscan, rAcademie de la Crusca linl a hon-
neur de se I'allacher el de manifesler son admiralion
pour ses ouvrages qui prirenl des lors parmi les clas-
177
siques italiens une place qui ne leiir a pas 616 coii-
les[6e depuis.
Tel est le nouvel aspect sous lequel M. lo docteur
Dumont a voulu faire poser devant nous la figure ,
qui nous (itail arrivee plus austere que gracieuse , de
Gillcs Menage , en faisant observer qu'un travail ana-
logue pourrait eire enlrepris sur plusieurs coles non
nioins brillanls de cet esprit si multiple.
L'assemblde , qui a ecoule cette lecture avec un
inldret et une attention soutenus, decide son renvoi
au comile de redaction , et exprime le desir que
M. le docteur Dumont complete ces etudes biogra-
pliiques sur Tune des vieilles illustrations lilt(5raires
de noire Anjou.
L'ordre du jour etanl epuise, la seance est lev(5e.
Le secrelairc-ijeneralj T.-C. Beraud.
SEANCE DU '24 JUIN 1857.
PresUlence de M. Planchenadlt.
Le fauteuil est occup6 , en I'absence de M. le comte
de Las Cases, prdsidenl titulaire , par M. le priisidenl
Planchenault, directeur de la SocitH6 academique. Lcs
autres niembres du bureau sont prdsenls.
Le proces-verbal de la dorniere seance g(5n(^ralo est
In par le secretaire-general el adoph^.
Lecture est dgalemenl donnee du proc6s-verbal de
178
la stance de mai , da Comilt^ de redaction et d'adnii-
nistralion.
Parnii les documents prc^sentes par la correspon-
danco, on dislingiie parliculierement unc lellrc de la
Sociele d'enmlalion de Lons-le-Saulnier, qui annonce
renvoi immedialde la collection complete de ses iMe-
moires, et celle de la Societd impcidalc de Saiul-
Elienne oil se trouve celte phrase : « La So('i(''le de la
» Loire sera heureuse d'cHablir el d'enlrelcnir avec
» celle de Maine-et-Loire les meillenres el les plus
» ^Iroiles relations, el j'ai I'honneur d'etre pres de
» vous I'interprele de la satisfaction qu'elle a eprou-
» v6e en voyanl se propager une pens^e qu'elle a elle-
» meme realisee par une utile fusion »
Le secretaire- general communique une lellre de
M. le recteur de rAcademie de Rennes qui, an nom
de M. le minislre de Tinslruction publique, Iransmei
a la Society la pr(:'cieuse assurance de la vive sympa-
Ihie que la creation de la Society a Irouveo pres de lui,
el une invitation pressantc d'adresser a Son Exc. non
seulemenl le Recueil de ses memoires , mais encore
les travaux parliculiers de ses membres.
II sera r(5pondu a une Icltre si flatleuse pour la So-
ciele qui en est I'objet, par M. le secretaire general,
charge en cetle occasion d'etre rinlerprele de sa gra-
titude, lanl vis-a-vis de Son Exc. le minislre de I'ins-
truclion publique, qu'aupres de M. le recleur de I'A-
cadeniie de Rennes.
Le secr(^laire general annonce ensuile les adhesions
de M le docleur Gazeau el de M. Langle , redacteur
du journal liltdraire V Album, el M. le pr(5sidenl les
proclame imm^dialemcnl membres titulaires.
179
Le pr(5sident pri^senle ensiiilc a I'assemblte utie
pholographie ex(5cnl('?e par M. Berlhaud, artiste do
noire ville, connii pardeslravaux rcmarquablcs.plio-
logra|)liie dont il est fait hommage a la Socic^td, par
M. Jiilion Roux, statuaire, dleve de I'Ecole miinici-
pale des beaux-arts d'Angers. Elie reproduit un Saint-
Sebastien en plalre, plus grand que nature, oeuvre de
ce jeune artiste, qui annonce a la fois des etudes avan-
cdes en analoniie et une intelligence deja tres d^ve-
loppee des principes et des pratiques de Tart. L'on
pent remarquer dans cette composition I'absence de
ces effets violents, de ces nieiubres conlournes par la
souffrance, decelleruusculalure tournienlee el quasi
rocailleuse auxquels se sont gdneralenient laisse ten-
ter les artistes peinlres et sculpleurs qui ont eu a trai-
ler le meme sujet. Noire jeune statuaire, au contraire,
a cherche dans une plus haute spirilualisalion du su-
jet a ^leindre en quelque sorte le sentiment de la
douleur physique dans rexaltalion du sentiment reli-
gieux, ce qui lui a permis des details anatomiques
plus calmeset qui par cons(5quent pouvaient compor-
ler aussi plus de d^licalesse et de linesse dans le mo-
dele. Les draperies sont simples, harmonieuses, sa-
vamment cassees pour laisser lire les contours sans
affectation, el commc il convienl de les trailer de la
part de I'c^lcve d'uu(! Ecole qui pent se nourrir de la
contemplation des plus purs modeles de David, en
meme temps qu'elle entend chaque jour ddvelopper
les vrais principes de I'arl par son habile et (Eloquent
professeur.
Des remerciements sont voles a M. Julien Roux,
dont la pholographie sera plus lard exposee dans la
180
salle dos stances. La Socidl6 lui decerne le litre do
membre corrospondanl.
Le secr^taire-g(5neral rend comptc d'nn mdmoire
sur la colorisation des corps dont il esl fait liommago
par M. Landois, chimiste laureat, membre de I'Acadc^-
mie imp^riale, etc., etc.
La physique avail des longtemps enseigne que la
variele de coloration des corps provenait de la faciille
inlierenle a chacun de d(iComposer la lumiere pour ne
reflechir que cerlains de ses rayons. D'oii provenait
celle faculty? Elail-elle due a une action chimique
des corps encore inapprdci^e sur la lumiere am-
tiante ? a une forme speciale de leurs molecules inl^-
granles? a un sysleme special d'agregalion des mole-
cules? La finissait rexperimentationel commengaienl
les hypotheses.
C'est une solution a ces problemes que M. Landois
aurait trouv^e dans la d(5couverte d'un corps unique,
universellement r(5pandu et ayaut pour propri^le, se-
lon son inlcnsite ou son «5paisseur, de rendre les
corps aptes a reproduire les couleurs primitives, soil
dans leur puret6, soil dans toutes leurs combinaisons
possibles. Get agent universel , c"esl Vhydrogene
iodure.
Les r^sullats constatds par M. Landois peuvent se
rc^sumer le plus brievement possible, ainsi que suit :
Existence d'un principe colorant commun a tous
les corps a TtHat Aliydrogene iodure;
La coloration d'un corps rc^sulte du degr6 d'epais-
seur du principe colorant existant a la surface des
molecules ;
Les couleurs primitives suivenl, pour se produire,
181
une loi d'ordro invariable. La piemiore concho ost
jaune, mais lollciiienlclairc, qu'olleesl plus ou nioins
iiiappn'ciable a Tceil , cl conslilue dans col (ilat les
corps blancs; la deuxieme, appliqiu'C sur cellc-ci,
donne \e jaune oran<jc; la troisieme supcrposc'jc lei'jo-
let, la qualrieme lo bleu; puis vienncnl Viiidifjo, lo
jaune d'or, le roiuje el le verl.... Arriv*^ a celle hui-
tieme couche, il so produil un ofFol singulier : ohaquo
couche nouvellc rappelanl allernalivomenl le rouge
el le vert, mais do plus en plus inlenses, au poinl do
no pouvoir plus elre dislinguds Tun do I'aulre.
Le caloiique, roleclricitci, peuvent modifier les cou-
lenrs sans les produire.
L'auleur indiquc les opi^ralions eieclro-chimiques
qui I'onl conduil a faire ces observations, confirmees
par des exp(5rionces direcles qu'il dt^cril. — Une r6,-
flexion se presenle nalurellemenl : c'esl que dans ce
systeme le blanc el le noiVj au lieu d'elre le r^sullat
de la reflexion ou do I'absorplion inl^grale de la lu-
miere, no scraient quo les ternies exlremes de la
gamme dos tons, Torigine et la fin d'un menie ordre
de phtniomenes , ce qui semblerail salisfaire davan-
lage la raison el expliquorail mioux peul-elre aussi
pourquoi ils n'onl pas une valeur loujours egale el
absolue.
L'assembl(5e ddcide qu'nn exlrail do I'exposo fail
par le secr^laire-gdneral , des fails conlenns dans ce
m(5moire, prendra place dans lo proces-vorbal, el que
des remerciomenls seront adresses a Tauteur auquel
olle defere le litre de corrospondanl.
Lo secr(!'lairo-g(^n(^raI annonco quo la Socielci a rogii
un questionnaire relalif a ronquele ouvorle par la
182
Soci6t6 d'accliinatation sur la culture de Vignmne
el du m sec de Chine. La cullure de Tigname qui
forme la base de la nourrilure des Polynesiens el qui
s'esl propagee daus rindo-Chiue el en Amerique, lie
parail pas devoir olfrir plus de difficulties que celle
du melon dans Ics lerres legeres de la vallde de Loire.
II en est de meme du riz sec de Chine , ainsi nomnidi
parce qu'il ne deniande pas a vegeter dans les lerres
inonddes comme le riz ordinaire.
Les membres litulaires el loules personnes (5lran-
geres a la Socidle. qui auraient recueilli quelques ob-
servations sur Tune ou Faulre cullure, soul inviles a
les transmetlre au secretariat qui les consignera sous
forme de reponse dans le questionnaire, en conser-
vant a chacun le merile de ses renseignements.
M. Boreau communique a la Societ(!' une longue
lettre de M. le docteur Sagol, chirurgien-major de la
marine de I'Etal qui habile la Guyanne depnis plu-
sieursann6es. Le savant docteur trace un tableau in-
l^ressanl de la riche vt^giitation de notrt' colonic el de
la progression numdrique des especes dans les di-
verses families des planles tropicales fori differente de
celle qui exisle dans les produclions vegelales d'Eu-
rope. Ainsi la, la famille preponderanlo c'est celle des
legumineuses dout il a observe 120 especes, landis
que les cotnposi'cs en comptent 28 seulemenl. II pre-
sente Tensemble des families en suivanl I'ordre de-
croissant de leur chiffre, il estime que sous im climal
de tempc'^ralure uniforme el sans hautes monlagnes,
la Guyanne prt^sente qualre fois plus d'especes pha-
nerogames qu'aucune region naturelle de la France.
La cullure des races alimentaires lui a fail decouvrir
183
cetle loi ciiriousc que chaquo continent ou pliitdl
chaqiie grande rc^'gion g(!'OgraphiqLic a sa colled ion
propre de races originaires. II a 6[6 ainsi conduit a
croire que rimmonse majorilc des races cullivdes , si
nombreuses qu'elles soient, sonl Tceuvre de la nature.
Conclusion remarqiiable! en ce que ces observations
failes a deux mille lieues de distance et sur un climat
si different, ont conduit M. Sagol aux nieuies conclu-
sions que celles qui out et6 (5mises par M. Jordan de
Lyon, el qui ont souleve tanl d'anathemes contre leur
auleur.
Cet interessanl travail est terming par des conside-
rations sur racclimalation esperee des vegetaux Iro-
picaux en Algdrie. Si Tony cullive le colon, le sesame,
les palates, c'est que ce ne sont pas, a proprement
parler, desplantes equaloriales. Aucune rivalite n'est
possible cnlre les produits de I'Algfirie avec son climat
de transition et ceux des colonies d'Am^rique avec
lenr climat extreme; telle est I'opinion de M. Sagot.
Cette lettre ou plutot cette notice interessante par
les fails ou par les di^ductions scienliflquos et prati-
ques, est renvoyc^e a la commission d'impression. Le
docteur Sagol est proclame membrecorrespondant.
M. le secr6laire-g6nt5ral presente ensuite une lisle
de Lepidopleres observes aux environs d'Angers dans
ces deux dernieres anni'es, par M. Guslave Toupiolle,
naluraliste, membre adjoint de la section des sciences
physiques et naturelles de la Soci(5te. II rappelle a
cette occasion que lorsque ce naluraliste commenga
ses rechercbes aulour de noire villc, on ne connais-
sail encore que bien imparfaitement cette classe din-
secles parliculi6reracnt dans les esp6ces nocturnes.
184
Le premier catalogue public par M. Toupiolle et qui
comprend ses decouvcrles jusqu'au20clecoinbrel855,
prcsenle 377 especes donl les lypes out ele acquis par
les solus du Maired'Augors ct figureul daus la collec-
lion du cabinet de la ville. M. Toupiolle vieul ajouler
a celte liste 94 especes nouvelles, total 481, donl la
presence est par lui constatee dans un rayon de 6 ki-
lomelres an plus de la ville el parnai lesquelles il en
est qui soul partout signalees comme rarissimes.
L'une d'elles, Larenlia fluviaria, n'avail nieme jamais
(H6 observ^e en France, et n'(5tait connue qu'en Si-
cile.
Le sccretaireg(5n(^ral fait observer que des fails ana-
logues se sont produits pour la botanique. Ainsi
M. Boreau a decouvert Ic premier pres d'Angers le
Myosolis siciila, claiine macropodium , etc., signales
seulement en Sicile.
Celte liste est renvoyde au comile d'impression, et
M. le secretaire est charge de remercier, au nom de la
Socidte, M. Toupiolle de cette communication, en Tin-
vitant a poursuivre des recherches si inleressantes
pour la faune locale.
M. Boreau lit ensuile une Notice sur les plantes re-
cueillies en Corse par M. R(5veliere, de Saumur, avec
des observations sur les especes litigieuses ou nou-
velles. Ces plantes out ete principalement observees
en 1854 dans la parlie septenlrionale de Tile el en
1856 dans la parlie opposee aux environs de Bonifa-
cio, les lies del Cavallo, Lavezzio, les parages granili-
ques de Porto-Vecchio. M. Boreau, chargdpar M. R6-
veliere de publler le rdsullat de ses herborisations ,
senible laisser esp6rer, pour I'epoque oil celui-ci aura
185
Icnnind son travail d'cxploralion , nn calalognc dc*-
taillc qui offrirail corlaiucmeiil beaucoup d'ink'rel
qiiand il ne fciail que couflriiicr les dc^couverlcs dt'ja
couslaldes par MM. Jordan, Kralik, Leveille, Kcquion,
etc. — MM. Grenier et Godron ayanl reuni presquo
lous ces documenis, M. Boreau croil pouvoir consi-
dercr commo nouvelles pour la Flore do Corse plus
de qualre-vingls especes, parmi lesquelles il en A6-
crit quatre entierement nouvelles. 11 donne la synony-
mie de plusieurs autros, des descriptions originaies
m6nie d'auteurs peu connus qui les ont les premiers
indiqudes, etc.
Ce travail , d'une haute valeur scientifique pour la
Flore frangaise insulaire,cstrenvoy(ia la commission
d'impression.
Enfin celte stance si remplie oil les sciences phy-
siques et nalurelles ont etd representees par des tra-
vaux vari(5s, nombreux et importants, par une heu-
reuse transition , s'est lerminde par la lecture d'une
piece de vers , Les Vertm el les Eloiles, de M. Planche-
nault, dont le succes a prouve que la potSie parloul
ailleurs, sinon bannie, du moins a peu pres delaissee,
est certaine an moins de Irouver ici un accueil sym-
palhique a ses accents el des esprits prepares pour la
suivre el I'apijlaudir dans ses inspirations.
[.e secretaire-general, T.C. BiiiuuD.
486
SEANCE DU 'i2 .lUILLET.
Presidence de M. Planchenadlt.
M. le president Planchenaull, dirGcleur-adminis-
traleur, rcmplace au fauteuil M. le comle de Las
Cases, president tilulaire, qui a fail parvenir ses ex-
cuses. Les autres nienibres du bureau sonl presents.
Fj'assenibl(^e, malgre I'epoque avanceede Tannee, est,
comme loujours, fort noiiibreuse,
La stance est ouverle par la lecture, que fait le se-
cretaire-gc^neral, du proces-verbal de la seance de
juin, qui est adopte.
II donne ^galement communication du proces-ver-
bal de la derniere seance mensuellede la commission
d'adminislralionet de r6daclion,ou sonl indiqu^s ceux
des m^moires renvoyes devant elle qui seront pro-
chainement imprimis.
La commission s'est occup^e de recbercher le jour
qui serail le plus convenable pour la tenue des
seances gen^rales , et a donn6 la preference au pre-
mier mercredi du mois. Elle propose d'admettre cetle
nouvelle fixation el de reporter ainsi la reprise des
travaux de la Soci6t6 au premier mercredi de no-
vembre procbain, |)Our continuer de mois en mois.
Un mcmbre fait observer, en effel, que le cboix
prc^CL^demment fait du qualrieme mercredi aurait eel
inconvenient parliculier pour le mois d'aout, que la
seance ne pourrait avoir lieu qu'au moment oil la
cloture des tUablissemenls publics et rouvorlure des
187
vacances oloignent de la ville la pliiparl des socid-
taires; que celle ann6e, par exomple, il y aurail itn-
possibilile d'occuper convonablemenl unc suanco qui
devrail loinbcr au 26 aoCil, Uuidis que, au 5 du nieme
inois, elle eill pu avoir lieu dans des coudilions aussi
faciles que salisfaisanles.
D'aiilres niouibres prennenl ensuile la parole, ct il
rcssort des observalions par eux (ichangdes qu'en te-
nant comple , tant des niemoires d^ja presenilis aux
Irois seances gthierales que de ceux donl la lecture
est de ce moment assuree pour les deux s(!'ances de
novembre el decembre, et en n(^gligeant lotalement
les comptes-rendus, revues diverses et aulres compi
lations qui prennent place dans les recueils d'aulres
SocicMes de province, la Sociele academique aura en
une demi-annde seulemenl produit plus de Iravaux
orUjinaux qu'aucune autre dans une annec entiere.
Or, Ton sail que si les travaux originaux ne pri-
son lent pas par eux-memes une base toujours cer-
taine pour determiner la valeur relative des Soci^lds
savanles, quant a la portee el a I'dlendue des
etudes, toujours est-il que Icur nombre est consider^,
a juste litre, comme le symplonie le plus caracteris-
tique (le la presence et de Tenergie d'un principe vital
au sein des corps savants. Tandis que , au conlraire,
leur absence, plus on moins complete , est gendralc-
mcnt regardee comme un indice d'inditTerence et
d'alonie, [)arfois memo de decadence passee a Tetat
chronique. Ces bonorables membres pensent done
que la Sociele^ academique a grandement h se fj^lici-
ler de la direction, ainsi que de Texpansion quonl
prises ses <iludes, qui, des ce moment, doivent lui as-
188
surer une place honorable au milieu de ses Amnios.
Gelle discussion lorminee, rassomblee d(5cido que
ses seances genorales auront lieu desorniais le pre-
mier mercredi du mois , sauf celle do renlrde qui est
flxc^e au second mercredi de novembre.
L'archiviste presenle a Tasserablee diverses publi-
calions adressees par Ics Socieles correspondantes.
On remarque dans le nombre plusieurs numeros de
la Revue des socieles savanles envoy^s par M. le mi-
nislre de Tinslruclion publique, avec invilalion s[)t5-
cialc de lui falre |)arvenir aussitot leur apparition los
m(?moires de la Sociele et les proces-vcrbaux men-
suels de ses stances. M. le ministre exprime en outre
le desir que MM. les membres de la SocicHe veuillent
bien lui faire parvenir tons les travaux scienliflques
el lilleiaircs publics par eux en dehors du recueil de
la Societe.
M. le docteur Hunaull d<^^pose sur le bureau, au
nom de M. David, ancien negociant a Cholet, un opus-
cule imprim6 sur un projet de hanque immubiliere dont
Tauteur fait hommage a la Societe. Des observations
quant aux principes financiers el economiqnes sur
lesquels repose ce projet qui parait d'ailleurs repro-
duire des id(}es d('ja plusieurs fois formulc^es, sonl
presentees avec autant d'thiergie el de lucidile que de
parfaite convenance par un des membres presents et,
sur I'avis par lui eniis, Tassemblee se borne aren-
voyer le memoire en question devant la section du
commerce et de I'industrie, laquelle prendra telle de-
termination a son ^gard qu'elle jugera convenable.
M. le docteur Hunaull s'excuse de ne pas prc^senter
a celle S(5ance les documents hisloriques portes a
189
I'ortlre dii jour. Mais il a crii qu'il lUait opporlun de
subsliluer a celle communication celle de quolques
observalions et considerations qu'il croit nouvelles on
peu connues sur I'invasion el le dt^veloppemcnl do la
maladie de la vigne, ainsi que surl'epreuve qu'il a faite
de quelqucs moyens curalifs reccmmenlindiques.
D'apres ce qu'il aurail observe , la maladie aurait
son si(^ge dans les organes floraux qui par suilo d'in-
fluences atmosph^riques se developperaienl imparfai-
ment, cequi occasiounerait une alteration des lissus
ct des fluides , toute locale d'abord , mais qui ensnite
envabirait de proche en procbe les aulres parties
tendres du vc^getal. Get etat primitif d'alteration de la
fleur se manifeslerait, selon M. Hunault , par un ^pa-
nouissomenl incomplet des p6tales, mais ne serait-ii
pas a craindre que I'observaleur ait t^te induil en er-
reur par le mode parliculier d'epanouissenient des
fleurs de la vigne, donl les pdtales , a I'inverse de ce
qui a lieu dans les autres plantes , restant soudds par
lour exlremite superieure et se detachant du calice
par leur base, forment, pour proteger les organes se-
xuels dans facte de la fecondalion , une espece de
coiffe frangee, ce qui a vaUi a ce genre d'inflores-
cence le nom de Corolla calyplrala. Quoi qu'il en soil
du mode d'apparilion el de la marcbe de la maladie,
M. Hunaull a pu constaler a differentes fois les b«is
effels des aspersions de soufre en poudre. Mais il s'al-
lacbcsurtout a faire connailre un remede n^cemment
indique par M. Tirol comme elaul superieur [)Our
Teiiergie a loul autre. C'est une solution aqueuse dans
iaquelle le soufre esl combine avec divers agents cbi-
miques. M. Hunault fail observer qu'il en a He obtenu
13
190
d'excollents resultats, soil par I'arrosage des fcuilles
et des fruits, soil par celui des racines.
La Sociel(i remercieM. le docleur Hunaull de celte
conimunicalion qu'elle a enlendue avec un extreme
inlerfit. EUe pense qu'il serait Ires imporlanl de s'as-
surer des effels que pourrail produire Tarrosement
des racines employed exclusivement, soil au moment
oil la vegetation commence , soit lorsqu'elle est d^j^
avancee et que la maladie a fait son apparition. Ce
serait sans doule un moyen d'arrivor a conslaler si ,
comme la Iheoriebotanique parait I'indiquer, les spo-
rules de Toidium ayant 616 ddposees par le vent et in-
troduites par les eaux dans le sol , y sont puisees par
les racines, et charriees par la seve qui les depose en-
suile dans les tissus verts du veg(5lal; ou si, comme
quelqucs-uns, ou plulot comme le plus grand noinbre
paraitrait I'admeltre, elles vont dans Icur dissemina-
tion a('iricnne, s'abatlre et s'implanler direclemenl sur
I'epiderme des parties niolles. Tant que Ton ne sera
pas eclair^ sur ces questions delicates, on ne fera ^vi-
demment que de Tempirisme dans la recherche des
moyens curatifsdela maladie quidesole nos vignobles.
Malgrt5 la saison deja avancee, la Sociel(5 croit done
devoir recommander aux vilicultcurs de faire des ex-
pd^riences, car it pourrail arriver que par un arrosage
aboudant des racines I'eau ainsi saturee de soufre, se
repandant dans loute r^conomie du vegetal , exer^al
une action salulaire conlre I'oidium en voie de deve-
loppement. Ce moyen serait d'ailleurs toujours pra-
licable pour soigner les vignes cultivees en treille.
M. Dulos, professeur de mc^canique a TEcoIe des
arts et metiers et a TEcoie supdrieure d'Angers, lit une
191
notice sur le regidaleur astronomique de M. Fleury
d' Angers. Le caraclero technique de ce travail, bien
que I'auleur ail su , selon son habitude , lui donner
une fornu' agreable el lucide pour tons les audileurs,
nc pourrail ccpendant comporler une analyse salis-
I'aisante. On doildonc se borner a signaler par ses re-
sultats t'oeuvre de M. Fleury. Cost ainsi que Ton fera
remarquer que son regidaleur indique sur des cadrans
ou segments de cadrans distincts, I'ann^e, le mois, la
semaine, le jour, I'heure , la minute el les secondes:
qu'un mode parliculier d'echappement donne toutes
les irr(^gularit(!^s des difft^rentes divisions du temps;
que dix cadrans differents donnent I'heure dans au-
tant de villts d'Europe et d'Afrique; que des cadrans
speciaux donnenl Fheure cxacle dn lever et du cou-
cher du solcil pour tons les jours de I'ann^e et sa
marche apparente; le temps vrai et le temps moyen:
qu'un moteur unique met tons ces systemes parlicu-
liers en monvement, etc., etc.
M. Thouvenel, secrc^taire de la section des letlres,
commence la lecture d'un rapport sur la grammaire
anglaise de M. Guzzi, professeur au Lycee et membre
de la Socielii academique , dans lequel it presonte
d'imporlantcsconsideralions sur le mc^canisme memo
de la langiie anglaise et sur la ndcessite de metire sa
m^lhode d'ensoignemenl en rappoit avec celle suivie
dans les colleges pour le latin el le franq-ais. II en est
en oRet un pen des lacultesde I'esprit comme des fa-
cultes physiques, elles trouvenl des avantagcs et une
grande facility dans rcmploi d'un inslrunienl unique.
M. Thouvenel n'ayant pu lire que la moitie de son tra-
vail, I'analyse n'en sera laite qu'apres son achevement.
492
L'ordre du jour annon^ait uric pi^ce de vers par
M. Langle, mais une absence inopin(5o le forc(^, au
grand regret de I'asseniblde , a retarder celte leclure.
L'ordre du jour se Irouvant ainsi epuise, la Society
ajourne sa st^ance de renlr^e au second mercredi de no-
vembre. Ellc donne d'ailleurs a la Commission d'adnii-
nislralion pleinspouvoirs pour la repr(5senler pendant
la suspension de ses travaux.
Le Secretaire- generaL T.-C. Beraud.
SEANCE DU 11 NOVEMBRE 1857.
Presidence de M. Planchenadlt.
M. le president Planchenault, directeur, remplit en
cette quality les fonctions de prc^sident et ouvre la
stance.
Le secrelaire-g^ndral lit successivement le proc6s-
verbal de la sdance de juillet qui est approuve, et ce-
lui du conseil d'administration et de r(^daclion du
menie mois.
II donne ensuite communication de la leltre par lui
(icrite a M. le prefet Vallon, au nom du conseil reprd-
sentanl la Soci6t(5 a I'occasion de sa nomination a la
prdfecture du Nord , et de la rdponse de M. Vallon qui
lemoigne de tout Tinleret qu'il n'a cessd d'accorder a
la Sociele et lui donne I'assurance qu'elle trouvera la
menie sympalhie et le ni^me appui pres de son suc-
cesseur dans la l^che genereuse qu'elle a entreprise.
193
La Iftllredo M. Vallon el celle du secr(5laire-gendral
prennonl place dans los archives.
Le secretaire-general, poursuivanllc ddpouillement
de la correspondance, indique les lilres des publica-
tions replies qu'il serail oiseux do reproduire et dont
il snffil de dire que le nornbre prouve que I'cBuvre de
fusion vers laquelle la Soci^le ne ccssera de diriger ses
voeux el ses efforls a rcnconlre de vives synipalhics
parmi ses eniules du dehors.
Au noinbre des ouvrages ainsi pri^senles se ren-
conlre un niemoire de M. le comle Jauberl, inliluid :
Etudes sur les Cours d'eau et Discours d' inauguration
de la Societe du Berry, dont M. Boreau est charge par
Taulcur de faire hommage en son noni a la Socield.
r^'asseuiblc^e decide que des rcrnerciemenls seront
adresses a M. le comic Jaubert, lui decerne le litre de
membre honoraire, el charge son president de Irans-
meltre cetle double dt^cision a M. le comle Jaubert.
Le secrcMaire-gdneral donne lecture d'un exlrail de
la deliberation du conseil municipal d'Augers du 3
juillet dernier, qui accorde a la Sociele academique,
pour tenirses seances et ses bureaux, plusieurs ap|)ar-
temenls silues dans I'aile droile des balimenls de
I'ancienne caserne du Pelil-Seniinaire, en face de I'E-
cole superieure, et desservis par un escalier parlicu-
lier ouvranl sur la cour commune. 11 fail connailre en
quel elal se trouvail cc local lors de la concession qui
en a 6te ainsi faite, el enlre dans le detail des Ira-
vaux de reparation el d'approprialion qui y onl (ile
fails.
La Sociele charge le president d'exprimer sa vive
gratitude a radminislralion municipale pour la con-
194
cession qu'elle a bieii vouhi faire a la Societe d'ua
local si convenable sous tous les rappoiis.
Le secretaire-general donne ensuile le chiffre exact
de chacun des articles des ddpenses extraordinaires,
lesquelles sont juslifi^cs paries memoires desouvricrs
et des fournisseurs. II presenle egalement le chiffre
des dispenses ordinaires puis celui des recelles ordi-
naires qui se composenl exclusivement du montant
des colisations des membres qui ont adhcire avanl la
fin de I'annde academique.
II annonce que I'actif se Irouve augments d'une
sonniie de 250 fr. qui a (5te donnee a la Socidle en sep-
teuibre dernier, par M. le comle de Las Cases, son
prt^sident, pour la metlre a meme, si elle le jugeait
convenable, de distribuer un prix sur un sujet quel-
conque, ou pour elre appliqude a lout autre objet. Or,
le conseil d'admiuistralion, avec rapprobation du do-
nateur, a dt^cide d'appliquer temporairement cette
somme aux depenses d'inslallation, et au moyen de
ce versement le budget de 1857 se soldera sans arridre
par un boni notable.
L'assemblee vote des remerciements a M. de Las
Cases, et charge le directeur de lui en transmetlre
I'expression.
Le socrelaire-gen6ral donne ensuite connaissance
d'une circulairo adressee, en execution d'une decision
prise dans la derniere seance du conseil d'administra-
tion, a quelques personnes que Ton pouvait supposer
avoir allendu la constitution definitive de la Socidtd
pours'associer a ses travaux.
Get appel a etd entendu et compris, el a peine quel-
^ques jours se sonl-ils ecoul^s que d^ja quinze adhe-
195
sions rioiiv(>llos so sonl prodnilos. Cc sont cellos de
MxM. Apporl, peinlred liisloir(';'B;»l('rean,ing(''nif'iir dcs
ponls-el-chaussc'cs; Antonio Bloiiin, banquier; Boii-
Iros, proprielairc; Glientiau, jugo; CI(''nienf, dirccleur
do renrogislrement; Flonry, liorlogor-mecaiiicien ;
Girard, conducteur principal des ponls-et-chaussees;
Gnerin, nolairo; Gnerin lils, avocat; Hanry, nc'-go-
cianl; Laroohe, ndgocianl; Meniere, pbarmacien;
Richou, conduclenr principal faisanl fonclions d'inge-
nieur ordinaire; Toulain fils, proprielaire.
D'apres nne decision anldrieure de la Society, ces
Messieurs comme Ions aulrcs membres qui vien-
draient ddsormais a adherer avant le i"^ janvicr 1858^
prennent le tilre de membres fondalonrs, ct vu V6-
poqnc avancee de bnir admission ne sont pas aslreinis
au paiement do la colisalion do la presenlc annexe.
M. Boreau demande alors la parole el prononce
quelques mots aussl sinc^res que bicn senlis sur la
pcrle que vienl d'eprouver la Societe par la morl prd-
maturee de M. Serene OUivier, pbarmacien de pre-
miere classe, niembre du conseil do salubrild, el qui
parlageail babilueliement avec notrc savant confrere
M. le docteur Daviers, les travaux d'analyse cbimique
dans les instructions criminolles.
A la stance du 27 mai dernier, la Soci(5le c^coutait,
avec celte sorle d'intcirel qui s'attacbe a une revela-
tion, M. le docleur Diunont mettant en relief el en
lumiere lun dos coles de I'espril de Menage, qui
semblail de nos jours s'efi'accr de plus en plus dans la
penombre que le temps projelle sur les ceuvres qui
ne restent pas au premier rang dans les productions
de I'espril. Pou depersounes, en etfet, connaissaienl
196
dans Menage le poete grec el lalin , el surloul celui
que rilalie, pour la purel6 de son idiome el la grace
de Texpression, place encore dans scs bibliolheques
toul a c6le de ses classiques nalionanx. Mais si Ma-
nage fut pour I'Anjou son illuslralion lilleraire au
xvii-^ siecle, Jean Bodin avail c^le sa gloire lilleraire et
philosopliique des le xvI^ Deux riches el puissanles
natures! deux hommes dou6s d'une L^rudilion (5gale-
menl vasle el profondeel d'une prodigieuse mt^nioire,
mais nes avec des lendances el dans des silualions
aussi diffLh-enles que les milieux politiques oil ils
eurcnl a se mouvoir. M. le presidenl Planchenaull en-
trei)rcnd, dans une sine d'eludes, de faire poser devanl
nous celle grande et imposanle figure de Jean Bodin,
el de nous monlrerce genie si complexe el si profond
sous loules ses formes; faisant successivemenl passer
sous nos yeux I'agreable causeur qu'Henri III admet-
lail danssa familiarity, el que recherchaienl alors les
hommes les plus dislingues de la cour, le savanl ami
du savanl anglais Barclay qu'il conquil a rUniversite
d'Angers, I'intimc du president de Thou el du chan-
celier de L'Hopital, ceseminenls repr(5senlanls du ca-
Iholicisme el de lareforme; le diplomale, conseiller,
etc., du due d'Alen^on; Teloqucnl el (^nergique de-
fenseur du tiers aux Elats de Blois ; le bon ciloyen qui
ne Ironva pas quo ce fCil payer Irop cher I'indf^pen-
dance de ses opinions, la libort(^ de sa parole el la cha-
leureuse dtH'ense des droits de la nation par le sacri-
fice de la faveur royale el de lout un avenir qui
s'ouvrail si radieux el si digne do lui; enfin , ce pen-
seur elev6 el puissanl qui preceda Grotius, el auquel
il fut donne d'oblenir le plus grand hommage que les
197
haules inlcHigencos rendenl parfois an g6nU\ en foiir-
nissanl, doux ceiils aiis plus lard, a Monlesquieu,
peiU-elro, ridee-merc de son plus capital ouvrage,
niais bl(!n cerlalnemenl du nioins une mullilndo de
fails, d'observalions, d'apei'QUS, de decisions el le sys-
teme lonl enlier des climals!
Bodin composa iin assez grand nombre d'ouvrages
imporlants qui se sonl lous plus ou moins ecli[)ses
derrierc I'oclal qu"a jele son livre de la Rrpublique,
inais auqucl il iniporle cependaul d'etre inilie pour
apprecier coniplelemenl retendnccl la [lorlee de celte
liaule intelligence. Plusieurs de ces onvragcs n'cxis-
tent pas a la Bibliotlieqne d'Angers, el M. Planche-
nanlt s'efForcera, dans une exploration relrospeclivc,
de nous lesfaire connailre. Aujounriiui, il lit le com-
niencenienl d'une premiere elude donl il sera rendu
comple apres son acbevemenl.
L'assemblee, qui a ecould avec une attenlion cons-
lante celte lecture, manifesle loul Tinlerel quexcile
un sujet qui se raltacbe, sous lant de cd[6s, a I'bisloire
locale, et qui loucbe a lout ce (ju il y a eu de plus ce-
lebre en bommes el en opinions duns les sciences
morales el (^conomiques , el dans la litlerature el la
pbilosopliie, au xvf siecle. Elle decide le renvoi de la
partie qui vienl d'etre lue devant le conseil de r(5dac-
lion.
M. le conseiller B(5raud presenlc a la Society le der-
nier discours prononee par lui, au norn de la Com-
mission municipale des beaux-arts, tors de la distri-
bution des prix a I'Ecole des beaux-arls; el, cddanl au
desir exprimi5 par plusieurs membres, il en donne
leclure. Le president, au noni de la Sociiite, le reiner
198
cie do la communicalion de ce document qui conslale
I'filat present des Eludes arlisliques dans noire ville,
retrace les principaux travaux de peinluro el de sculp-
ture recemment accomplis, el qui avail, cclle fois,
pris pour objet principal I'apprt^cialion , au point de
Yue architectural et piclural, du niagnifique hos[)ice
de Sainte-Marie, 6difi(5 par un Angevin, M. Moll, el
dont I'eglise, grftce a une inspiration gc^ndreuse de
M. Bodinier, a vu une parlie de ses murailles se cou-
vrir de peintures splendides, dues au pinceau de Irois
aulres Angevins, MM. Apperl, Dauban, Lenepvcu. La
publicile que le Journal de Maine-el- Loire a accordee
si gracieusemeut a ce discours quelques jours apres
qu'il fut prononce, celle non moins flalleuse que la
Socield acad(5mique lui accorde en ordonnant son
renvoi au comit6 de redaction, dispensent d'enrepro-
duire I'analyse.
Celle lecture avail une sorle d'a propos en ce qu'elle
est devenue comme une inlroduclion nalurelle a
I'audilion d'une piece de vers, inlilulee \e Songe du
Roi Rene, dans laquelle M. le pn^sident Planchenau't,
Iransporte par une ing(^Hiieuse fiction le bon roi dans
sou hermilage de la Fontaine des Vignes, pour I'y
faire se recueillir en s'isolant des plaisirs bruyants de
sa cour. Rene, dans ce calme des sens et de I'esprit, se
laisse alter aux douceurs d'un sommeil profond el
tranquille, el un r6ve le transporlant vers I'avenir, lui
fait voir le monument immense qui vient s'elevcr a
la voix de !a charit(5 publique. Le poele, dans son Ian-
gage liarmonieux el pilloresque, retrace toutes ces
merveilleuses cremations oil les arts sont veuus mellre
en commun leurs inspirations et leurs efforts.
499
L'assembl(5e qui applaiulil vivrnnent an mc^rite de
ce inorceau^crit en vers alexaiidrins, le renvoie de-
van I le coniile de redaclion.
L'ordre du jour (^tanl C'puisc^, la stance est levt^e
el la Sociele s'ajourne au premier mercredi de dd-
cenibre.
Le secretaire-general, T.-C. Beraud.
NECROLOGIE.
La Soci^le acad(^nnique a perdu deux de ses mem-
bros lilulairos en 1857.
M. Rousseau fils, de Sainf-Georges-des-sppl-Voies,
est mort cct (^le a MartignLVBrianl. Un couis d'histoire
qu'il professa il y a quelques annees a Angers , avail
^Iv fori apprecit^. II avail redige vine bisloire du Sainl-
Simonisme que I'on doil regreller qu'il n'ait pas pu-
blit^e.
M. Charles-Sth'(^n6 OUivier, n6 a Angers, est morl a
51 ans, lo7 seplembre dernier. Pharmacion distingue
de lEcoIe de Paris, il sii^gea longlemps dans le sein
du Conseil de salubril(5 el fnl choisi par la Justice,
avec M. le doeleur Daviers, pour les expertises dans
les affaires criminelles ; son caraclere honorable lui
avail concilici Teslime g6n(5rale.
ERRATA.
Corrections a la notice sur les plantes de Corse :
Page 83 : au lieu de Revelliere, lisez Reveliere.
Page So : au lieu de lUtnonculus Rerellieri , lisez Revelieri.
Page 88 : au lieu de Elatine macropoda , Guss. , lisez Elatine
campylosperma , Seub. E. macropoda, Bertol. non Guss.
Ajoutez :
Biinias macroplera , Reich. Bonifacio.
Antinoria insularis, Pari. Bonifacio, a la Trinite.
TABLE.
PIECES RELATIVES A LA FONDATION DE LA SOCIETE.
Pages.
Lettre circulaire 1
Reglement i 2
Coinpte-rendu des deux stances de Kvrier et mars 19
Expos^ par le Secretaire-general 21
Premiere lisle des fondateurs 36
Organisation des bureaux 4.1
MEMOIRES, NOTICES, etc.
Physiologie de la parole , M. Tiiouvenel 4.5
Recherches sur la niorlalile des arbres des promenades pu-
bliques, etc, par M. Beraud 57
Notice sur un ouvrage botanique inedit de Merlet la Boulaie,
par M . RoiiEAU 70
Extrait d'unc lettre adresst^e a M. Boreau par Ic d'' Sagot,
chirnrgien a la Cnyane 79
Notice snr les phnites rccueiilies en Corse par M. Reveli^re,
avec des observations, par M. Boueau 83
Liste de L^pidoptcres observes aux environs d'Angers de
1855 h 1857, par M. Toupiolle 93
204
Pages.
R^gulafeur astronomique (notice sur le , de M. Fleury
d'Angers, par M. Dulos , . . 101
Gilles Manage consid(5re coinme poete , par M. le docteur
DUMOiST 10()
Discours prononc^ a I'ecole des Beaux-arts par M. Beraud. 139
Songe du roi Rene, po^sie, par M. Planchenault 157
PROCES-VERBAUX.
Stances d'avril, mai, juin, juillet et noverabre 163
Necrologie 200
Errata 201
Angers. Imp. (Josiiier el Lacliesc
^^-
OBSERVATION.
La Soci(5t5 Academique de Maine et Loire elabore en ce moment de
nombreux travaux se rattachant a THistoire, k la Litt^rature, a Tln-
dustrie des ardoisieres, a la Toxicologie et aux diverses branches des
sciences naturelles. D'importants Memoires sur la Botanique , notam-
ment une Revue monographique des Ruhiis de I'Ouest, seront succes-
siveraent presentes par MM. Boreau, Genevier, de La Perraudiere, etc.
Les Memoires de la Societe Academique offriront done, soit par la na-
ture des travaux publics, soit par leur variete, un int^ret justifi^
d'avance par les counaissances speciales et par la position qu'occupent
dans les Icttres, les sciences, ou I'enseignement, le plus grand nombre
de ses membres.
La Societe Academique offre Techange de ses Memoires centre les
publications des divers corps savants auxquels elle adresse ce volume
et qui sent pri^s d'envoyer leurs publications s'ils desirent recevoir la
suite de ces Memoires.
Le siege de la Societe est rue Courte , n" 7, a Angers.
V^?A'^.'
m
M